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« Seule la rencontre apaise ma soif », du Cardinal Bergoglio

du Cardinal Jorge Bergoglio   20 mars 2013
Temps de lecture 3 mn

« Le drame du monde d'aujourd'hui n'est pas seulement l'absence de Dieu mais aussi et avant tout l'absence d'humanité. », écrivait celui qui était alors le Cardinal Bergoglio et qui est aujourd'hui le nouveau Pape François, dans une introduction au livre "Le Sens Religieux" de don Giussani. Terre de Compassion a sélectionné pour vous quelques paragraphes qui révèlent ce qui est le plus cher au cœur du nouvel évêque de Rome.


CC BY-NC-SA Catholic Church (England and Wales)

La question que tout le monde pose
Pourquoi la souffrance, pourquoi la mort, pourquoi le mal ? Pourquoi vivre ? Quel est le sens ultime de la réalité, de l'existence ? Quel sens cela a-t-il de travailler, d'aimer, de s'engager dans le monde ? Qui suis-je ? D'où est-ce que je viens ? Où est-ce que je vais ?
Telles sont les grandes et principales questions que les jeunes se posent, et les adultes également – pas seulement ceux qui croient, mais tous, les athées et les agnostiques pareillement. Tôt ou tard, spécialement dans les situations extrêmes de l'existence, face à grand chagrin ou à un grand amour, à l'expérience d'éduquer des enfants ou d'exercer une profession qui n'a apparemment pas de sens, ces questions surgissent inévitablement à la surface.

La vie serait absurde, si…
L'être humain ne peut se contenter de réponses réductrices ou incomplètes, qui le forcent à censurer ou négliger un aspect de la réalité. Pourtant nous négligeons en effet des aspects de la réalité, et quand nous agissons ainsi, nous nous fuyons simplement nous-mêmes. Nous avons besoin d'une réponse totale qui englobe et sauve l'horizon entier de l'existence elle-même et de notre existence en particulier. Nous avons en nous-mêmes un désir ardent pour l'infini, une infinie tristesse, une nostalgie – le nostos algos (le mal de la maison) d'Odyssée – qui n'est satisfait que par une réponse tout aussi infinie. En dehors du Mystère, notre besoin de bonheur, d'amour et de justice ne rencontre jamais une réponse qui comble pleinement le cœur humain. La vie serait un désir absurde si cette réponse n'existait pas.

La réalité est un signe
Il n'y a pas que le cœur humain qui s'offre comme un signe, mais également toute la réalité. Le signe est quelque chose de concret, il indique une direction, quelque chose qui peut être vu, qui révèle un sens, qui peut être expérimenté, mais qui renvoie à une autre réalité qui ne peut être vue ; autrement, le signe serait dénué de sens.

Une capacité éminemment humaine : l'émerveillement
D'un autre côté, pour s'interroger soi-même devant ces signes, il faut une capacité éminemment humaine, la première que nous ayons comme hommes et femmes : l'émerveillement, la capacité d'être stupéfait, un cœur d'enfant. Le début de toute philosophie est l'émerveillement, et seul l'émerveillement conduit à la connaissance. Vous remarquerez que la dégradation morale et culturelle commence à surgir quand cette capacité d'émerveillement est affaiblie ou éliminée, quand elle meurt. L'opium culturel tend à éliminer, fragiliser ou tuer cette capacité à l'émerveillement. Le Pape Luciani (Jean-Paul Ier) a dit un jour que le drame du christianisme contemporain était qu'il avait remplacé l'émerveillement par des catégories et des règles. Mais l'émerveillement vient avant toutes les catégories ; c'est ce qui me pousse à chercher, à m'ouvrir ; c'est ce qui fait que la réponse – pas une réponse verbale ou conceptuelle – devient possible. Si l'émerveillement m'ouvre comme une question, la seule réponse est la rencontre, et seule la rencontre peut apaiser ma soif. Et rien d'autre ne pourra plus l'apaiser.

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