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Maria Helena Boulieu : la cause de la vie

d'Arnaud de Malartic   2 janvier 2013
Temps de lecture 6 mn

A Rio de Janeiro vit une femme – Maria Helena Boulieu – qui a lancé récemment un mouvement original au sein de l’Eglise carioca : des journées de prière en faveur des enfants non nés et de leurs mères.  

Comment est née à Rio cette œuvre dont vous vous occupez ici ?
Ce n'est pas né à Rio. C'est né je crois dans le cœur du Seigneur. J'étais en France et un ami m'a dit qu'une femme s'occupait d'une œuvre très belle : « Il faut que tu la connaisses ». Il s'agissait des célébrations pour la vie qu'elle organisait à Cotignac chaque année et pour lesquelles elle demandait des grâces. Célébrations approuvées par une commission liturgique, avec l'autorisation de l'évêque et une liturgie spéciale, très détaillée, pour la réparation des péchés commis contre la vie, contre les enfants avortés, contre l'innocence aussi. Tout cela en donnant au Seigneur ces enfants. Cela a été confirmé par une rencontre en Angleterre lors du même voyage. Alors j'ai amené cette liturgie ici.

Le but c'est une journée dans l'année de célébration spéciale pour les enfants non nés, en réparation ?
Oui c'est cela, en réparation pour les péchés de l'avortement. Pour donner au Seigneur ces enfants. Parce que ces enfants ont été créés par amour et ils en ont été privés. Ils n'ont pas seulement été privés de la vie mais aussi de l'amour qu'ils devaient recevoir et vivre. Alors on ne demande pas seulement réparation pour ces crimes mais on donne au Seigneur ces enfants pour que tous soient sauvés. On donne un nom à ces enfants, une dignité de personne parce qu'ils ne sont plus quelque chose qui a été mis dans des ordures mais quelqu'un dont on va se rappeler.

Comment fonctionne cette liturgie, vous célébrez une messe ?
C'est une messe mais il y a une préparation avant. On va évoquer tout d'abord la miséricorde, l’amour de Dieu qui est gratuit et qui vient pour les pécheurs. Souvent il y a des personnes qui se sont confessées de leurs péchés mais qui continuent à se culpabiliser. Nous essayons de les instruire sur la grandeur de la miséricorde et du pardon. La plupart des personnes n'ont pas conscience de la puissance extraordinaire du pardon que le Seigneur donne par le sacrement de la confession.  
Alors on fait une espèce de catéchèse avant et après il y a le chemin de croix, avec à chaque pas, une méditation autour d'Isaie 53 qui dit que nous sommes guéris par les plaies de Jésus. Le but c’est une rencontre avec Jésus pendant la passion afin de pouvoir expérimenter sa victoire à la résurrection. Il s’agit d’aider les mères à ressusciter l’amour pour leurs enfants. Et pendant ce temps-là, il y a des prêtres qui reçoivent les confessions.
Avant la messe on fait une prière d’invocation au Saint-Esprit pour lui demander de révéler le nom que, de toute éternité, Il avait pour ses enfants. « Je t'ai appelé par ton nom » : cela veut dire que le Seigneur a un nom pour chacun. Comme certaines disent souvent : « Mais je ne sais pas si c'était un garçon ou une fille », alors on répond « Vous n'avez qu'à donner un nom d'ange car, comme ils n'ont pas de sexe, ainsi le problème est résolu ». Beaucoup se nomment ainsi Gabriel ou Raphael, Miguel…Ces noms, placés dans un panier et donnés au célébrant, sont offerts à l´Offertoire.

Tout cela c’est avant la messe, et ensuite pendant l’Eucharistie ?
La prière pénitentielle a été composée par Don Geraldo Lyrio Rocha et elle est basée sur le psaume 50. A la fin, le prêtre pose des questions comme « Est-ce que tu acceptes ton enfant ? ».
Pendant la messe sont renouvelées les promesses du baptême avec un renoncement à tout le mal, au péché et au choix de la mort. Il y a aussi la litanie des saints. La fois dernière, on a mis la litanie pendant le chant d'entrée. On s'est dit en effet : « On va demander à tous les saints d'être présents ».  
Comme lecture, on prend souvent l'évangile de la visitation ou toute autre lecture liée à la vie. On prend aussi l'évangile « Laissez venir à moi les petits enfants ». Dans la prière universelle on demande au Seigneur d´accepter ces enfants, ainsi que la grâce qu´ils soient reçus dans la communion des saints et que tous soient sauvés.

Pouvez-vous nous citer quelques exemples de grâces reçues ?
Nous avons eu la dernière fois une personne qui lors du chemin de croix a soudainement sursauté et est allée en courant vers la confession. Après, elle a témoigné qu'à ce moment-là le Seigneur lui avait fait prendre conscience combien graves étaient ses péchés. Elle avait avorté deux enfants mais elle pensait : « C'est du passé, je n'y pense plus ». Et pendant la messe elle a donné au Seigneur ses enfants. En même temps, elle a eu une lumière très grande sur la raison pour laquelle elle avait eu des problèmes très sérieux avec ses autres enfants (ceux qu'elle a eus après). Elle a compris que la cause résidait dans le fait qu'elle avait choisi cette mort pour ses deux premiers enfants. En arrivant à la maison, elle a partagé cela avec sa fille qui est malade, et elle a vu que la maladie de sa fille était aussi une conséquence de ce qu'elle avait fait. Après lui avoir tout raconté, sa fille lui a dit : « Maman il faut que tu appelles un prêtre pour me confesser », et ainsi la grâce est passée à sa fille.
 
Une fille qui avait fait 7 avortements est venue un jour, et on est resté avec elle jusqu'au soir pour lui parler de la miséricorde. Puis on a dit : « Cela serait tellement bon que tu te confesses ». Il était 9 heures du soir et sa confession a duré 4 heures ! Elle a demandé pardon et son visage était tellement beau à la sortie. Lors d’une soirée de prière, on a prié pour les gens qui veulent se marier et là elle a rencontré l’homme de sa vie. Les médecins lui avaient dit qu’à cause de ses avortements elle ne pourrait plus jamais avoir d’enfants. Peu de temps après son mariage elle m'a téléphoné : « Je suis enceinte ». Elle a reçu l’invitation d’aller à Rome pour que son enfant soit baptisé par Jean-Paul II.  

Quelle est la fréquence de ces célébrations ?
C'est un problème ! Avant c'était une fois par an mais le prêtre qui nous accompagne nous a demandé que ce soit tous les mois. Le 18 décembre c'est la fête de ND do Parto (littéralement « Notre Dame de l’accouchement »), alors il a demandé que tous les 18 de chaque mois soit faite cette liturgie. On est là à la disposition du Seigneur mais c'est très dur car les prêtres ne sont pas toujours disponibles. Mais on essaye. Et on a bien besoin de prière. Il faut une grande confiance.

Quels sont les passages bibliques qui vous marquent le plus ?
Il y en a beaucoup mais en voici deux :
– l’évangile de la visitation car c’est la joie. La joie que donne la vie, la joie que Jésus a donnée par le sein de Marie. Joie pour le don de la vie ! Joie de Jean-Baptiste dans le sein d'Elisabeth. Cette joie que les mères sentent lors de la naissance de chaque enfant. Donc c'est une joie inexplicable. Joie qui efface la douleur. Cette joie, je crois que c'est le signe de l'amour qui est né dans les cœurs !

– « Que tous soit un », en Jn 17,22. C'est extraordinaire de voir que Jésus demande que l'on soit un en Lui et Lui en nous. C'est extraordinaire, nous pécheurs et lui dans cette condition d'amour exceptionnel, Il nous accueille en Lui. C'est un mystère que nous dépasse, mais c'est un dévoilement que je demande à chaque communion. Pour que l'on soit convaincu que l'amour qui est en Jésus réside vraiment en nous.    
 


Maria Helena Boulieu avec le père Arnaud de Malartic

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