La chorale des orphelines de la Fondation de l’Imam Moussa al-Sadr est venue chanter Noel à l’église Saint-Elie de Beyrouth. Encore une fois, le Liban offre un cadeau au monde entier par cet exemple de coexistence dont son peuple vient de témoigner.
C’est bien dans une église que ces jeunes filles musulmanes sont venues chanter la naissance du « Sauveur ». Depuis la ville de Tyr, dans le sud du Liban, témoin de certains des miracles du Christ, ces orphelines sont venues jusqu’à Beyrouth pour donner ce concert, accompagnées par Aabir Neemeh, chanteuse chrétienne. À travers leur initiative, une nouvelle grâce a été donnée au Liban et au monde entier, celle de l’Espérance.
Leur petite voix chantait : « Exultez cieux et terre, puisque Jésus, a visité notre nuit et l’a éclairée par Sa naissance… » « En cette nuit de Noel (par la naissance du Sauveur), la haine est effacée, la terre refleurie, la guerre est enterrée et l’amour nait de nouveau ».
Pour cette terre d’Orient meurtrie par la guerre depuis des années, pour l’Occident qui souffre des attentats et où s’instaure une méfiance réciproque entre religions, les voix de ces enfants orphelines musulmanes répondent à toutes ces acclamations qui ne cessent de tuer au nom d’Allah, au nom de l’Islam. Et leur réponse c’est leur chant, qui redit combien la naissance de Jésus veut éclairer la nuit de notre terre, la nuit du peuple syrien comme celui du peuple berlinois, comme celui de « ceux qui ne savent pas ce qu’ils font ». La naissance de Jésus veut éclaire le cœur humain dans la nuit de ses ténèbres et de ses péchés, le cœur de celui qui accepte d’être éclairé.
Aabir Neemeh, seule chrétienne de la chorale et qui chantait en soliste, a prononcé ces mots si émouvants au début du concert :
« Aujourd’hui Beyrouth chante, afin que notre voix soit un beau témoignage à travers la musique et une réponse en face de la destruction, de la guerre et du fanatisme. Afin que notre chant soit un pont qui aidera à franchir toutes les limites et les illusions. Devant ce plus grand don, celui que Dieu a fait à l’Homme dans la grotte de Bethléem, nos mains restent vides. Devant l’Enfant de la Crèche, nous nous réconcilions avec notre propre humanité, parce que Jésus en s’incarnant, a partagé désormais cette humanité avec nous. Ce soir nous chantons avec joie, espérance et une confiance très grande que c’est possible, oui, c’est une ‘vérité’ que nous pouvons vivre ensemble, et regardez combien cette vérité est belle et présente devant nos yeux (et elle montre du doigt toute la chorale, pendant que l’assemblée les applaudit), et ceci est une vérité, et nous en témoignons, afin que notre monde soit meilleur et où chacun trouvera sa place. je suis très émue aujourd’hui, comme chacun de vous, de participer à ce concert, avec cette chorale unique de l’Imam Moussa el Sader, ces filles merveilleuses que j’ai découvert. En vérité, ce soir, ce sont elles les étoiles de la grotte, elles incarnent pour nous le vrai sens de Noel, leur présence est une fête pour nous aujourd’hui. Je les remercie de tout cœur… Notre chant commun ce soir, c’est le chemin, l’unique chemin pour demain, si nous voulons que ce demain existe, et bien sure que nous le désirons tous… alors Chantons ! »
Certains tuent au nom d'Allah, d'autre, chantent la naissance du Christ pour leurs frères chrétiens. Ce récital est un vrai signe d’espérance pour le Liban et pour beaucoup de pays occidentaux confrontés à un islam radicalisé. Au delà des déterminismes et des carricatures (radicalisation, négation du critère religieux, nivélation républicaine, réaction communautariste, etc…) ces jeunes filles montrent qu'il est possible de manifester une véritable ouverture sans pour autant perdre son identité ni sa dignité. Cette liberté est au fondement de l'amitié. Et l'amitié au fondement de la société. Le fameux "vivre ensemble" est fragile, mais possible lorsque le point de départ n'est pas une négation de certains critères, mais un regard sur l'autre fondé sur l'émmerveillement du bien et la passion de la vérité.
Merci pour ce beau témoignage qui parait en ce jour des saints innocents. Ces jeunes filles nous rapellent que toutes les grandes questions qui traversent notre époque seront toujours d'une grande violence dés lors qu'on perd de vue le visage réel des personnes. Elles montrent aussi qu'il n'est de fatalité politique que là où l'on rennonce à ce qui fait notre humanité.
Et quel plaisir d'écouter "douce nuit" avec une seconde augmentée ! Vive le chant oriental ! Comme le disait une amie syrienne : ces occidentaux, vraiment, ils ne savent pas chanter ! :o)