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Une nouvelle ère pour la Pologne et l’Europe

Plutôt que de dénoncer le chaos embiant, la Pologne vient donner une leçon d'espérance par un geste simple mais d'une portée infinie : la consécration du pays et du peuple polonais au Christ-Roi.

Samedi dernier eu lieu en Pologne un événement dont peu de médias mesurent la portée. En clôture de l’année jubilaire de la Miséricorde et à la veille de la solennité du Christ-Roi, une assemblée de 100.000 personnes, parmi lesquelles le président de la République Andrzej Duda, de nombreux politiciens et intellectuels, s’est retrouvée au sanctuaire de la Divine Misericorde à Cracovie pour un acte bien singulier. 

O Roi immortel des âges, Seigneur Jésus-Christ, notre Dieu et Sauveur ! (…) Nous, les Polonais, nous nous tenons devant Toi, avec nos autorités, le clergé et le laïcat, pour reconnaître ton règne, nous soumettre à ta loi, te consacrer notre patrie et tout notre peuple.

C’est par ces mots que commença l’acte de consécration au Christ-Roi, magnifique et longue prière, avec ce caractère litanique si cher aux polonais, qui fut reprise le lendemain dans tous les diocèses et toutes les paroisses de Pologne.

Par cette prière, le peuple polonais se met dans la peau du fils prodigue, parabole chère à Saint Jean-Paul II pour faire comprendre le mystère de la Divine Misericorde[1]. Ce sont en effet des paroles qui témoignent d’un esprit de conversion et auraient pu être prononcées par le fils de la parabole.

En 2002, le saint pape polonais avait consacré le monde entier à la Divine Misericorde dans ce même sanctuaire de Łagiewniki, demandant à Dieu que tout homme « fasse l’expérience » de cette Miséricorde. Conscient de l’immense privilège d’être la terre choisie par Dieu par l’intermédiaire de Sainte Faustine, le peuple polonais reconnaît être le premier à avoir fait cette expérience et à vouloir par cet acte en tirer les conséquences, non seulement à titre personnel (« Dans nos cœurs, dans nos familles, règne sur nous ») mais aussi communautaire et national (« Dans nos paroisses , dans nos écoles et nos universités, dans les communications sociales, dans nos bureaux, lieux de travail, de service et de repos, dans nos villes et nos villages, partout dans la nation et dans l’Etat polonais – Christ règne sur nous »).

Cet acte est à insérer dans une longue histoire qui remonte à 1050 ans, date du baptême de la Pologne.  De tout temps l’identité de la Pologne est étroitement liée à la foi chrétienne, malgré les différents occupants et les idéologies qui ont tenté d’y porter atteinte. Ainsi à l’occasion du millénaire, le cardinal Wyszinski primat de Pologne avait lancé une neuvaine sur neuf années qui déboucha en 1966 sur un acte de consécration à la Vierge Noire de Czestochowa, faisant de Marie la reine de la Pologne. Entre temps, il y eu le martyre du bienheureux Popiełsko qui dans ses homélies « pour la patrie[2] » liait étroitement le destin de la Pologne à l’épreuve de la croix du Christ. Puis vint l’élection du pape polonais, son effort incessant pour introduire le monde dans cette expérience de la Miséricorde, comme l’avait instamment demandé Jésus par l’intermédiaire de Ste Faustine. L’érection du sanctuaire à Cracovie devenue « capitale de la Miséricorde », l’institution d’une année jubilaire de la Miséricorde pour le monde entier, l’organisation des journées mondiales de la jeunesse justement à Cracovie, sont autant d’étapes sur le chemin de cette consécration.

Celle-ci intervient par ailleurs dans un contexte bien singulier. De plus en plus, la Pologne est décrite avec un certain mépris comme cet étrange pays « catholique ultra-conservateur, autoritaire, misogyne, eurosceptique et migrantophobe ». Ces anathèmes de la sphère politico-médiatique sont bien commodes pour évacuer une question profonde : où courons-nous ? Les innombrables défis geo-politiques, sociétaux et civilisationnels qui se présentent à notre époque sont perçus par ce peuple comme une invitation à se mettre à genou et à tout remettre entre les mains du Christ-Roi. La Pologne craint l’Union Européenne liberticide et mortifère, comme elle craint la Russie avec qui elle partage un passé poli traumatique. Mais elle craint encore plus de renier Celui qui depuis des siècles l’a placée tout prêt de son cœur. C’est pourquoi d’une seule voix, elle se tourne vers Celui qui propose « un règne de vérité, de vie, de sainteté, de grâce »[3]  et l’implore : « Règne sur nous », « pardonne-nous », « nous te remercions », « nous nous engageons », « nous nous confions ».  Elle rappelle ainsi au vieux monde ce que l’Etat islamique fait de façon monstrueuse, à savoir qu’il ne saurait y avoir de foi qui soit seulement une affaire privée et subjective. C’est au contraire dans l’essence de la foi que d’engendrer des traces dans l’histoire du monde. En ce sens, cette consécration est un événement dont l’ampleur peut seule être reconnue par celui qui, libéré de la frénésie médiatique de l’instantané, rend hommage au Roi de l’histoire dont le salut se joue à chaque instant.

 

Voir la prière de consécration complète

 


[1] Encyclique Dives in Misericordia : http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_30111980_dives-in-misericordia.html (chapitre IV)

[2] Ojczyzny en polonais, est préféré à celui de nation. C’est le mot employé dans la prière de consécration, mot si cher à Saint Jean Paul II qui y fait sans cesse référence dans « Mémoire et identité »

[3] Homélie de Mgr Henryk Hoser, archevêque de Varsovie –Praga (où se situe la communauté Points-Cœur) lors de la solennité du Christ-Roi

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