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« Un moine en Otage » Livre du P. Jacques Mourad

Dans son livre « Un moine en Otage », le Père Jacques Mourad, prêtre syriaque-catholique originaire d’Alep, enlevé en 2015 par l’Etat Islamique dans son couvent de Mar Elian, raconte sa Captivité. Cette épreuve où se sont mêlées la Croix et la gloire, la révolte et le pardon, l’angoisse et la consolation, fut une expérience exigeante de la vie chrétienne à la suite du Maître : celle d’aimer sans mesure, de cet Amour Eternel qui seul est capable d’aider notre pauvre amour à accueillir l’absurdité de telles situations.

 

 

« Dans la cour du Monastère Maryam el Adrah [1]La Vierge Marie , les enfants courent et s’amusent encore (…) là-haut, dans la salle de l’humble bibliothèque qui surplombe la cour, je me suis assis, seul, et je me laisse emporter dans mes pensées par les éclats de rire des enfants qui montent jusqu’à la fenêtre. Leur joie de vivre me fascine : ces jeunes garçons, ces fillettes qui ont l’âge des miennes, tous ont déjà vécu un enfer qui aurait pu leur faire perdre l’innocence de leur âge. Ils viennent de Qaraqosh. En aout 2014 ils sont arrivés ici avec leurs parents, exténués, sales, affamés, après avoir fui précipitamment leur maison face à l’arrivée des djihadistes de ce qui ne s’appelaient pas encore « Etat Islamique ». Ils ont tout perdu là bas, ils auraient pu choisir de se laisser mourir ici. Mais la vie a été plus forte, malgré des conditions bien précaires. Chassés de chez eux parce qu’ils avaient choisi de rester fidèles au Christ, ils sont venus s’échouer à ses pieds dans cette chapelle de Maryam el Adrah où des chambres de fortune ont été aménagées entre des grandes toiles tendues d’un mur à l’autre… » [2]Extrait du livre Un moine en Otage, p.9-10 

C’est sur cet émerveillement que le livre du Père Jacques Mourad commence. Il cherche ainsi à résumer son expérience : la Vie aura toujours le dernier mot, malgré l’enfer ou l’absurdité qu’une situation peut imposer. La Vie aura toujours le dernier mot car Elle a déjà vaincu la mort de chaque situation par la Résurrection du Christ.

Durant ces cinq mois de captivité, le Père Mourad a connu l’angoisse d’avoir les mains liés, vivant quotidiennement des menaces d’exécution, des humiliations, des appels à la conversion à l’Islam. Il était si écrasé par la souffrance que par moments, il souhaitait que « son heure » arrive et qu’il soit exécuté pour être délivré et enfin libéré. Les paroles de Job semblent prendre chair encore une fois aujourd’hui. Mais à la fois, au cœur de ces souffrances, il a vécu des instants de communion au Christ à travers les consolations dont la Vierge Marie lui faisait grâce.

 

 

Aux moments de grande fatigue ou de colère, il saisissait son chapelet, la seule prière dont il était capable de se souvenir pendant sa captivité. Plus il priait les Je vous salue Marie et plus la paix l’envahissait. Un jour où l’angoisse était particulièrement forte et où la prière du chapelet n’avait donné aucun signe de consolation, le Père Mourad fini par s’endormir d’épuisement et de fatigue. Au milieu de la nuit il est réveillé par un chant qui semble s’imposer à lui au fond de son cœur, lui offrant une grande consolation : c’était la prière de Thérèse d’Avila, avec la mélodie de Taizé : « Nada te turbe ». Dieu permet à son serviteur de passer par des épreuves, mais Il sait toujours comment à travers des petits signes montrer Sa Présence qui seule est capable de consoler véritablement.

Après une période de colère, de révolte et d’angoisse, Père Jacques parle d’un moment décisif de sa captivité qui a chamboulé toute sa foi et lui a permis de comprendre l’invitation de Dieu au cœur de l’absurdité de cette situation à avancer « dans les eaux profondes ». Il s’agit du moment où l’un des djihadistes, camouflé, vient lui parler. Il ne pouvait voir que ses yeux. Alors il lui demande : « Pourquoi suis-je prisonnier ? ». Le djihadiste lui répond : « Mon Père, considérez ce temps comme un temps de retraite spirituelle ». Le P. Mourad parle à ce moment là de l’humour du Bon Dieu qui choisit de passer par un djihadiste afin d´indiquer à un moine la petite porte de l’Evangile. Il dit : « J’étais surpris, et une paix a dominé mon cœur et m’a aidé à dépasser toute peur et révolte ». Venant de la bouche d’un djihadiste qui n’est pas censé connaitre ce mot de « retraite spirituelle », cette réponse a été le signe pour le Père Mourad que le Christ l’invitait à aimer sans mesure, s’appuyant sur Son Amour.

Depuis cette rencontre incongrue et bien qu’il ressassait dans son cœur tous les massacres dont il avait été témoin, il sentait au fond de lui, dans cette captivité, l’exigence de cet appel du Christ à aimer sans limites et de poser même sur ces gens là un regard de bienveillance pour être auprès d’eux un témoin de l’évangile, à travers l’amitié et pour ne pas tomber à son tour dans le cercle vicieux de la haine. Petit à petit, la force de la prière balisait son chemin intérieur vers une expérience de pardon et d’accueil.

Au bout de 5 mois de captivité, un autre homme camouflé vient le sortir de sa cellule. Le P. Mourad a pensé que son heure était venue. Mais cette fois-ci, la Providence avait prévue plutôt l’heure de la délivrance. Le Père Mourad parle d’un miracle car tout était simple et rapide, comme quand l’ange vint ouvrir les portes de la prison pour les apôtres, en douceur, sans aucune violence. Cet homme camouflé était un « bon musulman » qui a toujours vécu dans un village avec des chrétiens, et c’est grâce à cette amitié là qu’il a choisi de risquer sa propre vie pour sauver un prêtre, l’aidant à s’enfuir avec sa propre moto. Le bon Dieu semble déjà donner au Père Mourad les fruits de la prière et du pardon : le miracle de l’amitié.

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Ecouter ici la présentation du livre « Un moine en otage » sur  Radio Maria

 

References

References
1 La Vierge Marie
2 Extrait du livre Un moine en Otage, p.9-10
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