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Chinoy : « Composer, une ambition religieuse »

d'Armando Gutierrez   4 avril 2013
Temps de lecture 3 mn

Mauricio Castillo, mieux connu sous le nom de "Chinoy", est connu comme le "Bob Dylan chilien". C'est un artiste représentatif des musiciens de rue de Valparaiso : il permet de comprendre l'humanité qui se révèle dans les petites choses qui rendent chacun unique.


CC BY-NC-SA manecattan

Lorsque j’ai écouté pour la première fois une chanson de Chinoy, je n’ai pas été spécialement marqué par sa voix, mais j’avais la sensation d’écouter quelqu’un de particulier. Plus je l’écoutais et plus ce sentiment grandissait. Je me rendais compte que j’avais devant les yeux quelqu’un qui cherchait à se livrer pleinement.

En le voyant chanter avec passion ses textes tourmentés d’angoisse politique sur des mélodies acoustiques dépouillées, c'est comme être face à un homme blessé qui se sacrifie dans une recherche constante de beauté. Son désir sincère de découvrir la vérité caché dans le quotidien est plus que contagieux et nous met sur la voie de sa quête et de sa vision de la réalité. Cette vision du monde lui vient de sa vie de souffrance qui en a fait un vagabond blessé depuis son départ de son port natal de Placilla jusqu'à son arrivée à Valparaiso avec sa vie de chanteur de rue dans les quartiers du vieux port. C’est là qu’il découvrira les paroles et les accords qui font de sa musique un monde à part. Il nous dit : « J’aime cette forme de vulgarité de mélanger un homme de la campagne avec une vie urbaine, c’est dans ce mélange que l’on découvre une forme de tendresse et de dialogues honnêtes qui font passer le temps ». Dialogues honnêtes ! Il n’y a pas de meilleure description de sa poésie et de sa façon de la mettre en lumière.

J’ai eu la chance de le voir en « live » lors d’un concert à Valparaiso. Tandis que j’étais debout dans la foule, enveloppé d’une sorte de murmure, il était là, entouré du son des guitares électriques et des percussions. J’ai senti qu’il transmettait des histoires que lui-même avait reçues.

Chinoy dit souvent que « composer est une ambition presque religieuse qui te met en contact avec des choses qui ont bien plus de valeur que toi et qui ouvrent ton jugement ! ». « J’ai souvent bu un verre avec mes démons mais je n’ai jamais perdu l’espérance de devenir un être beau. J’ai cherché à parvenir à la connaissances des choses à travers mes émotions. Je sortais dans la rue et me laisser happer par certaines mélodies. »

Chinoy veut que nous ouvrions les yeux et de fait il a ouvert les miens en me provoquant à ne jamais réduire ma vision sur la personne humaine car en fin de compte chacun est un miracle qui nous dépasse toujours. Si nous ne sommes pas attentifs, nous passons à côté d’un don immense, d’une beauté extraordinaire.

Chinoy – Llegaste de flor

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1 Commentaire

  1. p. Denis

    Chinoy, c'est Valparaiso. C'est le Valparaiso d'aujourd'hui. Avec ses yeux ouverts, sa soif de liberté, son désir d'éprouver ce qui dans l'émotion touche au réel. Belle figure. Merci Armando.