Home > Fioretti > La magie du pardon et de la paix

Le Point-Cœur du Sénégal a monté avec les enfants du quartier un spectacle reprenant l'histoire du dessin animé "Kirikou et la sorcière". Une belle aventure, qui permet aussi à l'amitié entre les enfants de s'approfondir.

Un événement m’a profondément touché. Après la représentation en mars, un phénomène bien connu s’est produit au sein de notre petite troupe : la jalousie entre filles…, entre celle qui joue la sorcière, Mounas, et celle qui joue la maman de Kirikou, Mam Boye. Mounas est une petite ado de quatorze ans, la dernière de sa mère, au caractère bien trempé qui dirige son monde à la baguette. Elle a une grande influence sur ses pairs, elle est très fière et joue à la starlette ! Nous nous sommes demandé si nous allions continuer à la garder… Mais comment remplacer Karaba ? Et puis, une expulsion risquait de nous mettre une bonne partie des filles sur le dos. En même temps, nous sentons bien que ce n’est pas le fond de son cœur. Un jour Félicienne nous a dit : “Il faut faire une réunion pour parler, c’est comme ça qu’on fait ici.” Félicienne est une jeune Sénégalaise de dix-huit ans venue habiter chez nous pour réviser son brevet de fin d’études et éventuellement faire la mission l’an prochain. Nous avons donc réuni tous les enfants et nous leur avons parlé, surtout de l’amitié entre nous et de l’importance de ne pas se chamailler. À la fin, j’ai laissé la parole à Félicienne qui a demandé à Mounas, Mam Boye et Florence de se réconcilier, comme ça, devant tout le monde. Je doutais fort de l’efficacité d’une telle méthode. Au début les filles ont tergiversé, surtout Mounas, puis tout à coup, Mam Boye m’a demandé : “Que veux-tu Père Thibault ?” – “La paix seulement”, répondis-je. Alors Mam Boye est allée serrer la main de ses deux ennemies, qui lui ont demandé pardon. J’étais abasourdi que ça puisse se faire ainsi, je pensais que chacune, dans sa fierté, allait rester sur sa position. Mais j’ai compris que Félicienne parle leur langue, pas seulement le wolof, mais leur langue au sens maternel (culturel) du mot. Or, nous étions en période de Ramadan et pendant le Ramadan, il faut se réconcilier avec ses ennemis, le Prophète l’a dit, Jésus l’a dit. C’est ainsi que ces petites filles imprégnées des préceptes de leur religion, ont signé un pacte de paix. Une paix véritable, puisque maintenant elles sont redevenues grandes amies. Au moment où elles se sont serré la main, tous les autres enfants ont exulté et ont applaudi ! Comme s’ils attendaient ce moment avec un grand désir ! C’était tout simple, mais j’avais du mal à contenir mon émotion.

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2 Commentaires

  1. gabrielle bonansea

    C'est si simple et nous en faisons une chose très compliquée. Et puis quel bien-être intérieur quand on a réussi à donner le pardon. Encore plus que lorsqu'on le reçoit  je crois! Il FAUT pardonner, c'est une clé du bonheur, alors tournons la clé pour entrer dans la paix.