Home > Société > Une bonne nouvelle ?

De Hugo Chabeur. A l’heure ou le journalisme en France connaît une grave crise, tant au niveau économique que de la défiance de son auditoire, une évolution s'impose. Découvrons l'ONG parisienne Reporters d'espoirs qui fait le choix de la "solution". En réponse à une tendance particulière : la propension des médias vers l'accident, le crime, l'échec…, l'association prône "une vision plus équilibrée des métiers de l'information". Une information qui n'est ni tragique, ni sensationnelle, a-t-elle encore sa place dans l'actualité ? Le débat sur l'information positive est ouvert.

 
La profession reste dubitative quant au traitement positif de l'information. Le considérant parfois comme un travestissement de la réalité. Par conviction ou par facilité rhétorique. Sans tomber dans le travers inverse qui consisterait à ne communiquer que de bonnes nouvelles, Reporters d'espoirs a choisi, depuis maintenant plus de dix ans, de "mettre en lumière les femmes et les hommes qui prennent l’initiative face aux difficultés et qui obtiennent des résultats".   
 L'ONG s'organise en deux pôles. L'un répertoriant ces fameuses "initiatives", en rapport direct et constant avec le terrain. Et l'autre rédactionnel, en partenariat avec certains médias qui mettent à disposition des fenêtres où Reporters d'Espoirs se plaît à engouffrer ses dernières trouvailles. Le chef d'orchestre s'appelle Gilles Vanderpooten. Depuis quatre années maintenant à la tête de l'association, il endosse tour à tour les casquettes de directeur (partenariats, financements…), rédacteur en chef (publications…) et chargé des ressources humaines (gestion et recrutement des équipes).

Ses initiatives ?
Une réponse à des problématiques actuelles : environnement, santé, social… Des résultats concrets : une viabilité économique. "Le monde pullule de personnes dynamiques traduisant chaque jour plus d’innovations. A nous journalistes, en plus d’être le miroir de la société, d’en être son moteur" nous assure Gilles Vanderpooten.
Parlons du jeune Malik Badsi qui crée en 2009 "yoola". A l'origine, il partait en vacances avec un ami en chaise roulante. Ce long voyage lui donne une idée. Aujourd'hui son agence de voyage pour handicapés réalise plus de cinq cent mille euros de chiffres d'affaires par an. Pas peu fier, à raison : "J'ai créé un marché, une économie, des emplois…". Et Patrick Barronet, qui reçoit qui veut dans sa "maison autonome", plus de soixante-dix mille visiteurs par an. Il prouve que l'on peut, pour la somme de vingt-cinq mille euros, obtenir les matériaux nécessaire à la construction d'une maison 100% autonome en eau et électricité.

Le nerf de la guerre
Pour en revenir à nos médias, Gilles Vanderpooten nous répète : "Le journaliste ne peut plus se contenter de traduire la morosité ambiante, nous devons donner l'envie d'agir." Pour ce faire, Reporters d'espoirs lance en octobre 2013 une journée : la "France des solutions" (deuxième édition prévue en 2014). En présence du Président de la République, c'est l'occasion pour l'ONG de célébrer ses meilleures initiatives devant un parterre de médias et de personnalités. Un engagement doit être pris pour une information moins régie par un catastrophisme/sensationnalisme vendeur, mais plus par une volonté de montrer qu'il est possible de faire des choses qui marchent, et donner envie d'agir. Différents "ambassadeurs", censés porter une "sage parole" se sont exprimés lors de cette journée. Ainsi, Philippe Starck, architecte designer, dira que "si la situation de notre société française et européenne était aussi catastrophique que le disent les médias, cela ferait longtemps que le pays aurait disparu". De son côté, Thierry Marx, chef cuisinier, avance que "quand on a un tel pouvoir, on a un moment un devoir pédagogique et citoyen ; il faut montrer l'information telle qu'elle est, ce n'est pas toujours très agréable, mais il y a aussi parfois des solutions qui fonctionnent à montrer".

A double tranchant
Au jour d'aujourd'hui, l'asservissement des médias à la publicité est quasi effectif, c'est une réalité. L'idée n'est pas d'aborder ici les déboires d'une presse qui, en plus de n'avoir plus de modèle économique viable, a perdu la confiance de son auditoire. Mais bien de parler de solutions. Catherine Gyldensted, journaliste danoise, a rejoint l’université de Pennsylvanie, aux Etats-Unis, pour mener des études sur la psychologie et les médias. Elle affirme que "la lecture du négatif incite au repli, à la peur et au désengagement… et, in fine, à l’abandon de la lecture des journaux". N'y aurait-il pas alors, au delà d'un rééquilibrage déontologique, une possible sortie de crise économique dans le traitement positif de l'information?

Revenons à l'ONG Reporters d'espoirs, soumise comme le plus grand nombre à une réalité. D'un côté elle tente de changer les mentalités des médias tout en ayant besoin d'eux pour exister. Au même titre, l'association donne de la visibilité médiatique à des entreprises tout en ayant un besoin constant de financement. Le seul nom d'ONG peut-il être garant d'une totale indépendance éditoriale ? Non.

Pour ce faire, pas d'autre solution qu'un vain mot poussiéreux valable pour tous : l'éthique.

Hugo Chabeur

 

Vous aimerez aussi
C’est dans la privation de liberté que j’ai découvert la vraie liberté
Guardini : les mots trop loins des choses
Peloton d’information : les médias français vus par les italiens
Un journaliste en quête d’humanité

1 Commentaire

Répondre à paulo Effacer la réponse