Pour la premier fois cette année, une équipe de Points-Coeur s'est déplacée en Pologne pour former des jeunes qui vont être envoyés en mission. Récit de la rencontre avec la famille d'accueil de ce stage de formation.
Michał et les jeunes en formation © Points-Coeur
En guise de deuxième semaine du stage de formation pour les polonais qui partent en mission avec Points-Coeur, nous nous sommes retrouvés dans une magnifique maison de campagne au nord de la Pologne. Nous attendaient Ania, Marek, Michał et Magda, amis de longue date de Joanna, ancienne volontaire en Argentine et au El Salvador. Pour comprendre le rôle que nos hôtes ont joué durant cette semaine, il faudrait donner la parole à chacun des jeunes. L'une disait lors du tour de table conclusif : "tout ce que nous avons entendu cette semaine a pris chair dans le témoignage d'amour de cette famille".
Michał attendait notre visite comme un enfant qui n’imagine pas un instant être déçu. Sa joie fut de nous présenter sa maison, sa forêt, les animaux de la ferme. Prenant continuellement des nouvelles de chacun, il veillait à ce que le pauvre français que j’étais ne rate aucune des conversations et se tournait régulièrement vers Rafał pour traduire les sujets du cœur ou les sujets pour rire. C’est à ce titre qu’il se faisait régulièrement le fidèle interprète de sa sœur Magda que nous n’écoutions pas toujours assez attentivement.
Magda © Points-Coeur
Magda elle, parle peu mais regarde beaucoup, écoute beaucoup. Elle demande pour seule attention une main dans sa main, un son de voix, une caresse ou une étreinte. Elle ne comptabilise pas comme nous puisqu'elle n'est jamais rassasiée de recevoir ou de donner de l'amour. La seule présence de l'être aimé suffit à la faire rire, chanter, jubiler. Le départ d'un être cher, son absence dans la pièce ou son manque d'attention, suffisent aussi à lui arracher les larmes les plus bouleversantes. D'une mémoire précise et d’une grande attention, elle prend des nouvelles de chacun, s'enquiert d'une situation dont nous avons parlé distraitement deux jours avant. A la chapelle, nous l'entendons chanter des psaumes entiers alors qu'elle n'enchaîne souvent pas plus de trois mots. Les personnes qu’elle appelle auprès d’elle sont « mama », « kapłan » (ce qui veut dire prêtre),« głos » (ce qui veut dire voix), tout appelle à la relation.
Magda et Michał bénéficient de la présence discrète et attentive, d'Ania et Marek, qui ont reconnu dans le handicap de leurs deux enfants, une invitation à tout vivre au niveau du cœur. Chez eux, on ne compte pas, tout est fait dans une surabondance qui ne peut que rappeler celle de l’Evangile. Nous nous demandions au début de la semaine pourquoi avoir fait tant de chemin pour aller se perdre dans la campagne nord-polonaise ; c’était pour découvrir une terre de compassion.
Merci beaucoup, P. Clémnet ! Je suis très touchée par ce magnifique témoignage !
Le titre aurait pu être quelque chose comme "vivre au niveau du coeur" ;-)
Quel cadeau pour vous et pour nous que cette semaine après l’ Ukraine! Et quel témoignage très fort,merci de ns l’avoir fait partager.
Rencontre entre "âmes missionnaires"
Hier, à la faveur d'un long trajet en avion, j'étais plongée dans le dernier opus autobiographique du psychanalyste jungien Guy Corneau "Revivre" qui relate sa traversée du cancer. Dans sa tentative de découvrir le sens psychologique et spirituel de la maladie, voilà ce qu'il écrit : " Toutefois, il y a des souffrances difficiles à expliquer, la souffrance des enfants est de celles-là. Elle oblige à un élargissement extrême du cadre de réflexion.On doit parfois se consoler en constatant seulement combien cette souffrance transforme les proches aidants en profondeur dans leur coeur. Elle nous invite sans cesse à lutter pour une humanité plus respectueuse de la vie. Sur cette route, on en arrive même à penser à des âmes missionnaires venues, au fond,nous faire évoluer" (chapitre 3, la part oubliée, Aspect psychosomatique d'une maladie).