Parmi la multitude de facteurs qui ont contribué à la réussite de ces JMJ, la Pologne en est un non négligeable. Ces journées furent l’occasion pour les jeunes du monde entier, de rendre témoignage à la foi du peuple polonais. Il serait plus correct de parler de la foi des polonais, mais force est de constater que c’est aussi en tant que peuple que le pays s’est préparé à accueillir le pape et ces centaines de milliers de pèlerins. Ceux-ci purent s’en rendre compte en entendant si souvent cette question : « comment trouvez-vous la Pologne ? êtes-vous satisfait de notre accueil, de notre organisation ? aimez-vous notre nourriture ? »
Comme si les Polonais voyaient en ces JMJ une occasion de témoigner au monde cette foi si belle et vivante qui les caractérise, cette foi qui a suscité tant de vocations pour l’Eglise universelle – si au début du XX° siècle la France était le pays missionnaire, c’est désormais la Pologne qui envoie partout dans le monde des messagers de l’Evangile. Cette fois qui a offert des saints si significatifs pour notre temps, à commencer par Saint Jean Paul II, sainte Faustine, mais aussi saint Maximilien Kolbe ou encore le bienheureux Jerzy Popiełsko.
Notre groupe Points-Cœur, composé de 65 personnes originaires de 12 pays différents, malgré les kilomètres parcourus à travers la Pologne, s’est senti partout accueilli de la même façon : chaque fois le même sourire, la même curiosité, la même bienveillance, le même esprit de service, la même ferveur. A travers les multiples visages croisés au long de leur séjour, ils ont fait une réelle rencontre avec le peuple polonais et ont été raffermi dans leur foi. Deux remarques entendues dans les rangs de notre groupe après ces deux semaines résume cette expérience : « Les polonais prient à genou ». « Quand on voit rentrer les polonais dans une église, on comprend tout de suite que Dieu est présent »
Fioretti d’un pèlerinage en terre polonaise
Les trois premières nuits de notre caravane se firent au sanctuaire Matki Bożej Jazłowieckiej chez les sœurs de l’Immaculée à proximité de la cité de l’Immaculée fondée par Saint Maximilien Kolbe dans le centre la Pologne. Celles-ci acceptèrent de mettre à disposition gratuitement toutes les installations de leurs écolières pensionnaires parties en vacances : chambres, salles de bain, cuisine, jardin, chapelle. Tout cela avec le plus beau des sourires, des banderoles en plusieurs langues pour nous souhaiter la bienvenue. Une vielle sœur parlant l’italien s’est immédiatement liée d’amitié avec nos napolitains, et la jeune sœur hôtelière au sourire si radieux nous partagea au moment de se dire au revoir, son désir de devenir « amie de Points-Cœur » et vivre de ce charisme de compassion.
Quelques jours plus tard nous participâmes à la messe paroissiale de Konarzyny, un petit village au nord de la Pologne. Le curé tellement heureux de nous accueillir, nous dit pendant l’homélie : « votre présence ici est comme un avant-goût du ciel » puis il poursuivit en nous invitant à un ancrage toujours plus profond dans la prière. Beaucoup de membres de son humble paroisse de campagne avaient été mis à contribution pour nous accueillir, par des aides en nature (petite enveloppe pour financer notre voyage, préparation d’un repas, don de denrées alimentaires) et bien sûr par une prière intense dans l’attente de notre arrivée.
Pendant quelques jours, nous fûmes conduits en autocar et fîmes la connaissance de Paweł, qui de chauffeur devint peu à peu notre compagnon de pèlerinage. Toujours souriant, tout émerveillé du groupe que nous formions, nous le vîmes à plusieurs reprises son chapelet à la main au fond des église pendant que nous visitions tel ou tel endroit. De même il prit très simplement part à tous les offices liturgiques que nous célébrâmes le long du chemin et n’oublia pas de distribuer à chacun une image de la vierge noire de Czestochowa, « la reine de la Pologne ».
Notre séjour à Cracovie fut facilité par les parents d’une ancienne volontaire originaire de cette ville, Pani Iwona et Pan Zenon. Leur présence, leurs attentions et leur hospitalité furent un témoignage quotidien : levés dés l’aube pour préparer le petit-déjeuner avec la directrice de l’école qui nous accueillait ; toujours à disposition pour rendre un petit service ou résoudre un problème ; toujours présents à la prière ; soucieux de faire le lien avec le curé et les paroissiens qui nous accueillaient. Par ailleurs, le temps d’un WE leur maison devint un véritable relai du pèlerin pour accueillir amis et membres de toute la Pologne décidés à faire honneur au pape venu les visiter sur leur terre. A cette occasion fut ressorti le drapeau « historique » aux couleurs papales, cousu main il y a une trentaine d’années pour accueillir le pape polonais.
Ils sont nombreux encore les visages qui resteront gravés dans leur mémoire : celui d’un agent de la sécurité le sourire jusqu’aux oreilles sortant son téléphone pour filmer cette foule radieuse ; celui d’un homme de la rue titubant, qui à la vue d’une religieuse se redresse d’un coup et scande un magnifique : « Loué sois Jésus-Christ ».
« Gość w domu, Bóg w domu » dit un diction populaire[1]. C’est l’expérience faite par tant de pèlerins lors de ce séjour en terre polonaise, que Dieu a tout spécialement révéler sa Miséricorde au monde.
Quand je pense : Patrie…
Karol Wojtyła
Quand je pense : Patrie – je m’exprime et m’enracine, le cœur m’en parle comme d’une secrète frontière allant de moi vers les autres, nous embrassant tous dans un passé plus ancien qu’aucun de nous :
C’est de ce passé – quand je pense : Patrie – que j’émerge pour l’enfermer en moi tel un trésor.
Sans cesse je me demande comment le multiplier, comment élargir l’espace qu’il emplit.
Quand j’entends autour de moi diverses langues, je sens croître en moi les générations, chacune apporte un trésor de leur terre, – choses anciennes et choses nouvelles.
La terre devient un chenal de lumières qui brillent profond dans les hommes, les mêmes fleuves coulent d’un flot toujours le même et toujours nouveau, le torrent du langage autour de la terre charrie l’histoire en crue.
Les eaux des fleuves coulent vers le bas, le torrent du langage monte vers la cime.
La cime, c’est tout homme qui pousse de terre, tout homme est le sommet.
Le sommet se dresse à la foi au-dessus de chacun et de tous, se dresse toujours plus escarpé, s’enfonce toujours plus dans les consciences. (…) [2]