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La théorie du gender dans les manuels scolaires

de Julie Verdant

Inscrite officiellement dans les nouveaux programmes de SVT de Première (S, L et ES), la doctrine du gender fera désormais partie de l’enseignement obligatoire des lycées français à partir de la rentrée 2011. Quelques éléments pour comprendre cette théorie derrière laquelle se cache une idéologie qui nie la différence sexuelle et la complémentarité naturelle entre l’homme et la femme.

 


©2006 Jorge Balarezo – City on Fire
 

La théorie du genre

Le féminisme a « engendré » la théorie du genre, immédiatement « adoptée » par le lobby homosexuel aux  Etats-Unis dans les années 70. La philosophe américaine Judith Butler, initiatrice de ce mouvement, a publié aux Etats-Unis en 1990 l’ouvrage "Gender Trouble : Feminism and the subversion of Identity” qui demeure le modèle incontournable des programmes universitaires anglo-saxons sur la question : il est important de souligner qu'elle revient aujourd'hui sur ses positionnements. Malgré tout, la plupart des campus américains sont actuellement pourvus de leur département de gender studies. Toutefois, cette théorie n’aurait pu acquérir l’influence qu’elle exerce aujourd’hui sur la scène internationale sans la tenue en 1995 de la Conférence des Nations-Unies de Pékin sur la femme qui en a fait le cadre porteur d’une société nouvelle où les comportements sexuels seraient enfin débarrassés de leurs « archaïsmes moraux et religieux », c'est-à-dire chrétiens.

Quelques éléments essentiels de cette théorie :

Le gender nie la complémentarité naturelle entre les sexes

Derrière le concept de "gender" se cache une idéologie qui nie la différence sexuelle et la complémentarité naturelle entre l’homme et la femme. Le mot sexe qui renvoie trop à une détermination objective et naturelle est remplacé par celui de genre où féminin et masculin sont des constructions socio-culturelles purement arbitraires qu’il est possible de défaire. Nous assistons là à la destruction de toute vision anthropologique.

Selon cette perspective anthropologique, la nature humaine n’aurait pas en elle-même des caractéristiques qui s’imposeraient de manière absolue : chaque personne pourrait se déterminer selon son bon vouloir, dès lors qu’elle serait libre de toute prédétermination liée à sa constitution essentielle. Le gender promeut une anthropologie qui refuse que la différence sexuelle inscrite dans le corps possède naturellement un caractère identifiant pour la personne. L'homme se choisit, il se fait entièrement lui-même. Plus rien ne lui est donné. Il s'agit d'affirmer une sorte de liberté absolue de l'être humain : la liberté s'entend ici dans un sens erroné, celui d'être dépourvu de tout déterminisme. Douce illusion, car que nous le voulions ou non, nous naitrons toujours dans un certain lieu, un certain milieu, une certaine culture, une certaine époque ! Avec la théorie du gender, la liberté n'est plus une capacité à choisir ce qui me correspond, ce qui me rend pleinement heureux, une capacité de dire oui à ce pour quoi je suis fait.  Elle devient une capacité de dire non, de rejeter tout ce que je ne choisis pas. La liberté (la fausse liberté) est désormais recherchée pour elle-même. Elle devient une pure liberté "de". Il s'agit d'être libre de tout. Mais libre pour quoi ? Pour quoi être libre de tout déterminisme si nous n'allons nulle part ? Avant de prôner une liberté "de", n'est-il pas fondamental de prôner une liberté "pour"? Liberté pour aimer, liberté pour se réaliser pleinement, pour aller au bout de soi-même, de sa vocation.

Pour le gender, l’homme et la femme n’ont pas de dynamisme naturel qui les pousserait l’un vers l’autre, seuls les conditionnements sociaux rendraient compte de cette soi-disant inclination. Nous nous trouvons ici face à une négation de l'amour et une désacralisation de la sexualité. L'attirance est dictée par la culture, elle est construite par la société, elle n'est qu'un déterminisme.
Conséquence logique du raisonnement, avec la théorie du genre, l’orientation sexuelle est clairement déconnectée de l’identité sexuelle : « Je peux être un homme et être attiré par les femmes. Mais je peux aussi me sentir 100% homme viril et être attiré par les hommes. Et je peux être une femme attirée par les hommes ou une femme attirée par les femmes », nous dit le manuel Belin (p. 133) qui sera distribué aux élèves de Première à la rentrée.

Le gender est particulièrement difficile à contrer intellectuellement. Vous aurez beau accumuler des arguments fondés sur la nature et la raison, vos adversaires vous rétorqueront qu’ils ne sont que la résultante de facteurs culturels, et qu’ils vous semblent d’autant plus évidents qu’ils ont une position hégémonique dans la société. Au fond, cette prise de position idéologique n'est-elle pas elle-même très déterminée par la mentalité ambiante d'émancipation totale vis-à-vis de tout repère ? On entre finalement dans un schéma relativiste qui tend vers le totalitarisme. Une personne qui n'entre pas dans ce schéma est qualifiée d'intolérante, d'archaïque. Pourtant, est-ce réellement rendre service à l'humanité que d'affirmer que tout se vaut ? Est-ce vraiment agir en homme que de décider de ne plus porter de jugement sur rien ?

Cette théorie devrait avant tout être appelée idéologie puisqu'elle constitue un refus de regarder la réalité telle qu'elle est, une négation pure et simple d'un donné incontestable : l’altérité sexuelle de l’homme et la femme. Elle pose une question de fond : au nom de quoi ce qui est donné à l'homme ne pourrait-il pas être une richesse pour lui, au nom de quoi son identité sexuelle ne serait-elle pas une dimension de son être à épanouir pour devenir pleinement heureux ? L'homme veut être créateur de lui-même, maitre absolu de sa propre vie. En quoi cela le rend-il plus heureux ? Cette théorie consiste en une négation profonde de la richesse et de la beauté propres à chaque sexe, une négation de la vocation de l'homme, de la vocation de la femme.

Sous prétexte de défendre les femmes, la théorie du genre affirme que la femme ne présente aucune spécificité, n'apporte rien de particulier à la richesse de l'humanité, à la beauté du monde. Elle lui demande de devenir "un homme comme les autres" pour être respectée…Sous prétexte d'en venir enfin à l'égalité des sexes, elle en vient à déclarer que l'homme et la femme sont exactement les mêmes. Pourtant, l'égalité n'est pas l'identité.

Le gender au programme des lycées

Le gender qui fait déjà l’objet d’un enseignement obligatoire à Science-Po sera également enseigné en cours de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) dans toutes les classes de Première à partir de la rentrée. Le ministère de l’Education l’a en effet inclus dans le module « Féminin/Masculin » au programme de cette matière et plus particulièrement dans les nouveaux chapitres « Devenir homme ou femme » et « Vivre sa sexualité », qui prendront place après la partie consacrée à la « Maîtrise de la procréation » (Bulletin officiel spécial n. 9 du 30 septembre 2010, Thème 3-A).

On trouve ainsi ce texte dans le manuel Nathan : « Les sociétés forgent des modèles et des normes associés au féminin et au masculin. Dès le plus jeune âge, chacun va inconsciemment être imprégné par un schéma identitaire auquel il doit se conformer pour être accepté et reconnu par le groupe social. Ces attitudes sont tellement intériorisées que nous reproduisons les stéréotypes sans nous en rendre compte » (p.190)

Les libéraux-libertaires ont fait une propagande effrénée dans le monde entier pour banaliser cette conception et délégitimer les représentations communément admises jusque là. Ce qu’on ne sait pas encore en France, c’est que la théorie des genders se trouve actuellement en crise et provoque des remises en cause de la part de ses concepteurs, comme Judith Butler. En effet, on finit par s’apercevoir que c’est la structure morale fondatrice de notre humanité qui se trouve finalement détruite par l’arbitraire. 

Quelle que soit son orientation sexuelle, l’homme reste intrinsèquement un homme et la femme reste intrinsèquement une femme.

Les livres SVT faisant l’objet de critiques graves par un grand nombre d’associations, nient cette réalité objective : « L’identité sexuelle est la perception subjective que l’on a de son propre sexe et de son orientation sexuelle… Seul le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle, mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou féminin…L’orientation sexuelle doit être clairement distinguée du sexe biologique de la personne » (Livre SVT, Hachette)

Nous devons revenir à la réalité biologique de la condition humaine. Avant même l’apparition des organes génitaux, le futur sexe de l’embryon est codé par ses chromosomes XX ou XY. Cette réalité génétique est bien irréductible à tout être humain. Les chromosomes XX ou XY seront à jamais inclus dans le noyau de chaque cellule humaine. Cette distinction inscrite dans les chromosomes de chaque être humain est irréductible. C’est un fait et non une opinion.  Le nier nuirait gravement à la cohérence et à la paix de notre société.

Je terminerai avec ces paroles que Mère Teresa a adressées aux femmes lors de la Conférence mondiale des femmes à Pékin en 1995 :

"Je dois dire que je n'arrive pas à comprendre pourquoi certains affirment que l'homme et la femme sont exactement les mêmes et qu'ils en viennent même à nier la beauté des différences qui existent entre l'homme et la femme. Les dons de Dieu sont tous également bons mais ils ne sont pas nécessairement les mêmes. Je réponds souvent à ceux qui me disent qu'ils aimeraient pouvoir servir les pauvres comme je le fais : “Ce que je fais, vous n'êtes pas en position de le faire. Ce que vous faites, je ne suis pas en position de le faire. Mais vous et moi ensemble, nous pouvons faire quelque chose de beau pour Dieu.”
Il en va ainsi des différences entre l'homme et la femme.
Dieu a créé chacun de nous, chaque être humain, en vue d'une plus grande chose : aimer et être aimé. Pourquoi Dieu nous a-t-il créés, les uns hommes, les autres femmes? Parce que l'amour d'une femme est l'un des visages de l'amour de Dieu. L'amour d'un homme est un autre visage de ce même amour. L'homme et la femme sont tous les deux créés pour aimer, mais chacun d'une manière différente ; l'homme et la femme se complètent l'un l'autre, et tous les deux ensemble manifestent l'amour de Dieu beaucoup mieux qu'ils ne le pourraient chacun séparément.
"

Pour en savoir plus : "la Théorie du Gender", Colloque de l'Observatoire l’Observatoire Socio-Politique Diocésain à la Faculté de droit de Toulon du 17 au 18 septembre 2011.

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3 Commentaires

  1. Bruno ANEL

    Merci pour ce résumé fort instructif et bien utile. Mon professeur de philosophie, un jésuite, nous apprenait que  toute théorie est basée sur quelque élément de vérité, faute de quoi elle ne serait pas crédible. Sur quelle réalité concrète, même trés partielle, s'appuie la théorie du genre ? Nous sommes incontestablement hommes ou femmes, biologiquement et psychologiquement. Mais il n'est pas faux que l' éducation que nous recevons peut influencer la représentation que nous nous faisons de notre identité sexuelle. Comme formateur de jeunes, j'ai pu constater par exemple la difficulté à convaincre des jeunes filles de s'interesser à des métiers qu'elles considéraient a priori comme n'étant "pas pour elles".

  2. Paulo

    Ce qui est domage dans cette mentalite tres francaise, c est qu il en resulte beaucoup de frustrations: finalement les hommes cherchent de vraies femmes, el les femmes de vrais hommes!

  3. Judith Butler n'a pas inventé les théories sur le genre et il existe de nombreuses et contradictoires théories sur le genre (ou, comme on dit souvent en France, les "Rapports sociaux de sexe").
    Le genre est une catégorie d'analyse. Ce n'est pas une idéologie individualiste pronant de choisir son sexe mais l'analyse d'un fait social : la manière dont notre société (discours eccésial, lois, éducation, brimades, discriminations, poids des références historiques, etc.) construit notre identité et les rapports entre femmes et hommes. Il faut vraiment être de mauvaise foi pour ne pas admettre que les femmes du 19e siècle privées de droit de propriété, d'activité salariée, de tutelle de leurs enfants, de responsabilité juridique, sont les mêmes femmes que celles d'aujourd'hui. Idem pour les hommes. Regardez même n'imorte quel film des années 50 et cela saute aux yeux que nos identités et nos rapports évoluent.
    Aucune féministe ne prétend qu'il faut pour les femmes devenir commes les hommes. Pour la simple raison que l'identité des hommes actuels est construite sur un rapport de pouvoir avec les femmes.
    Les théories sur le genre ne nient pas les différences biologiques qui permettent la reproduction sexuée. Pensez-vous vraiment que ces universitaires soient si bêtes ? Elles et ils nient qu'il y ait un rapport de cause à effet évident entre ces caractéristiques primaires et ce que nous appelons un homme ou une femme. C'est un constat de bon sens : tout le monde dit qu'il y a des humains femelles "peu féminines" ou "garçons manqués" et des humains mâles "peu masculins" ou "efféminés". Masculin et féminin sont manifestement des injonctions, des enjeux, plus que des caractères biologiques.