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L’Inde, un nouvel eldorado pour les entrepreneurs ?

De Cécile-May Lamiot. 

Olivier et son neveu Arnaud sont deux entrepreneurs qui ont su saisir les opportunités que leur offre l’Inde. Las des difficultés et des barrières que notre société occidentale normalisée impose aux entreprises, ils ont créé à Pondichéry l’hôtel Mango Hill et n’hésitent pas à se lancer dans de nouveaux projets. Entretien avec Olivier :

Comment vous est venue l’idée d’entreprendre un hôtel en Inde ?

J’ai 73 ans. Que serais-je en France à cet âge-là ? Aurais-je pu construire un hôtel comme celui-là ? Sincèrement, non. Je suis architecte, j’ai pris ma retraite à 66 ans. Une amie m’a proposé de venir avec elle à Auroville (lieu de méditation à côté de Pondichéry) où elle se ressource chaque année. J’y suis resté 3 semaines : le coté zen de l’Inde ce n’est pas mon truc. Par contre je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire ici, une opportunité à saisir.
Arnaud mon neveu de 20 ans de moins que moi est designer de meubles. Il avait une chaine de magasins en France. Les grosses entreprises telles qu'IKEA et les normes européennes devenues de plus en plus rigides l’ont obligé à fermer. Nous nous sommes lancés tous les deux dans cette aventure. Sa femme et ses enfants nous ont rejoints. Nous avons la passion d’entreprendre en commun, de vouloir créer un projet à notre image et d’y arriver. Il faut de la passion pour entreprendre.

Qu’entendez-vous par « un projet à votre image » ?

J’ai été architecte toute ma vie. Quand un client fait appel à vous, il y a très souvent de nombreuses contraintes. Pour moi qui suis un créatif, le résultat est empiété par beaucoup de choses.
C'est moi qui ai dessiné l’hôtel avec Arnaud. Entre mon neveu et moi, il n’y a pas eu d’intervenants extérieurs. En Inde, il y a très peu de normes mais cela ne nous empêche pas d’avoir des normes dans la tête. Ici rien n’est vraiment organisé. Au début il n’y avait pas d’égoûts, pas d’accès à l’électricité etc.
Il a fallu tout penser de A à Z par nous-mêmes. Soyons positifs, cet hôtel nous avons pu le construire ! Nous l’avons créé à notre image, nous l’avons créé le mieux possible, nous avons été au bout de ce que nous pouvions faire avec les moyens que l’Inde nous offre.

Quels aspects positifs voyez vous en Inde ?

L’Europe devient une région du monde complètement normalisée et codifiée au plus haut point. Ce sont des montagnes de normes qui écrasent les entrepreneurs. Ici, la différence c’est qu’il n’y a quasiment pas de normes et l’on peut mieux créer que dans un pays trop structuré qui nous stoppe à chaque pas. Arnaud a ouvert un magasin de meubles à Pondichéry et nous nous diversifions dans la vente et la production de fromages. Nous les fabriquons dans notre fromagerie que nous venons de reconstruire. Nous produisons 7 à 8 sortes de fromages européens, notre principe étant de ne rien importer. Nous pouvons nous exprimer et entreprendre plus facilement qu’en France.

Mais avec le sentiment que rien n’est sûr ?

Si l’on veut être sûr de tout, on ne fait rien. C’est la mentalité française qui veut avoir sa retraite avant d’avoir travaillé !

Grâce à l’architecture de l’hôtel et aux différentes gammes de charcuteries, fromages et plats français qu’offre votre restaurant, votre établissement est réputé pour sa «french touch». Etait-ce votre projet depuis le départ ?

Nous n’aurions pas su faire autrement. Arnaud et moi, nous ne sommes pas venus en Inde pour devenir indiens. Nous avons emporté nos racines avec nous. Cela plaît à nos clients : 80% d’entre eux sont indiens. Nous sommes certainement un peu fous ; si l’on avait imaginé au départ ce que cet hôtel est devenu et tout ce que nous avons développé, nous ne l’aurions probablement jamais entrepris !

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