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Etty Hillesum : La flamme d’une âme

Le théâtre de l'Echo présente à Paris, depuis le 13 février et jusqu'au 19 Juin, « Etty Hillesum : La Flamme d'une âme », une pièce qui nous replonge dans les cahiers et les lettres que cette jeune femme juive Hollandaise laissa derrière elle, après sa mort à Auschwitz le 30 novembre 1943. Confiés à une amie, ils seront publiés dans un ouvrage posthume Une vie bouleversée.

 

 

« J’ouvre la bible au hasard et trouve ceci : “Le Seigneur est ma chambre haute.” Je suis assise sur mon sac à dos, au milieu d’un wagon de marchandises bondé. Papa, maman et Misha sont quelques wagons plus loin… » Etty Hillesum adressera ces derniers mots à son amie Christine Van Nooten, le 7 septembre 1943 sur une carte postale jetée du train qui l’emmenait à Auschwitz. Ils seront aussi les derniers mots prononcés sur scène.

Angélique Boulay nous livre une authentique interprétation des extraits du journal et des lettres d'Etty Hillesum d'une profondeur et d'une densité saisissables. C'est avec confiance que nous la suivons sur le chemin intérieur d'Etty, de sa rencontre foudroyante avec Juluis Spier, l'homme avec qui elle entreprend une thérapie en février 1941, et qui l'encouragera à écrire son journal tout au long de cette démarche introspective, jusqu'à sa déportation au camp d'Auschwitz en septembre 1943.

Au service du sens et de la puissance des textes, la mise en scène extrêmement épurée de Mourad Berreni permet une véritable rencontre entre le spectateur et Etty, dans sa pâte humaine, dans sa quête houleuse, avec les différents contextes intérieurs et extérieurs qui l'ont faite avancer. Tout y est suggéré avec justesse, pour nous offrir l'essentiel d'Etty Hillesum : un chemin d’amour qui élargit le cœur et l’intelligence, toujours en quête de vérité, cherchant à se comprendre elle-même et à comprendre le monde qui l'entourait. En suivant un itinéraire qui l'introduira peu à peu à une intimité profonde avec Dieu et qui ne cessera de l'ouvrir à l'amour des autres.

Le départ d'Etty pour Westerbork, camp de transit réservé au juif, en aout 1942, marque un tournant décisif dans la pièce. Après une première partie conséquente sur sa relation -amoureuse- et ses échanges avec « S »: « l'accoucheur de son âme », nous voici face à cette petite flamme qui brûle de plus en plus fort dans le cœur d'Etty, à l'une des heures les plus sombres de l'histoire. C'est avec beaucoup de grâce et d'émotion qu'Angélique nous invite à sa suite à contempler l'éclosion humaine et spirituelle d'Etty, nous dévoilant ainsi la véritable rencontre qui s'est jouée entre la comédienne et cette femme hors du commun faisant le choix de vivre sa vie en la donnant plutôt que de la subir. Elle nous confiera « Ce que j'aime avec Etty, c'est sentir cette fraternité, j'aime ses contradictions, c'est ce qui me permet de dire : je la comprends. »

Angélique et Mourad sont, par la création de cette pièce, de véritables passeurs de ce qu'Etty a à nous enseigner du travail de la vie intérieure, pour toujours «plus» de vie et surtout pour nous approcher au plus près du véritable sens de notre vie : «L'amour du prochain est comme une prière élémentaire qui vous aide à vivre», extrait du journal d'Etty Hillesum.

Prière du dimanche matin 12 juillet 1942:

« Je vais t’aider, mon Dieu, à ne pas t’éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir d'avance. Une chose cependant m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider – et ce faisant nous nous aidons nous-mêmes. C’est tout ce qu’il nous est possible de sauver en cette époque et c’est aussi la seule chose qui compte : un peu de toi en nous, mon Dieu. »

Dates des représentations au théâtre de l’écho (Paris, 20e) : 15, 21, 29 mai, 5, 12, 19 juin 2015.

Liens : http://www.billetreduc.com/131431/evt.htm

 

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