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François Martineau chante La Bohème

Peu avant le décès de Charles Aznavour, François Martineau chantait La bohème au concours télévisuel polonais « Mam Talent », l’équivalent polonais de « La France a un incroyable talent ». Inspiré par le contact avec le public au cours de ses prestations dans les rues de Cracovie, la chanson française est son répertoire de prédilection. Entretien. 

François, tu participes au concours Mam Talent en Pologne. Peux-tu nous raconter comment cela est arrivé ?

Il faut savoir que je chante dans la rue depuis 7 ans, depuis que je vis à Cracovie. J’ai commencé à chanter sans aucune ambition. J’ai toujours aimé les classiques de la chanson française que je voulais transmettre aux gens. Le principe est très simple : j’ai ma guitare, j’ai mon étui de guitare que je laisse ouvert devant moi. Les gens peuvent s’arrêter si ça leur plait, laisser une pièce ou non… Je fais cela quand il fait beau, lorsque l’espace sonore n’est pas trop occupé et lorsque que j’en ai envie, tout simplement. Je chante pendant une heure et demi environ.

J’ai un ami chanteur de rue qui s’était inscrit à Mam Talent et qui m’a proposé de m’inscrire aussi. Je n’avais pas du tout l’intention de participer à ce programme. Nous nous sommes présentés au pré-casting non diffusé en avril dernier et nous sommes passés tous les deux. En juin, il y avait l’enregistrement du casting télévisé. J’ai chanté la chanson La Bohème de Charles Aznavour. Parmi les trois membres du juré, il y en a une qui s’appelle Margolata Solemniak à qui ça a beaucoup plu. Elle a appuyé sur le « Golden buzzer », ce qui fait que le concurrent est automatiquement sélectionné pour se présenter en demi-finale à Varsovie. Cela aura lieu en novembre prochain.

Le casting a été diffusé dernièrement en septembre. Je m’exerce pour la demi-finale. On peut dire que je le fais en direct. Lorsque je chante sur la place du marché, j’en profite pour travailler la chanson que je veux chanter.

Etait-ce ta première expérience de la scène ? 

Je n’ai jamais chanté à la télévision, mais j’ai déjà fait de la scène avec mon père (Roger Martineau, ndlr) au cours d’une tournée que nous avions organisée en Pologne il y a environ 5 ans. Nous avions aussi chanté un concert caritatif pour Points-Cœur à Dakar en 2010. J’avais interprété quelques chansons. Je viens d’une famille d’artistes. Mon Père est auteur-compositeur-interprète. C’est lui qui m’a introduit à la chanson française.

Les souvenirs que j’ai sont ceux qu’il m’a fait écouter : Brel, Brassens, Aznavour, Edith Piaf, Gilbert Bécaud… Mais aussi ceux qui viennent après : Dick Annegarn, Serge Lama, Renaud… Tous ceux  qui ont posé les fondations des classiques de la chanson française et ceux qui s’en sont inspirés. En tant qu’auteur-compositeur, mon père était très attaché à la cohérence entre la mélodie, le texte, les arrangements et l’interprétation scénique.

On parlait d’auteurs comme Brel, Charles Aznavour ou Serge Lama comme étant des modèles. Ils faisaient de leur chanson une histoire qu’on racontait sur scène. Charles Aznavour en particulier avait un phrasé incroyable. Même à 94, alors que sa voix avait perdu de sa vigueur, son phrasé était toujours intact.

Que représente Charles Aznavour pour toi ? 

Je reconnais que sur les plus de 800 chansons qu’il a écrites, je suis un tout petit peu au dessus du français moyen. Je connais une centaine de ses chansons qui sont dans l’ensemble ses plus connues, soit parce qu’elles sont passées à la radio, soit parce qu’elles ont été reprises par d’autres.

Ses chansons sont caractérisées par le vague à l’âme : les amours passées, déçues, l’espoir d’un renouveau. Mes amis, mes amours, mes emmerdes, un peu d’ironie sur le temps passé, La bohèmes, l’éphémère dans les quartiers de Montmartre, Tu te laisses aller, après 40 de mariages, sa femme l’énerve, mais il se souvient qu’il l’a choisie… La Mama, celle qui a porté toute la famille. Ce sont des thématiques dans lesquelles je me retrouve beaucoup : cette nostalgie, ce vague à l’âme, ce romantisme correspond à ma manière de chanter. Il a des mélodies qui sont assez simples mais pas forcément intuitives, il travail ses mélodies et son orchestration. Cela me touche.

Quelle est ta manière de t’approprier ce répertoire ?

J’ai une façon de chanter plutôt « de seconde main » : dans les chansons que j’aime, j’essaye de saisir l’émotion que je reçois au moment de l’écoute. Par la suite, j’essaye de reproduire cette émotion, de reproduire ce que j’avais ressenti au moment d’écouter la chanson. Il y a des moments où ça fait mouche, et il y a des choses plus difficiles parce que je n’ai pas la technique suffisante, par exemple, Et maintenant que vais-je faire de Gilbert Becaud, une chanson que j’aime énormément, mais je n’ai pas encore trouvé la façon de la poser à la guitare avec mes moyens un peu limités. Pour l’instant je la laisse de côté et je travaille jusqu’à ce que je puisse la rendre. Par contre avec Aznavour, beaucoup d’arpèges passent tous seuls. Je suis toujours plus à l’aise avec lui. Je pense à La Bohème, ou Emmenez moi au bout de la terre, j’ai trouvé la rythmique qui me convenait.

Dans ton expérience de chanteur de rue, ton passage à Mam Talent a-t-il changé quelque chose ? 

Il y a comme un après Mam Talent qui commence. Jusqu’à maintenant, je jouais de façon très modeste avec ma guitare dans la rue sans signes distinctifs particuliers. Après la diffusion de la chanson, j’ai eu beaucoup de demandes sur Facebook qui m’ont poussées à créer une Fan page et à laisser une affiche devant moi dans la rue pour que les gens puissent me chercher sur Facebook. Il y a un grand élan de popularité depuis 3 semaines. Les gens ont tendance à me reconnaître, ils consultent la page Facebook, certains me filment ou se prennent en photo avec moi, il m’envoient leur photo de façon à ce que je puisse la mettre sur la page.

Certains me demandent aussi de chanter des chansons qui leur plaisent et la recette est également meilleure. Il y a en engouement autour de ce que je propose. Je ressens une différence énorme.

Qu’est-ce que tu aimes dans ton expérience de chanteur de rue ? 

J’apprécie beaucoup le contact visuel avec les gens. Les gens qui se laissent capter, qui se laissent regarder et qui sentent que je veux leur transmettre l’émotion qui est en moi. J’aime quand les gens me sourient ou me demandent une chanson en particulier. Une fois, une dame m’a demandé de travailler la chanson Hier encore de Charles Aznavour. Elle voulait m’inviter à donner un récital pour son mariage. J’ai l’impression que certaines personnes se retrouvent dans ma musique et dans l’ambiance que j’essaie de créer.

Retrouver la page Facebook de François Martineau.

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