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Marche pour la vie : les temps nous appellent à courir !

Dimanche 19  janvier, des milliers de Français ont marché pour la Vie. Jamais cette Marche n’avait eu un tel succès. La situation actuelle peut permettre de le comprendre. Ces derniers mois, les attaques contre la vie se sont multipliées. On peut véritablement parler de l’expansion d’une culture de mort au sein de notre société.


CC BY-SA Peter Potrowl

Défendre la vie est devenu un tabou, un combat d’arrière-garde, d’arriérés incapables de comprendre le monde dans lequel ils évoluent et d’avoir de la compassion pour ceux qui souffrent :

  • les femmes enceintes qui ne pourraient pas « disposer librement de leur corps » et accéder à l’avortement autant qu’elles le souhaitent (comme si, avec 220 000 avortements chaque année en France – 1 avortement pour 4 naissances –, on pouvait considérer qu’il est extrêmement compliqué d’avorter… Et comme si, dans le cas d’un avortement, il s’agissait uniquement du droit de la femme à disposer de son corps, et non pas également du droit d’un être humain à la vie).
     
  • les enfants handicapés dont on a décidé que, bien entendu, ils ne souhaitaient pas naître. En effet, ceux qui parviennent à venir au monde sont souvent bien mal accueillis dans une société qui n’est plus prête à les recevoir ! Rappelons qu’aujourd’hui, 96% des grossesses se terminent par un IVG suite à un diagnostic prénatal de trisomie 21.
     
  • les personnes atteintes de maladies incurables ou en fin de vie, qui doivent absolument « mourir dans la dignité. », et vite ! Ce qui est souvent un signe de notre refus d’accueillir, de compatir, de vivre avec l’autre ses souffrances et ses limites… Et ce qui sous-entend qu’une personne faible et en souffrance n’a plus de dignité.

Mais la souffrance des femmes qui veulent garder leur enfant et qui subissent de lourdes pressions, la souffrance des enfants handicapés dont la société considère qu’ils auraient dû être éliminés, la souffrance des personnes en fin de vie qui se sentent comme des fardeaux pour les autres parce qu’aucun regard ne leur dit plus combien leur dignité est grande et inaltérable, toute cette souffrance « politiquement incorrecte » est considérée comme imaginaire ou extrêmement minoritaire, créée de toutes pièces pour servir les théories obscurantistes de pro-vie acharnés au service d’une Eglise dogmatique et déconnectée de la réalité. C’est tellement plus facile de dénigrer ce que l’on en comprend pas, ce qui va à l’encontre de nos principes idéologiques.

Pourtant, les chiffres sont clairs : un récent sondage Ifop nous informe que 83% des femmes estiment que l’IVG laisse des traces psychologiques, et 60% pensent que la société devrait aider les femmes à ne pas avorter. Un rapport de l’IGAS consacré à l’IVG rappelait, en 2010, ce que disait la Haute Autorité de Santé : « L’IVG demeure un événement souvent difficile à vivre sur le plan psychologique. Cette dimension manque d’éclairage objectif et scientifique. Les enquêtes d’opinion nous renseignent, quant à elles, sur le fait que beaucoup de femmes éprouvent une souffrance réelle lors de la commission de cet acte. »

Aujourd’hui, Simone Veil qui a défendu et fait voter la loi de 1975 pour la légalisation de l’avortement, regrette que l’esprit de sa loi ne soit plus respecté et que l’avortement soit banalisé.  


CC BY-NC-ND ANFAD

Mais peu importe, les pro-mort veulent aller toujours plus loin, toujours plus bas.

Après avoir fait voter le remboursement à 100% de l’avortement par la Sécurité Sociale en mars 2013, après avoir lancé de multiples attaques contre les sites proposant des solutions alternatives à l’avortement, le gouvernement s’apprête à faire voter, ce vendredi 24 janvier, un projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes, qui supprimera la notion de détresse dans le recours à l’avortement. Pourra avorter toute femme « qui ne veut pas poursuivre une grossesse », et non plus toute femme « que son état place en situation de détresse ». Cette réécriture de la loi n’est pas anodine. Elle ne l’est pas parce qu’elle fait du choix de l’avortement et de l’avortement en lui-même des actes anodins. 

L’avortement ne devient plus une dérogation à un principe, à savoir le principe du droit à la vie et à la protection, qui est inscrit à l’article 16 du Code civil. L’avortement devient un droit plein et entier. Il dépendra uniquement du bon vouloir de la femme. Peu importe le père. Peu importe l’enfant. Ce qui compte, c’est l’avortement. Comme s’il était un bien en soi. On se souvient des récentes manifestations de féministes qui portaient des pancartes « Touche pas à mon avortement »…

Faire de l’avortement un droit plein et entier, c’est déjà ce que l’Europe a tenté de nous imposer en décembre dernier avec le rapport Estrela, qui demandait, entre autres, à l’Union Européenne de faire de l’avortement un « droit de l’Homme », de subventionner les manipulations génétiques sur les embryons humains, de défendre la Procréation Médicalement Assistée (PMA) pour tous et de promouvoir l’éducation au sexe dès 4 ans… Ce rapport a été rejeté à quelques voix près par les députés européens, mais son retour est programmé pour cette année !

Dans le projet de loi sur l’égalité entre les hommes et les femmes est également créé le délit d’entrave, qui sanctionne toute initiative visant à informer les femmes des conséquences néfastes de l’avortement. Les femmes ne pourront plus bénéficier d’une information complète et objective pour exercer leur choix. Le Ministère des Droits des Femmes a également lancé la création d’un site prônant l'avortement le plus rapide et le plus simple possible, sans réflexion et sans accompagnement – contrairement à ce que préconisait le rapport réalisé par la DRESS, publié en septembre 2009 et commandé par le Ministère de la Santé.

Ce Ministère des Droits des Femmes a aussi acheté à Google de la publicité pour des sites pro-avortement, dans un non-respect total de la neutralité supposée des moteurs de recherche… Désormais les sites pro-avortement apparaissent en premier dans les résultats de recherche liés à l’IVG. Enfin, le Planning Familial, qui associe contraception et avortement, bénéficie désormais du programme « google grant » qui lui offre chaque mois 10 000 euros de publicité.

Pourtant, les décisions du Conseil Constitutionnel ont consacré le principe du « choix éclairé». « C’est une formulation principielle absolument constante des législations relatives à l’accueil de la vie. »

Pourquoi ne veut-on pas faire en sorte que cet éclaircissement soit également présent au moment où l’on s’apprête à mettre fin à une vie dans le cadre de l’avortement ? La femme qui souhaite recueillir des informations sur l’avortement ne pourra pas obtenir de réponse complète, et encore moins objective, s’il ne lui est présenté qu’un seul point de vue, qu’une seule « solution. » Cela ne va-t-il pas à l’encontre du libre choix et du respect de la liberté personnelle pourtant sans cesse portés aux nues dans le discours, par le gouvernement ?

Aujourd’hui, les choses sont de plus en plus évidentes : il y a un réel acharnement sur le début de la vie. Et quand on attaque le début de la vie humaine, c’est toute la chaîne humaine qui est fragilisée.

Durant sa conférence de presse du 18 janvier, François Hollande a annoncé qu’il respecterait son engagement de campagne n°21, à savoir l’euthanasie camouflée sous l’appellation « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Comme disait Pierre Desproges, « tout cela, répétons-le, est affaire de délicatesse. On ne dit plus un infirme, on dit un handicapé. On ne dit plus un vieux, on dit une personne du troisième âge… Françaises, Français, réjouissons-nous, nous vivons dans un siècle qui a résolu tous les vrais problèmes humains en appelant un chat, un chien ».

La Ministre de la Santé, Marisol Toraine, a promis un texte sur la fin de vie avant la fin de l’année… Et une proposition de loi enregistrée à la présidence du Sénat le 2 décembre 2013 demande qu’une personne puisse bénéficier de l’euthanasie, « même en l’absence de diagnostic de décès à brève échéance, et même si elle est uniquement “atteinte d’une affection accidentelle à tendance invalidante”, si elle “juge sa souffrance insupportable”, et si cela est de nature à “préserver sa dignité telle qu’elle la conçoit pour elle-même” ». Un texte qui introduit donc une subjectivité totale et instaure tellement de conditions et de nuances qu’une personne dépressive pourra demander à être euthanasiée, comme en Belgique, pays qui vient d’ailleurs d’adopter une loi étendant l’euthanasie aux mineurs.

Nous préparons une société dans laquelle le droit de tuer aura toute sa place, dans laquelle l’élimination des personnes en souffrance, des personnes faibles, des personnes en devenir sera la norme.

Soyons vigilants, car c’est loin d’être terminé… Voici ce que déclare le Haut Conseil, ce mercredi 22 janvier, suite au vote de l’amendement demandant la suppression de la notion de détresse pour pouvoir recourir à un avortement : « Ce vote adresse un signal fort à nos voisins européens, notamment espagnols, et aux progressistes dans le monde : le droit à l’IVG est un droit plein et entier qu’il convient de défendre et de faire progresser. En matière de droits des femmes, il faut sans cesse avancer pour ne pas reculer car le statu quo n’existe pas. »

Un tel acharnement doit nous appeler au réveil, à l’engagement, au combat, que ce soit dans le domaine politique, associatif ou que sais-je encore… L’heure n’est plus simplement aux manifestations ou aux discussions de salon. « La charité nous presse », comme disait Saint Paul. La charité envers ceux qui vont naître, la charité envers ceux qui vont mourir, la charité envers les générations à venir, la charité envers toute personne humaine.

Audrey Levavasseur 

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