Agnès Bruchard, en mission au Point-Cœur Saint-Jean-de-Patmos en Grèce, présente dans cet extrait de sa lettre aux parrains ses amis les plus proches : les petits réfugiés Afghans.
La famille la plus proche de nous est celle des petits Afghans. Ils vivent juste en face de chez nous, leur fenêtre de chambre donne sur la mienne. Il n’est pas rare de les entendre crier nos noms pour attirer notre attention, si bien que les autres voisins nous connaissent sans même nous avoir jamais parlé. Il est bien souvent tentant pour moi de les ignorer après un énième appel dans une même journée et un soupir d’impatience s’échappe alors de mes lèvres sans que je puisse le retenir. Mais c’est aussi cela la mission : être une présence attentive et bienveillante à tout instant. Je demande alors rapidement pardon au Seigneur pour cette faiblesse de cœur et m’empresse d’aller les écouter parler de leur journée dans un grec impressionnant pour des enfants arrivés quelques mois avant moi. J’essaie d’être cette présence féminine dont ils manquent car leur maman vit loin d’eux.
La Grèce est la porte d’entrée pour l’Europe : c’est ainsi que cette petite famille est arrivée ici et a essayé de franchir la frontière pour rejoindre l’Allemagne. Ils ont payé une fortune des passeurs et se sont retrouvés, la maman dans un camion, et le papa dans un autre avec ses quatre enfants. Mais ce dernier groupe a été placé dans un camion réfrigérant. Après quelques heures, bloqué contre les parois réfrigérées, de peur de voir mourir ses enfants de froid, le papa a cogné contre le mur pour sortir de là. En sortant, ils se sont fait attrapés par la police, mais la petite dernière étant handicapée (nous pensons qu’elle est ataxique mais le barrage de la langue nous empêche de savoir exactement si c’est cela ou non), ils ont pu avoir le droit à ce logement et à des aides sociales. La maman a pu rejoindre l’Allemagne et appelle régulièrement sa famille qui tente toujours de la rejoindre.
Il y a comme une grâce spéciale qui se dégage de cette famille. Ils ont cette bonté d’âme que l’on rencontre parfois chez les personnes blessées par la vie mais qui en attendent toujours le plus beau. Chaque jour est une fête avec eux, chaque jeu est une aventure, chaque bonbon jeté de fenêtre à fenêtre est un trésor inestimable. Ils ne demandent qu’un peu d’amour et d’attention et il est bien clair qu’ils sont les enfants bien aimés du Christ.