Home > Spiritualité > « Il fut enlevé au ciel »

Quelques paroles d'Adrienne von Speyr pour nous aider à contempler le mystère de l'Ascension du Seigneur.


© Elena Cherkasova

"Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel." Le Seigneur leur a parlé, il leur a dit ce que recevront en partage ceux qui parleront en son nom. Aussitôt après leur avoir montré et offert cela, il est enlevé au ciel, sans transition : Marc ne décrit pas l'ascension, il se contente de montrer comment le Seigneur remet la force de son nom, se décharge d'un poids en quelque sorte, afin de pouvoir être enlevé au ciel. Il leur laisse ce qui le liait au monde. Il leur laisse une part de sa mission. Il sait combien l'œuvre qu'il a commencée et qu'il poursuivra au ciel est extérieurement inachevée. Mais il donne aux siens sa mission, il la partage avec eux. C'est comme s'il ne pouvait pas retourner au Père avec tout le poids de sa mission. Il a certes accompli sa mission en mourant pour tous, et pourtant elle reste à achever dans la mesure où tous ne se sont pas convertis. Sa Parole n'a atteint qu'un petit nombre. D'autres doivent la porter plus loin. La mission est scellée si elle est poursuivie, cela montre qu'elle est accomplie, à savoir suffisamment pour qu'elle puisse être remise à d'autres.

"Et il s'assit à la droite de Dieu." Cela, l'évangéliste le sait. Le Seigneur a promis de s'asseoir à la droite de Dieu. Et sa parole se réalise. Il s'assied à la droite du Père comme celui qui a fait tout ce que le Père a attendu de lui, et qui lui rend tout à son retour au ciel. Ce geste montre la joie du Père et la joie du Fils qui se retrouvent sans jamais s'être perdus. Certes, le Fils sur la croix n'a plus su où est le Père. Mais il n'était pas perdu. Il était dans la nuit de la Passion. A présent, il retrouve le Père dans la joie de l'ascension. Cette joie n'est ni pour le Père, ni pour l'Esprit, ni pour le Fils une joie simplement intra divine, c'est une joie qui associe le monde, scelle l'œuvre de la rédemption : le Fils ramène au Père sa création.

"Pour eux, ils s'en allèrent prêcher en tout lieu." La mission vit donc en eux, ils l'ont reçue toute neuve. Ils peuvent la remplir. Le Seigneur leur en a donné la force. Et ils continuent de la remplir jusqu'à aujourd'hui. Il n'y a pas de pause. Le Seigneur monte au ciel et ils se mettent en route. C'est une continuité parfaite dans l'action, mais aussi une continuité dans la contemplation, parce que le Fils est assis auprès du Père, a achevé son temps de l'action sur terre et retourne dans la contemplation éternelle. Cette contemplation trinitaire éternelle n'est plus possible sans action. Autrefois, elle ne l'était pas non plus. Mais nous ne le voyions pas. Maintenant en revanche, nous savons que le retour du Fils à la droite du Père et le départ des disciples en mission s'effectuent dans une unité. Le Fils qui a œuvré de façon aussi contemplative qu'active, continue d'œuvrer en action et en contemplation dans ses disciples puisqu'il leur donne la mission. Ils ont eu le Seigneur parmi eux. Ils ont cheminé avec lui, ils ont entendu sa parole, partagé sa vie, habité sous un même toit, ils l'ont contemplé de leurs propres yeux. Désormais, ils ne le contempleront plus que dans la foi. Leur vision sera une vision de la foi mais qui les rendra capables de prêcher en tout lieu. Et ce qu'ils prêchent, c'est ce qu'ils ont reçu : la Parole de Dieu, Parole qui contient en elle toute la vie du Seigneur sur terre. L'ascension n'est pas pour eux un acte dans l'existence du Seigneur qui ne les concernerait en rien, c'est un acte qui les inclut profondément. Le Seigneur les emmène dans son ascension en leur donnant sa mission. C'est, comme souvent, un de ces cadeaux à double face du Seigneur, qui donnent lieu à une grande joie : ils possèdent ses mystères, mais ils doivent aussi les administrer dans son esprit. Ils doivent maintenant les administrer sous leur propre responsabilité, se rappeler précisément comment toute chose était et, dans cette mémoire, ne pas cesser de configurer le présent de manière vivante. La mission ne leur est pas donnée pour leur être retirée, elle reste attribuée à ceux qui appartiennent au Seigneur et croient en lui. Ils ont à l'administrer et à la vivre, non pas comme quelque chose de provisoire, mais comme quelque chose d'éternel ; non pas comme quelque chose qui est déjà réalisé le jour où il est conféré, mais dans une unité parfaite entre le temps du mandat et le temps de la réalisation."

Adrienne von Speyr aux Editions Lessius (Belgique)

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