Après des journées où se sont succédés les appels téléphoniques et les nombreux gestes de soutien, voici quelques fioretti de Naples qui dépassent nos propres personnes et semblent s’adresser à tous.
Photo © J.-M. Porté
« Je ne trouve pas de mots », me disait la vendeuse de cigarette en m’embrassant les larmes aux yeux. « Je suis avec vous, nous sommes avec vous ». « Et comment va ta famille ? »[1]
D’un père de famille au chômage : « Je prie pour vous, pour tous les Français, mais aussi pour ceux qui sont morts. Beaucoup sont athées en France, et peut-être n’étaient-ils pas préparés à mourir. Je prie pour le salut de leur âme »[2].
D’un jeune de seize ans : « Je suis sans voix face à une telle violence, absolue, gratuite »[3].
Et d’autres encore :
« Nous sommes tous atteints, aussi physiquement, par ces tirs de Kalashnikov. »[4]
« Peut-être que le diable a pris possession de l'Europe. Où est Dieu? Vous qui êtes un prêtre, donnez-moi une réponse. »[5] Puis après un moment de silence: « Merci d’être passé, passez plus souvent ».
D’un prêtre : « L'Islam est malade, gravement malade. Il a une tumeur et cette tumeur l'a rendu fou, pour certains même, diabolique. »[6].
D’une mère, amie du Points-Cœur : « Espérons qu’il ne soit pas trop tard, et que nous n'avons pas fatigué Dieu, qu'Il ne se soit pas fatigué de nous. Nous avons besoin de Jésus-Christ, et de la prière. »[7]
Mais cette fois-ci, la plus grande parole fut la non-parole, les yeux baissés, discrètement baissés, sans questions, rougis par la douleur et la nuit trop brève à regarder en boucle les nouvelles des médias. Les yeux baissés mais aussi les mains données. Devant le non-sens, on se tait, on pleure, on implore ici à Naples. La vie semble leur avoir appris cela, la foi également.
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Notes: