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Luthier, un métier qui rend plus humain…

Lors d’un événement culturel à Salvador de Bahia (Brésil), André-Marc Huwyler, luthier genevois, partage sa passion pour son métier. David Matos, son élève bahianais, l’accompagne et exprime son admiration pour le dévouement de son maître qui bouleverse sa vie.

André-Marc Huwyler et David Matos

André-Marc Huwyler est arrivé pour sa cinquième visite en Bahia pour se mettre au service du Neojibá* de Salvador da Bahia et et transmettre son savoir-faire. En effet, Il a récemment ouvert un atelier de lutherie bien outillé et forme petit à petit le jeune David Matos qui avoue avoir réparé, il y a quelques années, son violoncelle avec une fourchette et celui d’une amie avec de la colle ! Avec plus de 200 jeunes musiciens au sein des orchestres du Neojibá, cet artisanat devenait indispensable.

André-Marc Huwyler est passionné par son métier avec plus de trente ans de fabrication et surtout de réparation de violons et violoncelles. Il porte en lui depuis bien longtemps le souci de partager son savoir-faire. Dans son art, tout doit être effectué avec grande minutie et précision. Dès le départ, choisir le bois est un travail de recherche car seulement un arbre sur dix mille est utilisable pour chaque espèce utilisée dans la fabrication d’instruments à cordes. Le choix et la manière de poser et faire sécher le vernis est aussi très délicat. En cela, André-Marc Huwyler possède un œil expert et une expérience incomparable qu'il aime transmettre.

David Matos, un jeune de la Bahia, toujours attentif au moindre conseil de Marc-André, témoigne ainsi sa reconnaissance de pouvoir apprendre ce métier à la suite de son maître : « J’habite dans un quartier un peu violent, et, travailler avec des instruments tellement fragiles tellement spéciaux, cela te laisse avec une sensibilité …, c’est un peu difficile à expliquer mais c’est comme si j’étais plus humain. » Et il ajoute encore : « Maintenant, à l’heure où je parle, l’orchestre Neojiba joue du Chopin avec le maître Ricardo Castro (pianiste de renommée international et directeur de Neojiba). Et moi qui joue du violoncelle, si je ne suis pas physiquement assis avec l’orchestre, je fais de la musique en chacun des instruments de l’orchestre qui vibrent : par le montage de chaque instrument, de chaque âme. Je fais de la musique dans le plus profond de chaque instrumentiste qui est assis sur scène. »

La rencontre s’achève par une pièce de Vivaldi dont nos deux protagonistes font partie, l’un au violon et l’autre au violoncelle. Cette rencontre terminée, toute la salle fut émue et admirative par l'amour qu'a André-Marc Huwyler pour ces instruments et son élève. Un amour qui le pousse à se donner totalement en prenant de son temps pour visiter trois fois par an sa lutherie et aider les jeunes à se découvrir eux-mêmes riches d'une grande humanité.

*Neojibá est un programme de formation qui met en place des orchestres et des chorales pour les enfants et les jeunes de l'État de Bahia, en se concentrant sur la réalisation et l'intégration sociale par la pratique de la musique.

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1 Commentaire

  1. Isabelle Rossy

    Lorsque l'amour du beau répond aux besoins vitaux là où la politique est impuissante.
    Et si le chef d'un gouvernement avait la fibre d'un chef d'orchestre, tout un chacun dans le pays serait fier et riche de ses savoirs.
    Merci pour ce rayon de chaleureux espoir.
    Isabelle