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Le président Polonais, serviteur des racines de l’Europe

Le nouveau président de Pologne Andrzej Duda ne chôme pas. Depuis son élection le 24 mai dernier, il donne l'image d'une personne décidée à ne pas vivre dans l’expectative mais qui s'attèle immédiatement à changer le statu quo, ainsi qu'il l'a promis à ses électeurs.

Sitôt élu il appelait les partis adverses, qui essayaient frénétiquement de mettre des bâtons dans les roues de sa présidence, à la dignité et à la décence. Leur opposition est motivée par les enjeux colossaux de ces élections. Le vendredi 12 juin, les sénateurs approuvaient une nouvelle loi autorisant le président à changer tous les juges. C'est pourquoi le président élu s'efforce de diriger l'attention du public vers ces actions et demande aux politiciens de ne pas entreprendre des réformes affectant les conditions de la démocratie dans le pays. Il rencontre également des personnalités, notamment le fils de George W. Bush, entré en campagne pour les élections américaines de 2016. 

En plus des actions et autres événements strictement politiques, les citoyens polonais ont également été témoins d'un incident de nature religieuse. Le président assistait ce jour-là à une Grand-Messe d’Action de Grâce présidée par l’Archevêque de Varsovie. Cette fête a été  instituée il y a quelques années pour remercier Dieu pour les grâces accordées à la nation polonaise, notamment pour le mouvement Solidarité et l’accès à l’indépendance en 1989. Vers la fin de la messe, après la communion, Andrzej Duda s’aperçut qu’une hostie était tombée au sol sous l'effet d'un coup de vent. Il réagit prestement, avec tout le respect nécessaire. Il mit un genou au sol, prit délicatement le Corps du Christ dans ses mains et, accompagné de ses gardes du corps, le porta à l’Archevêque. Son geste fit un véritable buzz dans les médias. L’opinion était partagée entre ceux qui discernaient là un signe divin et ceux qui cherchaient plutôt à mettre le holà à un optimisme excessif. Ce fut un grand moment d’histoire contemporaine.

Sans aller jusqu’à suivre les opinions les plus extrêmes, il nous semble que ce geste du nouveau président manifeste toutefois que son engagement religieux est davantage qu’une façade. On peut y voir le signe d’une vraie foi en Dieu et d’un attachement à la loi naturelle, toutes choses qu’il a promis de défendre lors de sa campagne présidentielle. Peut-être la Pologne a-t-elle enfin élu un président ayant la profondeur spirituelle nécessaire pour guider le pays dans un changement longtemps attendu. Peut-être la Pologne va-t-elle vraiment tourner la page de « Plateforme civique », le parti du président sortant, qui remet le gouvernail de la nation après huit ans de corruption, de jeux politiques, de scandales et de guerre idéologique contre l’Eglise catholique : accès libre et gratuit à la « pilule du lendemain » dès l’âge de 15 ans, projet de loi sur les unions homosexuelles, introduction en catimini de l’idéologie du genre à l’école (dès le primaire), signature et ratification d’une convention introduisant cette même idéologie dans les textes de loi et dénigrant la tradition et la famille, l’une des principales sources, selon eux, de violence contre les femmes.

Dans un tel contexte, Andrzej Duda, qui est issu d’une famille fermement enracinée dans la foi et qui se présente lui-même comme catholique pratiquant, porte la grande responsabilité de revenir sur ces transformations mortifères. Beaucoup de polonais le regardent comme une première étape dans un retour aux valeurs de la Pologne. Cependant il ne pourra pas faire grand-chose sans la victoire de son parti, Loi et Justice, encore minoritaire à l'assemblée. C’est pourquoi beaucoup lui prédisent une présidence difficile.

Le vent du changement se lève. Les polonais vont-ils faire leurs adieux à ceux qui combattent la sagesse de l’Eglise, défiant la loi divine et la sacralité de la vie ? Seul le temps pourra répondre à cette question. 

Traduit de l'anglais par Paul Anel.

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