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La sainte famille sur les chemins de la pampa

En Argentine comme dans tout le monde hispanophone, l’approche de la Nativité est rythmée par les Villancicos. Ces compositions populaires tiennent leur nom des « vilains », le petit peuple ibérique d’alors qui exprimait ses joies et ses peines en chantant et en dansant. Le terme désignait au Moyen-âge les cantiques populaires de Noël qui furent peu à peu intégrés à la liturgie. Ces chants deviennent à la Renaissance espagnole un genre à part entière définit par un thème, celui de la Nativité, l’accompagnement de la Vihuela (sorte de guitare), ou un chœur restreint.

Né à Santa Fé en 1921, décédé en 2010, le compositeur argentin Ariel Ramirez est connu pour sa Missa Criola (1963), sans aucun doute son chef d’œuvres. A la même époque, fidèle à la même inspiration, il compose une série de villancicos, régroupés sous le nom de « Navidad Nuestra ». A l'instar de sa messe, son intention est clairmement d'offrir une version argentine de cette antique tradition. Comment le peuple de chez nous exprimerait-il, avec son géni propre, le mystère de Noël ? Chaque morceau se présente alors comme une estampe musicale, selon ses mots. Il confie l’écriture des textes à l'écrivain, historien et parolier Félix Luna (1925-2009). Cette oeuvre interprétée par de nombreux artistes dont Mercedes Sosa n'est pas la moindre, est devenue très populaire. Chantée dans toute l'amérique latine par les petits et les grands elle devient également l'un des symbole de l'âme argentine. 

A la huella est l’un des villancicos de Ramirez les plus connus et les plus aimés. Par cette touchante poésie, nous pénétrons dans l’inquiétude de Joseph et de Marie au moment où la naissance approche : où trouveront-ils à se loger ? Tout résonne d’une tendresse et d’une compassion dont seul le petit peuple est capable. Car c’est depuis ses propres souffrances et sa dignité blessée qu’il comprend et reçoit la peine d'une maman tout aussi bien que le mystère d'un Dieu fait homme qui n’est pas reconnu ni reçu pour ce qu’il est. Avec sa tendresse toute latine, cette chanson fait écho à l’étonnement et à la crainte exprimées autrefois aux Matines de la Nativité : « Celui qui gouverne le ciel et la terre est contenu dans le sein de la Vierge Mère de Dieu » ! 

Sur la route, sur la route, Joseph et Marie
par les plaines gelées, chardons et orties.
 
Sur la route, sur la route, à travers les champs,
Sans protection ni abris, marchant sans arrêt.
 
Petite fleur des plaines, œillet dans le vent
Si nul ne t’accueille, où naîtras-tu donc ?
 
Où naîtras-tu, petite fleur qui grandit
Tourterelle apeurée, grillon sans songes.
 
Sur la route, sur la route, ô pèlerins
Offrez donc un abri, pour mon enfant,
 
Sur la route, sur la route, soleils et lunes,
Ses yeux en amandes et sa peau d’olive.
 
Oh, petit âne des plaines, Oh, bœuf brun,
Puisque mon enfant arrive, faite lui un peu de place.
 
Une étable de chaume est mon seul abris,
deux respirations amicales et la lune claire.
 
Sur la route, sur la route, Joseph et Marie
Avec un Dieu caché… et personne ne savait.
 
 
(Article et révision de la traduction D.C)
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