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Décès de Pierre Dubois : une vie pour les pauvres du Chili

Lundi, 1er octobre 2012, 15h30. La cathédrale de Santiago est déjà pleine. Plusieurs camions de policiers ont été déployés. Toutes les chaînes de télévisions et de radios nationales se pressent sur le parvis. 120 prêtres et trois évêques sont présents. Même l’ambassadeur de France est au rendez-vous. Dans quelques instants la procession funéraire du Père Pierre Dubois va entrer.

Une multitude de paroissiens, d’amis et de sympathisants sont partis à midi de la commune populaire de La Victoria située à plus de 15 kilomètres du centre, pour accompagner celui dont on répète qu’il fut « la Bonne Nouvelle annoncée aux pauvres »[1].


© CC BY-NC-SA reporteos

Mais qui est ce prêtre dont le décès est un évènement national ?

Ordonné en 1955 à Dijon, le père Pierre Dubois arrive à Santiago en 1963. Curé d’une paroisse très pauvre, son engagement total auprès des siens lui vaudra la reconnaissance de tous. Une personne témoigne : « Moi je suis athée, mais je lui dis Père Pierre car il fut un père pour moi ». En 1984, au cours d’une intervention violente de la police dans son quartier, il n’hésite pas. Il se revêt de son étole et s’interpose les bras en croix en criant : « Ne les tuez pas, tirez plutôt sur moi ! ». Cet événement marquera les consciences.

Quelques mois plus tard, son collaborateur, le père André Jarlan, reçoit une balle perdue dans sa propre maison alors qu’il était en train de prier. Aux tensions qu’un tel événement ne manque pas de susciter, Pierre Dubois oppose une fois de plus la non-violence. Il réussit à empêcher que le commissariat local soit brûlé. Malgré tout, en 1986, il sera expulsé du pays.

Mais le prêtre français se considère comme un « exilé ». En 1990, il demande son retour auprès de ceux auxquels il s’est identifié. C’est dans son quartier qu’il décède à l’âge de 80 ans, le 28 septembre dernier. « Je veux demeurer pour toujours auprès des miens, ma famille est ici désormais », avait-il confié à sa sœur. Pour illustrer l’engagement de toute une vie, ses cendres resteront dans sa propre paroisse.

Au moment où le cercueil entre dans la cathédrale, le peuple scande : « Pierre amigo, el pueblo está contigo »[2]. On agite des banderoles, des drapeaux chiliens et français. Une trompette interrompt la liturgie officielle et se met à jouer la marche funèbre. Le chef de chœur est débordé : des « viva Pierre » et des « viva Jesus » irrépressibles feront trembler les voûtes durant toute la cérémonie. Le peuple est là. D’un seul cœur il manifeste sa gratitude pour cet homme qui disait n’être « qu’un ami du Christ ».
 

Ci-dessous, deux vidéos en espagnol :


[1]  Homélie des funérailles
[2] « Pierre notre ami, le peuple est avec toi »

 

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