Home > Fioretti > Un mariage pas comme les autres

Un mariage pas comme les autres

Amalia est une amie très proche de Points-Cœur depuis de longues années, elle a 37 ans et depuis longtemps elle attendait anxieusement l’homme de sa vie. Il y a deux ans, elle a rencontré Mohammed, dans un cours de tango. Il est égyptien et musulman mais vit au canada où il est ingénieur dans une grande multinationale. Ils sont tombés amoureux et ont fait tout un très beau chemin ensemble. Un mois après leur mariage civil au Canada en août dernier, elle a commencé à ressentir de fortes douleurs dans le nerf sciatique.


Amalia et sœur Milagros © Points-Cœur

Elle rentre alors en Argentine, où on lui découvre un sarcome, c'est-à-dire un cancer du muscle localisé dans le nerf sciatique, très douloureux, qui lui vaut d’être rapidement alitée ne pouvant plus ni marcher, ni bouger, dès le 1er janvier.

C’est une dure épreuve. Elle vient de se marier. Elle ne comprend pas la volonté de Dieu, mais elle ne se rebelle pas et dans les larmes, elle supporte patiemment ce qui lui arrive. Mohammed reste toujours à ses côtés, souffrant de ne rien pouvoir faire pour elle. En avril seulement, elle commence la chimiothérapie et les rayons. Mohammed, absent plusieurs mois, a accumulé beaucoup de retard dans son travail : il doit rentrer au Canada pour quelques temps mais espère revenir vite. La mère d’Amalia reste auprès d’elle jour et nuit.

Amalia ne supporte pas le traitement. Elle est si affaiblie, qu’elle ne tient plus le choc. Les visites sont restreintes au strict minimum. Elle tient à peine 10 minutes de conversation quand nous la visitons une fois par semaine. La morphine lui défigure le corps. Mais chaque fois que nous pouvons lui parler, elle respire la paix, l’abandon à la volonté de Dieu. Elle se préoccupe même pour nous. C’est incroyable le chemin qu’elle fait dans son cœur. Elle nous dit toujours qu’elle sait que nous ne pouvons pas aller la voir souvent à cause de son état mais qu’elle sent réellement combien elle est portée par la prière de tous.

Il y a un mois, à l’arrêt du traitement, le verdict tombe : il n’y a plus rien à faire. Le coup est très dur pour tous. Comment une vie peut-elle ainsi basculer d’un jour à l’autre ? Les chemins de Dieu sont vraiment inimaginables et peu compréhensibles et pourtant, nous ne pouvons nier Sa Présence, Ses miracles, Son écoute attentive à nos prières.

Mohammed revient en urgence. Amalia est si heureuse qu’elle paraît transfigurée par la joie. L’Amour lui redonne une force incroyable. Elle ne perdra plus ce sourire.

La semaine dernière, nous recevons un texto sur notre portable : « Les filles ! Dans deux jours, je me marie sacramentellement, j’aimerais que vous soyez là. Amalia. » C’est la surprise et les cris de joie !

En la fête du Sacré-Cœur de Jésus, nous nous réunissons avec sa mère, son frère et ses plus proches amis dans la petite chambre d’hôpital, parée comme pour un mariage. Dans son lit, la promise a revêtu une tunique brodée finement, blanche. Une couronne de roses blanches dans ses cheveux, un bouquet de roses dans les mains, maquillée, elle est radieuse. Le promis, grand et digne dans le couloir est visiblement très ému. Le prêtre arrive (pour une fois, ce n’est pas la mariée qui fait attendre tout le monde !). L’émotion est à son comble ! Dès les premières paroles du consentement, l’époux pleure, et nous aussi. Ils s’échangent les alliances, quelques-uns lancent des pétales de rose. Amalia et sa mère se consacrent au Sacré-Cœur de Jésus. L’époux avait tout préparé : les souvenirs pour les invités, la décoration de la chambre, le champagne, les apéritifs, le gâteau des mariés, tout y était !

Nous vivons quelque chose d’extraordinaire. C’est un OUI pour toute la vie, conscients que l’unique espérance est en Dieu, car la médecine a déclaré forfait. C’est un OUI à la vie, un OUI à l’Amour jusqu’au bout, un OUI dans la foi, l’abandon total en Dieu, plus fort que la mort, plus fort que le cancer. Un OUI qui déplace des montagnes dans le cœur de tous ceux qui sont présents physiquement ou par la prière. La joie irradiante d’Amalia nous atteint tous et nous remplit d’une conviction, d’une espérance forte : « Ils nous montrent que ce n’est jamais fini » comme dira l’un des amis présents.

Ce n’était pas un OUI pour accomplir la dernière volonté d’Amalia, ou un OUI pour peu de temps, mais un OUI éternel.

Cinq jours plus tard, nous apprenons qu’elle s’est endormie dans la mort. Mohammed était à son chevet. Elle lui dit juste avant de mourir : « Je suis heureuse. Dieu m’a tout donné. »

Lorsque nous arrivons pour veiller le corps, Mohammed confie à Père Edouard : « Vraiment elle a changé quelque chose, profondément, dans mon cœur. Elle m’a tout donné. » C’est incroyable la paix qu’elle nous a tous laissée en partant si joyeuse et si remplie de gratitude envers Dieu, alors que les circonstances pouvaient tant faire penser le contraire.

Marie Debacque

Vous aimerez aussi
A mon frère Argentin
Qui est Javier Milei le nouveau président argentin ?
L’Argentine : ton drapeau a la couleur de mon manteau
Celui qui dit que ce n’est que du foot passe à côté

2 Commentaires

  1. L’amour au delà de toutes frontières
    Mohammed porte maintenant en lui cette flamme
    Merci à Point cœur d’être présent et de témoigner pour toute cette beauté

  2. Pingback : Best of 2014 – Terre de Compassion