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Le dernier film de Wim Wenders présenté lors de la Berlinale de février dernier met en scène un jeune écrivain qui tue accidentellement un enfant. Cet événement bouleverse sa vie et le force à puiser au plus profond de lui-même la grâce d’une résilience.

 

 

Le film commence dans le Nord du Canada où le romancier Thomas (James Franco) cherche l’inspiration pour son prochain livre mais est aussi « bredouille » que les pécheurs qui l’entourent. Sa page est blanche, comme le paysage, comme sa vie.

Un soir, il roule sous une neige drue et ne peut ni anticiper ni freiner lorsque la luge de Christophe et Nicolas passe devant ses roues. Voyant l'enfant se relever, il pousse un cri de soulagement avant de découvrir un peu plus tard que Christophe n’était pas seul sur la luge… mais qu’il l’est maintenant.

La caméra est sobre et jamais voyeuriste, il n’y a ni effusion de sang ni de larmes, mais la 3D permet d’ouvrir un espace de distances et de superpositions qui rapproche le spectateur de la souffrance intérieure et des interrogations de chacun : pourquoi ? pourquoi moi ? que faire maintenant ? où fuir ? à quoi bon écrire ?

La maman (Charlotte Gainsbourg) de Nicolas et Christophe se laisse introduire par son fils dans une attitude de prière, pour elle d’abord, pour Nicolas ensuite et enfin pour le « meurtrier ».

La vie de Thomas est bouleversée, il se sépare de sa compagne et déménage, il se noie dans l’écriture. Wim Wenders évite avec brio les nombreux pièges du scénario : Thomas n’utilise pas l’accident pour son écriture, il n’utilise pas l’écriture pour se regarder, se justifier ou se soulager, c’est autre chose, un besoin de vivre, d’apprendre de chaque événement, d’engager son humanité jusqu’au bout, de ne pas fuir l’absurde. Ce long cheminement intérieur transforme son être et donc aussi son écriture.

Christophe, le frère de Nicolas, a grandi avec cette plaie et adolescent, il retrouve Thomas, entre agression, provocation et question.

L’accident est un absurde, un fait inexorable, une exigence qui met chacun à nu dans sa vulnérabilité, ses contradictions, sa fragilité. Wim Wenders ne présente ni héros ni anti-héros et ne fait pas une théorie sur la façon d’accueillir la souffrance. Sa caméra suit avec grande délicatesse les méandres du cheminement intérieur. 

 

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