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Le martyr de saint Jean Baptiste, poème

Hérode entre deux eaux, Salomé exécutant la danse rituelle, Hérodiade dans l'ombre attendant son heure. Dans une scène puissante et colorée, chargée d'étoffes, de lourds parfums et de ténébreuses manigances, saint Marc mit en évidence par contraste le coeur très pur du Baptiste et son offrande annonciatrice. Terrible actualité d'une tête qui roule jusqu'à nos plages. Terribles méandres des coeurs se consumant dans leur propre feu.  

Copyright © 2008 Bibliothèque de Fels, Institut Catholique de Paris

 

Marc 6, 14-29

 
"Alors, sa tête roula sur le sol.
Un court instant, il fut agité de soubresauts.
Ses disciples l’ayant appris,
vinrent prendre son corps,
c’est ainsi qu’ils virent l’auréole du cou,
soleil du crépuscule."
 
Hérode roulait sa tête
dans la trémeur des torches.
Dans les effluves du remords,
il se sentait une tendresse merveilleuse
pour des étoffes, des visages,
l’or d’une coupe et la frange sanglante.
 
Etoile foudroyée, Salomé frémissait
dans le premier effroi de sa danse nubile.
Cette clarté d’aurore,
on eût dit qu’elle était innocente,
et que le flot d’un chant très pur
n’avait tarit après l’enfance.
 
On eut dit qu’elle n’était
pas seulement cette bouche flétrie
recluse dans le râle.
Mais l’hombre d’Hérodiade,
avait depuis longtemps
troublé ses yeux d’enfants.
C’était déjà la rose finissante
et le parfum commandité.
 
Hérodiade, elle seule,
agissait par amour.
Tel un fruit dans le ver,
ainsi que l’acanthe
semble chercher en vain
substance dans ses plis,
elle pleurait de ce retournement
de l’âme sur la nuit.
 
Dans les hoquets de sa victoire,
et le dégoût de ces gaités,
ses yeux perlaient de pourpre noire.
 
Réduite à ce silence
qui déchire les voûtes.
Sur les plis de sa robe,
la pluie de cet hymen
impitoyable 
avec le ciel.
 
  DC
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