Home > Santé > Le SIDA a 30 ans

d'Albane de Monts         27 juin 2011

Juin 2011 marque les trente ans du début de l’épidémie du SIDA. Bruno Spire, président de l'association Aides, confiait au Figaro il y a quelques jours : « Autant on a fait des progrès scientifiques incroyables qui permettent aux séropositifs d'avoir une espérance de vie quasi-normale, autant le regard de la société sur les personnes infectées par le virus est toujours négatif. Il est toujours aussi difficile de dire à son voisin de bureau qu'on a le sida. C'est même peut-être devenu plus difficile parce qu'avant, les gens mourraient, donc il y avait un peu de compassion. Maintenant les gens ne meurent plus, donc il n'y a plus de compassion. »

Enfants en Inde avec le sida lors d'une représentation CC BY-SA Sistak

Après trente ans de recherches scientifiques pour essayer de vaincre le virus VIH, aucun traitement curatif n’est encore capable de l’éradiquer, plus de trente-quatre millions de personnes vivent aujourd’hui avec le Sida. La science peut cependant se vanter d’offrir une certaine réponse au virus par la trithérapie ou le préservatif et pourtant ni l’un ni l’autre n’offre une véritable réponse aux personnes séropositives. Elles survivent au SIDA mais le malaise reste le même, les préjugés et la discrimination sont difficiles à combattre. « Je ne suis pas en train de mourir du SIDA mais de solitude. » confiait un ami malade à l’un des membres de Points-Cœur. Le SIDA isole. A New York, combien d’hommes et de femmes se « cachent » de leurs familles dans des maisons médicalisées pour sidéens, n’osant pas avouer leur séropositivité à leurs proches.

Au Ouganda, Vicky, enceinte de son troisième enfant à 42 ans, voit son mari la quitter pour lui avoir refusé l’avortement. Quelques années plus tard elle comprend sa réaction en découvrant sa séropositivité et celle de son enfant. Sa vie bascule, ses amis s’éloignent, elle perd son travail… Elle raconte comme elle sombrait dans le désespoir et une solitude toujours plus grande, jusqu’au jour où elle a rencontré Rose, directrice du « Meeting Point » de Kampala. « Son regard portait les rayons de l’espérance et de l’amour. […] Cette rencontre a ressuscité ma vie parce que si Rose peut me regarder de cette manière-là, à quoi doit donc ressembler la face même de Dieu ? »

Comme Rose, des hommes et des femmes d’Eglise engagés auprès des personnes les plus pauvres et les plus souffrantes dans le monde, ont vu l’épidémie du Sida dévaster la vie de nombreux de leurs amis. Petit à petit ils ont aussi découvert combien la plus grande souffrance des malades est cette stigmatisation qui accompagne la maladie, l’isolement qui en découle, ils ont alors compris l’urgence de porter un regard neuf sur ces personnes… Les hôpitaux, les cliniques, les dispensaires, les orphelinats, les centres d’accueil fondés et pris en charge par des communautés religieuses sont autant de lieux où des hommes donnent leur vie pour sauver l’humanité de ces personnes, pour répondre à leur soif d’être regardés avec compassion et tendresse. Comme Vicky, beaucoup de malades, à travers de telles rencontres, vivent maintenant avec espérance et dignité.

La réponse au réel virus de l’isolement n’est finalement pas tant la distribution massive de préservatifs ou divers traitements médicaux mais un regard de compassion sur un homme, un regard qui élève et donne le désir de vivre, un regard qui reconnaît la grandeur de l’homme indépendamment de sa séropositivité. Depuis trente ans, à travers de nombreux missionnaires, de religieux, de volontaires et d’institutions au service des personnes séropositives, l’Eglise offre une réponse alternative, plus totalisante, qui s’adresse au véritable désir de l’homme : celui d’être regardé et aimé sans être jugé.

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