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Claire de Castelbajac : que ma joie demeure

Nos chemins ont dû se croiser, quand nous étions étudiants à Toulouse ou dans le Gers où j’ai débuté . Mais personne, en ce début des années 70, ne pouvait deviner le destin prophétique de cette jeune fille.

 

 

Rien d’extraordinaire dans la courte vie de Claire. Née en 1953 à Paris, elle passe une partie de son enfance au Maroc où son père est directeur de banque. Mais c’est la maison familiale de Lauret, dans le Gers, qui devient son port d’attache à la fin des années 50. Elle fait ses études dans un pensionnat catholique de Toulouse. Son bac en poche, elle étudie un an l’histoire de l’art à l’université, puis est admise à 19 ans au Restauro, une prestigieuse école de restauration d’œuvres d’art située à Rome. Elle y mène une vie d’étudiante plutôt insouciante. Très attachée à son terroir gascon où elle revient souvent, elle souhaite s’y installer plus tard pour y exercer son métier. Elle passe plusieurs mois à Assise et participe à la restauration des fresques de Giotto . Pour les vacances de Noël 1974, elle rentre à Lauret. Elle n’en reviendra pas : elle meurt le 22 janvier 1975, à 21 ans, d’une méningite foudroyante. [1]Les principales données biographiques se trouvent dans le livre de Dominique-Marie Dauzet : Claire de Castelbajac, que ma joie demeure, Presses de la Renaissance 2010 

L’histoire de Claire aurait du s’arrêter là. Sa mère, Solange de Castelbajac, a conservé ses lettres, plus de 800 écrites depuis qu’elle est partie à Toulouse . En rangeant les affaires de Claire, elle trouve un papier sur son bureau : « C’est au poil, la vie » Et voila qu’elle reçoit de plus en plus de courrier : des lettres de ses camarades de classe, de ses amies de Rome, de ses professeurs . Toutes témoignent du bonheur qui émanait d’elle, de sa joie de vivre, de sa fidélité en amitié, de la profondeur de sa foi . Des personnes disent avoir obtenu des grâces par l’intercession de Claire . On  demande à la maman d’éditer sa correspondance. Sur le conseil de son frère, le père carme Philippe de la Trinité, Solange de Castelbajac se met au travail.

En 1978, un premier ouvrage sort intitulé « Claire de Castelbajac 1953-1975 ». Son tirage limité a été financé avec l’argent que les parents de Claire avaient mis de côté pour sa future installation. Il est distribué en priorité aux personnes qui ont connu Claire. Il devra vite être réédité. Sur le conseil d’un prêtre, Mme de Castelbajac envoie un exemplaire à Mgr Maurice Rigaud, archevêque d’Auch. Quelque temps après, celui-ci l’invite à venir le rencontrer : de son point de vue, Claire est canonisable. La maman met plusieurs jours à se remettre du choc . Bien sur, elle connaissait la piété de Claire, l’abondance des amitiés qu’elle avait nouées. Sa fille avait fait un voyage en Terre Sainte en 1974 . Solange avait bien vu que, quelque semaines avant sa mort , il s’était passé quelque chose à Lourdes devant la grotte. Elle avait aussi entendu les derniers mots de Claire à l’hôpital: « Je vous salue, Marie… ».  Mais de là à imaginer…

Non loin de Lauret se trouve le monastère de Boulaur. Les cisterciennes ne sont plus que cinq, le monastère va fermer . A l’occasion de la visite de l’Abbé Général de Cîteaux Dom Sighard Kleiner, les sœurs lui offrent le livre. Le moine le parcourt pendant la nuit. Le lendemain, il dit aux sœurs de prier Claire. Quelque temps après, il demande un signe fort de sa puissance d’intercession  : il veut qu’elle envoie cinq novices à Boulaur dans l’année [2]Dom Kleiner attribuera sa guérison d’un cancer en 1985 à l’intercession de Claire . Les cinq se présenteront. La première s’appelle Claire. [3]Les moniales sont aujourd’hui près de 40 et ont fondé un autre monastère dans l’Aude

La cause de la petite gasconne sera dès lors soutenue par l’ordre cistercien et son dossier part à Rome en 2010. Le corps de la « servante de Dieu » est transféré dans la chapelle de Boulaur, où Solange de Castelbajac viendra vivre jusqu’à sa mort.

Quel est le secret de Claire ? 

Une de ses amies écrit à sa mère : « Claire a conquis d’un seul coup la couronne que tant d’autres ne reçoivent qu’au bout de de longues années. Elle ne vous a donné que des joies à tous les deux » De fait, la sainteté de Claire est un fruit de l’éducation donnée par sa mère. « Elle est née dans un berceau de foi » dit sa cousine Madeleine . Une foi liée à un amour profond, que Claire rendait bien à ses parents. Le premier mot qu’elle apprit à dire, toujours selon sa cousine, fut « Jésus » [4]Témoignage retransmis sur Radio Présence le 30 janvier 2019

 

La tombe de Claire dans la chapelle de  Boulaur

 

Ecoutons Mère Emmanuelle Desjobert, postulatrice de la cause : « Claire a compris très jeune que le bonheur était un choix et qu’être heureuse était la manière de remercier l’Auteur des biens reçus et ceux qu’elle aimait appeler ses « débiteurs du bonheur ». Cela aura été pour elle un véritable moteur de sa vie spirituelle. Non seulement elle a compris que c’était un choix, mais elle l’a compris également comme un devoir de justice qui s’imposait à elle. Elle devait être heureuse et emmener à sa suite ceux qui l’entouraient sur ce chemin du bonheur. » [5]Mère Emmanuelle Desjobert, Prier 15 jours avec Claire de Castelbajac, Nouvelle Cité 2018 

« Je suis tellement heureuse que si je mourais maintenant, je crois que j’irais au ciel tout droit, puisque le ciel c’est la louange de Dieu, et j’y suis déjà », confie Claire à sa mère quelques jours avant sa mort. Sa vocation sur terre était accomplie. Elle se poursuit au Ciel mais, comme dit Madeleine de Castelbajac, « il faut la secouer ! »

References

References
1 Les principales données biographiques se trouvent dans le livre de Dominique-Marie Dauzet : Claire de Castelbajac, que ma joie demeure, Presses de la Renaissance 2010
2 Dom Kleiner attribuera sa guérison d’un cancer en 1985 à l’intercession de Claire
3 Les moniales sont aujourd’hui près de 40 et ont fondé un autre monastère dans l’Aude
4 Témoignage retransmis sur Radio Présence le 30 janvier 2019
5 Mère Emmanuelle Desjobert, Prier 15 jours avec Claire de Castelbajac, Nouvelle Cité 2018
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