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A six mois des prochaines municipales, il n’est jamais inutile de se forger sa propre opinion et de se méfier, toujours se méfier, des pièges que le monde médiatique nous tend. Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur l’expérience et le décryptage d’un homme qui dérange certainement par son franc-parler : Jean-Yves Le Gallou.

Président de la fondation Polemia, il est sans doute l’un des meilleurs connaisseurs de la désinformation et du monopole du politiquement correct sur ce qui n’est plus le quatrième pouvoir, mais bel et bien le premier. Cette situation est ce qu’il appelle, à juste titre, la « tyrannie médiatique», il en a d’ailleurs fait un ouvrage (édition Via Romana).

Depuis 4 ans, la cérémonie des Bobards d’Or récompense chaque année les « meilleurs désinformateurs » de la presse officielle ainsi que les meilleures manipulations médiatiques.

Jean-Yves Le Gallou a ouvert la cérémonie 2013 avec un discours retraçant douze thèses sur la désinformation. En voici un échantillon :

1. « Dans l’absolu, il n’y a pas d’information. Une information, c’est un fait que les médias décident de porter à la connaissance de leur public en le présentant sous un certain angle. Le même type de fait peut être caché ou, au contraire, présenté en « une ». Le même acte peut être excusé ou criminalisé. La désinformation vient du biais répété dans la sélection des faits et la manière dont ils sont anglés ».

2. « Les journalistes travaillent en troupeau. Le mimétisme est leur règle. Ils se copient/collent beaucoup. Et copient/collent beaucoup l’AFP, source unique, source inique. Leur règle, c’est le moutonnisme : ils bêlent ensemble ».

3. « Tout fait, avant d’arriver à la connaissance du public, est filtré par les médias. C’est-à-dire par ceux qui les font (les éditocrates et les journalistes), ceux qui les possèdent (les patrons de presse), ceux qui les payent (les agences de publicité et de communication) ».

4. « Les techniques de désinformation sont multiples : occultation de certains faits, répétition à l’infini d’autres faits, déformation, angélisation des « bons », diabolisation des « méchants, novlangue (selon la logique de 1984 de George Orwell) et, bien sûr, le bel et bon bobard ».

Aujourd’hui, la désinformation est organisée de telle façon à influencer l’opinion publique. Pour être élu, un politique doit avoir de bons sondages. Pour cela, il faut attirer les médias en adoptant de manière très subtile un discours politiquement correct et en abusant sans modération de la langue de bois. Peu importe la manière, pourvu que l’information circule… Il y a donc une dépendance totale des hommes politiques face aux médias.

La désinformation est devenue la règle. On ne veut pas le vrai ou le faux mais ce qui est bien et mal. On ne donnera qu’une partie des faits (souvent la plus tendancieuse) voire pis, on transformera l’information (exemple : on change le prénom de l’agresseur).

Toute information est construite sur cette base « morale », un jugement de valeur fondé sur l’idéologie de rupture des traditions. Dernier exemple en date : Cantat défendu par les médias. C’est un type bien car militant d’extrême-gauche. Alors qu’il a laissé agoniser sa maîtresse. Bref, on applaudit le retour d’un héros. Nous devenons nous-mêmes victimes de ce complot médiatique.

Dès qu’un sujet gêne, on tait, on cache. Croyez-vous encore que nous étions 300 000 aux dernières manifestations contre le mariage pour tous ? Il est temps de nous éduquer à nous ré-informer…

d'Adelaïde Minguet  

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9 Commentaires

  1. Vincent

    La desinformation n'est pas un phenomene nouveau. Meme les nouveaux medias "libres" (mediapart, rue89…) qui n'hesitent pas a lacher les gros dossiers exigent de la part des lecteurs un vrai jugement. Je suis un peu desespere de voir des gens pourtant formes donner du credit aux actus gratuites et a portee de main comme "yahoo actu"…  Je pense que le probleme de fond est lie a la demande. Nous voulons plus d'info et nous avons des criteres de jugement qui influent negativement non seulement sur les lignes editoriales mais aussi sur la facon de communiquer des gouvernants. Si on vend c'est parce qu'on achete. Enfin je trouve l'exemple de Bertrand Cantat plutot inopportun. Pour moi il a ete descendu par les medias, recemment par le gendre ideal du PAF, Michel Drucker. Une bonne presse (terre de compassion) doit voir l'artiste talentueux avec ses faiblesses et ses grandeurs plus que dans des dialectiques droite/ gauche, gentil/ mechant.

    1. Arnaud de Malartic

      A mon sens le problème est plus à rechercher dans ce que rapporte l'auteur de l'article: un manque flagrant de déontologie journalistique. ll semble que 90% des journalistes ne se préoccupent aucunement de la vérité de l'information mais juste de son adéquation avec l'idéologie du moment avec ses critères du bien et du mal, des "méchants" à lyncher et des "gentils" à défendre. Alors que la réalité est toujours déroutante, changeante, plus large que nos critères du moment. Soljenitsyne disait que son expérience dans les camps lui avait montré combien la frontière entre le bien et le mal ne pouvait être tracée entre les groupes mais qu'elle passait par le coeur de chaque homme. 

  2. DC

    Il est vrai qu'on est tous agacés par le concensus médiatique sur des sujets qui nous tiennent à coeur, mais il serait plus constructif de chercher les acteurs du monde de l'information qui proposent un travail sérieux et constructif plutôt que de condamner en bloc la toute puissance du grand méchant Lobby.

    La désinformation est certe un phénomène réel, mais elle devient vite l'argument émotif de la frustration qui passe outre la nécessaire responsabilité du lecteur.

    1. Guillaume

      Les acteurs du monde de l'information "qui proposent un travail sérieux et constructif" sont de plus en plus souvent trouvables sur internet. Le Web reste un média désormais indispensable à la démocratie pour éviter de subir la désinformation des médias traditionnels. Tellement "indispensable" que la porte parole du gouvernement Najat Vallaud Belkacem a proposé un "contrôle" de ce média et ce au nom de la lutte contre le racisme, la xénophobie etc… 

      1. DC

        Tout à fait d'accord, le web devient un moyen essentiel. Voir la blogosphère catho. Les blogs permettent en effet d'échapper aux instances idéologiques du prêt à penser et d’appréhender des aspects des évènements que les réductions du type "les bon vs les méchants" ne manquent pas d’obscurcir voir de dénaturer.

        Ils sont donc un pouvoir de régulation qui permet aux 4 pouvoirs, quelque soit l’ordre dans lequel on les perçoit, de faire plus attention à la réalité. Mais il serait curieux de ne plus s’adonner qu’aux blogs. Comme si le conseiller pouvait s’arroger les prérogatives du prince.

        Car il est exigent de garder le nord, surtout quand on touche à des questions passionnantes. Il faut saluer en cela l’exemple d’un Tugdual Derville qui a su conserver son sang froid dans la tempête et ne pas sombrer ni dans la paranoïa, ni trop faire dans le complexe de victime tout en affirmant continuellement et de manière profondément raisonnable et argumentée ses convictions.

        Kirkegaard disait en effet: "Les gens exigent la liberté d'expression pour compenser la liberté de pensée qu'ils préfèrent éviter.”  La liberté d’expression est parfois un prétexte. Sans jugement elle peut s’avérer illusoire et démobilisatrice.

        1. DC

          Voir en cela les propos si juste de Mgr Aillet

          http://terredecompassion.com/2013/10/07/la-bataille-de-la-famille/

          « La mission politique de l’Eglise est de réveiller les forces morales et spirituelles dans la société. La politique en tant que recherche d’un ordre juste au service du bien commun dans la société nécessite des hommes et des femmes vertueux, prudents et justes »

          "l’action politique déborde de la prière" disait Marthe Robin. »

  3. CI

    Une petite merveille que je vous partage pour étayer le thème, le discours du président Kennedy devant les représentants de la presse américaine (10 jours avant sa mort). Un discours de chef d'Etat et d'un réel penseur du politique avec les responsabilités qu'il implique.  A consommer sans modération:  La vidéo: http://www.dailymotion.com/video/x48czq_jfk-10-jours-avant-conspiration-dis_politics Le texte: http://www.jp-petit.org/nouv_f/kennedy_dernier_discours.htm