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Tremblement de terre au Japon : « Ils ont besoin d’un cœur qui comprenne leur douleur »

Depuis le 14 avril dernier, l’ile de Kyushu et en particulier la préfecture de Kumamoto ont enregistré plus de 750 secousses dont deux majeures les 14 et 16 avril. Plus d’une cinquantaine de personnes ont perdu la vie, plusieurs centaines sont disparues et des milliers demeurent sans eau, électricité ni logement.

Le 22 avril, la pluie est venue rendre le travail de déblayement encore plus difficile. Les glissements de terrain sont encore à craindre sur de nombreux lieux. Il est bien difficile d’organiser les secours et les groupes de volontaires tant les besoins sont primaires : eau, toilettes, nourriture, logement.

Il s’agit d’une catastrophe naturelle majeure mais fréquente dans ce pays si l’on pense au grand tremblement de terre le 11 mars 2011, cette fois dans la région du Tohoku, sur l’ile principale. Le tsunami qui s’en suivit avait affectée la centrale nucléaire de Fukushima. 

Cette fois-ci, il n’y a pas eu de Tsunami, mais les centaines de secousses ont rendu les bâtiments fragiles, d’ou le nombre important d’effondrements. Cela faisait plusieurs années que cette région n’avait pas enregistré de gros tremblement de terre, par conséquent, la majorité des maisons étaient anciennes et peu étaient construites selon les normes antisismiques.

Le récent tremblement de terre vu depuis la région de Fukushima 

La reconstruction sera lente et couteuse. A Sendai (dans le Tohoku) on constate plusieurs années après les conséquences d’une telle catastrophe sur la population locale tant au niveau physique que psychologique.

Une application sur les téléphones indique chaque nouveau tremblement à Kumamoto. C’est un outil informatif mais qui peut aussi renforcer la peur et l’angoisse qui ne cesse de grandir parmi nos amis japonais.

Un ami confiait avant-hier : « La télévision passe et repasse en boucle les images de Kumamoto. On nous tient informé et c’est bien. Ceci dit, nous avons vécu la même chose il y a 5 ans alors on comprend bien leur difficulté pour survivre car c’est de cela qu’il s’agit en ce moment a Kumamoto : survivre… » (…) « Quand je pense a eux, je pense a nous, a la reconstruction si lente par endroit, a toutes les personnes encore dans les maisons provisoires après tant d’années… a toutes celles a qui je n’ai pas pu dire un dernier au revoir… »

Hier, une autre amie nous confiait : « Ce dont nos compatriotes de Kumamoto ont besoin maintenant c’est de compassion. D’un cœur qui ressent la même chose, d’un cœur qui comprend leur douleur, le stress que tout cela génère. La reconstruction ne pourra commencer réellement qu’à partir du jour ou ils se seront confiés. Ils auront alors fait le chemin intérieur pour se laisser rejoindre par un autre… »

Les jeux olympiques de Tokyo, la grande interrogation

A l’annonce des prochains Jeux Olympique à Tokyo en 2020, nos amis de la région du Tohoku étaient pris entre la joie et révolte. Joie de pouvoir accueillir un tel évènement sur leur terre natale, de savoir que les yeux du monde entier se tourneraient vers le Japon, mais révolte aussi de voir l'ampleur d'un chantier qui aspire déjà la presque totalité d’une main d’œuvre pourtant cruellement nécessaire dans les régions catastrophées.

Si le budget reconstruction du Tohoku est déjà mis entre parenthèses, que vat-il se passer pour Kumamoto ? Pourquoi un tel investissement quand les urgences sont ailleurs ? Qui va réellement en bénéficier ? Au vu des problèmes budgétaires, d’infrastructure et d’emploi dans les régions, les habitants portent ces inquiétudes auxquelles le Japon devra répondre.

 

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