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Amy : elle ne cherchait pas à être célèbre mais à être aimée

Le 23 juillet marque le quatrième anniversaire de la mort d’Amy Winehouse, le documentaire d’Asif Kapadia qui vient de sortir à l'écran, suscite la polémique de la part de la famille de la chanteuse, c’est pourtant un film plein de respect pour l’icône de la soul music.

Le succès d’Amy est étonnant, d’autant plus que son répertoire est plutôt pauvre, en quantité et en qualité : quelques belles chansons certes, mais difficile de parler de chef d’œuvre, difficile aussi de séparer son succès dans le monde « pop » de l’emprise des média people avides des scandales qui ont émaillé sa courte existence. Difficile aussi de percer le mystère de cette voix si vraie dans un environnement si mensonger et superficiel.

Le film d’Asif Kapadia comporte peut-être des inexactitudes, comme le vocifèrent aujourd’hui les proches d’Amy, mais il a le génie d’entrer avec beaucoup de respect dans l’intimité d’une personne blessée. Asif Kapadia ne dénonce personne et ne joue pas les donneurs de leçon, il entre dans la solitude immense d’Amy sans l’enfermer dans un rôle de diva ou de victime.

Amy ne cherche pas à être célèbre, mais à être aimée, elle adule, vénère et aime sans mesure son père absent. Lorsqu’il vient enfin la voir pendant sa cure de désintoxication, il est accompagné de journalistes et de caméramans. On comprend la colère du père d’Amy contre ce film car il apparaît d’un bout à l’autre comme le grand absent qui profite du succès de sa fille, la flatte, mais laisse un tel vide… qu’Amy essaie désespérément de combler par ses crises de boulimie.

Le film fait aussi apparaître le décalage entre l’amour pur, naïf et inconditionnel d’Amy pour son mari Blake Fielder-Civil qui fait plonger Amy dans les drogues dures avant de demander le divorce, puis l’annulation de ce divorce après la mort d’Amy… Les lettres d’amour d’Amy sonnent tragiquement juste, elle veut se donner totalement, vivre et surtout mourir pour lui. Pour elle l’amour ne peut être qu’absolu.

Asif Kapadia nous fait entrer aussi dans la poésie d’Amy, en suivant le lien entre les compositions et sa vie, nous voyons l’authenticité de sa recherche et de sa quête de sens et d’amitié. Est-ce que ses textes ont en soit une valeur poétique ? C’est difficile à dire, mais ce qui est sûr c’est que l’authenticité de ses paroles et de sa vie est sans doute ce qui rend la voix d’Amy si différente de l’environnement « pop » dans lequel elle vivait. A la fois fragile, blessée mais vraiment debout dans la supplication, le timbre de sa voix crie la vérité de sa vie.

La presse people a détruit Amy en l’isolant, en la réduisant à un rôle, en la flattant, en la ridiculisant, en profitant de sa faiblesse avec cupidité, en utilisant le voyeurisme malsain des foules imbéciles. Amy n’avait que sa voix pour résister à toute cette violence et ces mensonges.

Le film d’Asif Kapadia a le très grand mérite de nous faire rencontrer une femme, d’écouter son cri et sa solitude, son désir de « rehab » et de salut. 

 


Exclusivité – extrait du film "Amy" d'Asif Kapadia par franceinter

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