Home > Politique > Robert Scholl, un vrai père

En ce 22 février, nous célébrons les 70 ans de l’exécution de Hans et Sophie Scholl, guillotinés par la justice nazie. Comme membres du groupe de résistants « la Rose Blanche », les deux jeunes de 23 et 21 ans avaient distribué des tracts contre Hitler. L’histoire de la « Rose blanche » est devenue célèbre mais le rôle du père, Robert Scholl, reste souvent méconnu. 

Robert Scholl (1871-1973) fut un politicien bavarois profondément chrétien et libéral. Il fut deux fois emprisonné pendant la guerre pour activités et propos anti-Hitler, d’abord 4 mois puis 18 mois. Il a éduqué ses enfants à être libres et à ne pas se laisser embrigader. La correspondance de Hans est particulièrement imprégnée de ce goût de la liberté ; sur sa cellule il gravera ce mot de Goethe à l’adresse de ses parents : « Résister sans violence » et sur l’échafaud, son dernier cri fut : « Vive la liberté »

Durant son procès, Sophie Scholl assume pleinement sa responsabilité dans l’élaboration, la publication et la diffusion des tracts à l’université de Münich. Elle affirme au juge avoir dit ce que tout le monde pensait tout bas mais sans oser le dire ; elle était pleinement consciente aussi de risquer sa vie en distribuant ces tracts. Pourtant il n’y a pas d’héroïsme ou d’exaltation dans ses propos. Tout au long de son procès, Sophie peut compter sur la présence et le soutien inconditionnel de Robert Scholl. Le père encourage ses enfants à être fidèles à leur conscience, il répète qu’il est fier d’eux.


Sophie et Hans Scholl en compagnie de Christoph Probst

Le juge Roland Freisler est choisi pour faire un procès exemplaire et terroriser les masses. C’est un « soldat politique » d’Hitler venu exprès de Berlin pour crier, humilier et condamner. Le procès est une parodie de justice dominée par la terreur. Malgré la violence du juge, un témoin souligne que les réponses des deux jeunes Scholl sont « calmes, posées, claires et courageuses ». Hans et Sophie Scholl n’ont qu’un avocat commis d’office qui ne les défend aucunement mais prétend avoir honte pour eux. Robert Scholl intervient alors et demande à pouvoir témoigner ou défendre les deux prévenus. Évidemment, le juge Freisler refuse sa demande et le fait chasser de la salle d’audience. En quittant la salle, escorté par deux policiers, Robert Scholl crie devant toute l’assemblée : « Monsieur le Juge, il y a une autre justice ! »


Robert Scholl et une de ses filles

Lorsque la condamnation à mort tombe, le grand frère d’Hans et Sophie, Werner, qui avait été rapatrié du front de l’est pour le procès, se met à pleurer. Hans le réconforte et lui lance en guise d’adieu : « Sois fort, pas de concessions ! ». Entre 16h et 17h, les parents Scholl peuvent voir une dernière fois leurs enfants. Robert Scholl est à la fois très douloureux et très fier de ses enfants : « Votre courage est notre consolation, vous entrez dans l’histoire ». La maman prie et assure ses enfants que « Jésus est toujours avec vous », ce à quoi Sophie rétorque : « Toi aussi tu es avec nous, à bientôt dans l’éternité ». Une dernière cigarette est l’occasion d’échanger un dernier sourire, un dernier oui à leur destin. 

Robert Scholl est un modèle de père, il éduque dans une grande exigence de vérité et de liberté, il accompagne de façon discrète, il est le roc et l’amour que ses enfants ont besoin pour se sentir valorisés, pour ne pas répondre à la haine, pour ne pas trahir, pour aller jusqu’au bout de leur don.

Werner Scholl, l’aîné, est porté disparu sur le front de l’est en 1944. A la fin de la guerre, Robert Scholl n’a plus que ses deux plus jeunes filles sur les six enfants. Il reprend une activité politique au sein de la démocratie chrétienne (CDU) comme maire de Ulm puis au parlement du Württemberg. 


Sophie Scholl

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3 Commentaires

  1. Johanna

    Très bon témoignage, merci ;

    La Fraternité OEcuménique Internationale dans sa rencontre du mois de décembre 2011 a présenté un film sur "La Rose blanche".

  2. tabitha

    On ne peut que recommander le film « Sophie Scholl : les derniers instants » bouleversant par la justesse de ton de celle qui incarne l’héroïne et par la profondeur absolument incroyable de cette jeune allemande qui aimait la Vie. Vouss pl
    eurerez tant l’émotion est palpable mais sans la moindre trace de mièvrerie. Je ne comprends pas que ce film ne soit pas commenté dans les Etablissements dits « catholiques » car c’est un hymne au courage, à la modestie et à la joie ! Il permettrait aussi de sortir par le haut de la pression que certains continuent d’entretenir aà propos de la culpabilité allemande sur la guerre de 39 ( cecii dit, ils seront bientôt morts….car ils sont maintenant âgés …….)