Home > Accueil > Costa Rica, la marche de la foi

Qui arrive au Costa Rica fin juillet-début août sans en connaître la tradition est absolument frappé de ce qu’il y voit : tout le pays se met en marche.

En 1635, une jeune indigène nommée Juana Pereira, qui cherchait du bois, trouva une statuette de pierre et l’emmena pensant que c’était une poupée. Mais trois jours de suite elle disparut et revint se placer au même endroit dans les bois. Cette statuette d’à peine 20 cm de haut représente la Vierge Marie portant l’Enfant Jésus endormi. Elle devint vite objet de dévotion et fut déclarée Patronne du Costa Rica sous le nom de Notre Dame des Anges. Elle fut placée dans une église de la ville de Cartago, mais après plusieurs destructions de cette église lors de tremblements de terre, les habitants jugèrent qu’elle voulait revenir encore une fois sur le lieu où elle était apparue, et lui construisirent là une très belle basilique, juste à côté d’une source dont l’eau miraculeuse continue de guérir une foule de malades, à en juger par les murs couverts d’ex-voto.

Le 02 août de chaque année a lieu la fête de Notre Dame des Anges, où lors de la messe solennelle s’expriment traditionnellement l’évêque du lieu, Cartago, et le Président de la République de ce pays considéré comme la Suisse du continent américain, tant pour l’extrême beauté de ses paysages que pour sa prospérité économique et politique. En effet les costaricains sont très fiers de n’avoir ni armée, ni conflits depuis 1948.

Le témoin du spectacle qui s’offre à Cartago durant toute la semaine du 02 août est subjugué : hors de toute convocation, les costaricains de tous bords se mettent en route, à pied, de partout, vers Cartago, leur ancienne capitale. Sur la route un jeune me confiait : « Venir à pied de Guanacaste (270 km) est encore peu tant nous avons à remercier la Sainte Vierge de tout ce qu’elle fait pour nous », tandis qu’un homme plutôt âgé confessait : « Avant je venais pour demander des grâces, mais maintenant je viens toujours pour remercier Notre Dame des Anges de m’avoir tant aidé. »

Un fleuve humain composé de milliers et milliers de personnes qui décident spontanément de marcher vers la Basilique, le jour où ils veulent, à l’heure où ils veulent et d’où ils veulent, et qui convergent vers Cartago par la route fermée à la circulation les deux ou trois jours de plus grande affluence. L’afflux le plus important est le 1er août après la journée de travail, le 2 étant férié. De la capitale à Cartago, 20 km. Tout du long, les services municipaux  gèrent la propreté, les urgences de santé, la sécurité. Les gens marchent en bavardant, en priant par moments. On dirait une grande promenade en famille. Il y a une majorité de jeunes adultes, des enfants et des personnes âgées, des bébés en poussette, tel le fils de notre amie Jocelyne qui l’allaitera tout en marchant…

Partis à 18 h nous arriverons sur le parvis un peu avant minuit : là dans un ordre parfait tout le monde peut entrer dans la basilique : la coutume invite à y entrer humblement, remontant toute la nef à genoux, et tout au bout, cette Vierge qui surprend par sa petitesse et sa simplicité. Et pourtant cette année encore elle a attiré à elle deux millions de pèlerins, presque la moitié de la population du pays !

Un pèlerin disait  tout en marchant : « J’aime venir,  car c’est comme une halte, un moment qui nous est donné chaque année pour réfléchir : me mettre en marche me rappelle que notre vie est un chemin et qu’il me faut regarder le but. » Une femme de 70 ans, marchant vaillamment dans la longue et difficile montée me disait : « J’ai beaucoup à demander, car j’ai quatre fils ! Bien sûr que je vais entrer à genoux ! Je viens accomplir une promesse. »

La basilique resplendit de lumière et de mille fleurs, tandis qu’à minuit les cloches sonnent à toute volée pendant de longues minutes. Un peu d’éternité… 

Le 02 août après la messe a lieu  la « pasada » : la petite Vierge noire, la « Negrita » comme ils l’appellent familièrement, sera emmenée pour un mois à la cathédrale de Cartago. Puis elle reviendra le 03 septembre. Avec elle à nouveau pour l’accompagner, beaucoup de pèlerins. Notamment les maraîchers et agriculteurs qui décoreront à leur tour la basilique : tout en fruits et légumes de cette belle terre du Costa Rica. 

 

Vous aimerez aussi
Arroser l’arbre sec
La terre de couleurs
El rezo del Niño
Le Chemin de St Jacques, selon Sa Majesté le Roi Felipe VI

Répondre