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En Argentine, « l’effet François »

de Mariana Canteros   9 avril 2013
Temps de lecture 3 mn

Il y a un mois la ville de Buenos Aires était tapissée d’affiches en hommage à Hugo Chavez, encourageant à garder l'espérance, à suivre son exemple et à continuer la révolution commencée. Mais cela est très vite tombé dans l'oubli et la ville a été inondée par des drapeaux du Vatican et des photos du Pape François. C'est l'ambiance même de la capitale qui a changé et aujourd'hui, alors que presque un mois est passé depuis son élection, « l'effet François » – comme les médias l'ont baptisé – continue à marquer profondément la vie quotidienne des argentins.


Pancarte en plein centre de Buenos Aires

Sans tomber dans un discours simpliste – la réalité reste si complexe ici –, il me semble qu'un réveil est en train de se produire dans le peuple argentin. Aux plaintes et à l'indifférence si habituelles succède le sens de l'engagement dans la société et la vie politique, laissant derrière le rêve messianique si présent dans nos peuples latino-américains : l'attente d'un changement venant de quelqu'un d'autre sans impliquer la responsabilité personnelle.

Réveil aussi parmi les baptisés qui durant la Semaine Sainte ont rempli les églises, et surtout les confessionnaux. Les témoignages sont nombreux, simples, réconfortants. J'en choisis un au hasard : le dimanche de Pâques, dans un des principaux quotidiens argentins, un journaliste, Gabriel Di Nicola [1], a changé son habituelle colonne pour raconter qu'il a, cette année, cherché la paix en s'approchant de l'Eglise pendant la Semaine Sainte.

Dans quel sens l'autorité du Pape François est-elle différente ?

L’autorité est celui qui met nos vies en mouvement. Nous ne pouvons pas nier que des personnes comme H. Chavez, R. Correa ou Cristina K. mobilisent le peuple, mais tandis que les uns provoquent dans nos pays de fortes divisions, un refus parfois douloureux de pardon au nom de la justice, le Pape François, en ces quelques jours de pontificat, a provoqué une autre sorte de révolution qui a redonné l'espérance et surtout une joie toute simple et profonde aux argentins.

Nous sommes bien obligés de constater que tout cela ne vient pas seulement de sa personnalité charismatique, de ses gestes francs et transparents. La joie et l'espérance des argentins viennent sans aucun doute d'une expérience présente du Christ : « Notre joie n’est pas une joie qui naît du fait de posséder de nombreuses choses, mais elle naît du fait d’avoir rencontré une Personne : Jésus, qui est parmi nous ; elle naît du fait de savoir qu’avec lui nous ne sommes jamais seuls, même dans les moments difficiles, même quand le chemin de la vie se heurte à des problèmes et à des obstacles qui semblent insurmontables, et il y en a tant ![2]

Juste un mois avant son élection au Pontificat, dans son message de Carême, notre pasteur, en décrivant la réalité si complexe, parfois décourageante, nous provoqua avec ses mots : « Le piège de l’impuissance nous conduit à nous interroger : Chercher à changer tout ceci a-t-il un sens ? Que pouvons-nous faire face à cette situation ? Cela vaut-il la peine d’essayer, si le monde poursuit sa danse carnavalesque qui travestit tout pour un temps ? Cependant, lorsque tombe le masque, la vérité se dévoile et, bien que beaucoup trouvent anachronique d’en parler, le péché ressurgit, blessant notre chair de toute sa force destructrice et déviant le cours du monde et de l’histoire. »[3]

Le Seigneur a sans doute écouté sa prière car ce mois qui vient de s'écouler s'est présenté à nous « comme le cri de la vérité et de l’espérance certaine qui vient nous répondre que oui, il est possible de ne pas nous grimer ni de nous dessiner des sourires de plastique comme si tout allait bien. Oui, il est possible que tout soit nouveau et différent, parce que Dieu est toujours "riche en bonté et en miséricorde, toujours prêt à pardonner" et il nous encourage à recommencer encore et encore. Aujourd’hui, nous sommes à nouveau invités à prendre un chemin pascal vers la Vie, chemin qui passe par la croix et le renoncement ; qui sera malaisé mais non pas stérile. Nous sommes invités à reconnaître que quelque chose ne vas pas bien en nous-mêmes, dans la société ou dans l’Église, qu’il faut changer, changer de cap, nous convertir. »[4]

 


[1] Texte complet en espagnol: http://www.lanacion.com.ar/1568275-necesitaba-vivir-la-semana-santa-en-paz
[2] Pape Francois, Homélie du Dimanche des Rameaux
[3] Card. Jorge Mario Bergoglio, Message de Carême, le 13 février 2013
[4] Id.

 

 

 

 

 

 

 

 

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