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Suite au massacre de Newtown : oser croire, oser aimer !

de Laetitia Palluat de Besset   16 janvier 2013
Temps de lecture 4 mn

Le 14 Décembre dernier, toute la ville de Newtown, Connecticut, était plongée dans l’effroi de la tragédie qui a fit la une des journaux partout dans le monde. Un mois après, les mots de l’homélie du Père Peter Cameron restent comme imprégnés dans nos cœurs, comme une clé pour lire cet événement, comme une source d’espérance.


CC BY-NC NorthEndWaterfront.com

Il y a un mois, la petite ville tranquille de 27000 habitants à quelques heures au Nord de New York était tout à coup saisie d’effroi. En son sein un jeune homme, tout à coup, devenait assassin, laissait 26 familles en deuil et un pays entier sous le choc. Ceci dit, Newtown n’est pas complètement ordinaire. Sa paroisse catholique est particulièrement vivante et réputée pour sa foi. Dès le lendemain de la tragédie, celle-ci accueillait des milliers de personnes pour prier, pour comprendre que faire de cela, pour contempler cet événement sous le regard de Dieu. Et le curé, le père Peter Cameron, sut tout de suite renvoyer ses paroissiens à leur foi pour croire que le mal n’a pas le dernier mot, pour oser aimer encore. Il partageait dans son homélie du dimanche 16 Décembre 2012 :

« L’Evangile met en valeur l’attente du cœur des disciples de Jean-Baptiste : "Ils étaient plein d’attente"… Tout comme les habitants de Newtown aujourd’hui : s’ils étaient si nombreux dans l’église lors de la veillée de l’évènement, c’est qu’ils attendent quelque chose. Attente de Quelque Chose de Plus que le mal atroce qui leur est tombé dessus, quelque chose de plus que les ténèbres, quelque chose de plus que le désespoir. Cette attente est un cadeau. Un cadeau qui vient de Quelqu’un, qui vient de Dieu. Cette attente leur donne le désir d’être unis à la source de cette attente, et ils ont suivi leur cœur en posant cet acte d’espérance de venir jusqu’à l’église, seul geste réellement raisonnable. En trouvant la source de cette attente, nous savons que le mal ne gagne pas, que les ténèbres n’ont pas le dernier mot. Nous sommes remplis de l’attente de quelque chose de plus, car Dieu veut nous donner quelque chose de plus et nous savons que Dieu ne déçoit pas. Ce "plus" est la joie. Et, comme le dit Benoit XVI, la véritable joie consiste dans le fait d’avoir une réponse à la question de la mort. Nous avons cela. Nous avons perdu ceux que nous aimons mais nous savons qu’ils vivent pour toujours avec Dieu. La certitude de la joie est celle-ci : que le mal ne peut nous dominer, que l’amour gagne.

Que devons-nous faire ?
Comme les disciples de Jean, les habitants de Newtown ont cette question qui brûle leur cœur, car l’atrocité laisse un sentiment de totale impuissance. Bien sûr, on doit accompagner les familles en deuil. Mais pensons aussi au tueur. Il est dur de penser que personne n’ait vu qu’il était si perdu, qu’il ait pu cacher à quel point il avait mal. C’est un appel à être plus attentifs à ceux qui nous entourent et qui souffrent. Parce que c’est cela, être humain : se donner en sacrifice à ceux qui ont mal et sont perdus, et les aider. La vie est dure, les gens fragiles. Nous avons besoin de regarder dans les yeux de ceux qui sont devant nous et oser regarder leur douleur, leurs blessures. Etre humain signifie prendre ce genre d’initiatives. Prendre le risque de les aimer.

Face à cet événement qui révèle douloureusement combien le cœur de l’homme est en recherche de sens, de paix, de vérité, d’amour infini, la foi n’est pas une option. Elle est la réponse la plus adéquate, réaffirmant notre certitude de l’existence de Dieu, seule réponse à cette quête sans fin que nous sommes. »

Alors que tous ont les yeux rivés sur cette petite ville, c’est finalement un témoignage de foi, d’espérance et de charité qui nous est délivré, le témoignage d’une communauté profondément soudée et croyante. Cette foi « définit les habitants de Newtown », et le père Peter Cameron n’hésite pas à en témoigner, affirmant qu’elle avait depuis longtemps « transformé profondément sa propre vie ». Cette foi en un Christ réel, cette certitude de Lui appartenir et d’avoir besoin de Lui pour être sauvé vient comme affirmer au monde qui vient de célébrer Noël « Courage ! N’ayez plus peur ! Voici notre Dieu qui vient : il va nous sauver. »

 

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