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L’hépatite C, une maladie silencieuse

Du 19 au 21 septembre dernier, s’est tenu à Lisbonne le 7e congrès médical international organisé par le Réseau International sur l’Hépatite C chez les Usagers de Substance (International Network on Hepatitis C in Substance Users, INHSU [1]http://www.inhsu2018.com ).  Il a réuni plus de 700 participants venus du monde entier : médecins, infirmières, travailleurs sociaux, personnes étant ou ayant été infectées par le virus de l’hépatite C, tous réunis pour échanger leurs expériences et réfléchir ensemble aux moyens actuellement disponibles pour prévenir et traiter cette infection virale touchant le foie.

 

 

La transmission

Le virus de l’hépatite C se transmet par le contact d’une peau lésée avec du sang contaminé, par la transfusion de sang contaminé (c’était le cas jusqu’à ce que l’on parvienne à identifier ce virus dans les années 90), par l’utilisation de matériel souillé lors de consommations de drogues (non seulement le matériel d’injection mais aussi tout ce qui sert à préparer l’injection ou encore les pailles lors de prise par voie nasale …), lors de soins dentaire ou médicaux ou encore la réalisation de tatouages avec du matériel non stérilisé ou enfin, bien que plus rarement, par voie transplacentaire, de la mère au fœtus, durant la grossesse. La transmission du virus de l’hépatite C par voie sexuelle est rare sauf chez les homosexuels, particulièrement ceux qui sont déjà infectés par le HIV.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à plus de 170 millions le nombre de personnes actuellement infectées par ce virus. En Occident, les usagers de drogues représentent une bonne partie des personnes infectées.

La maladie

Le virus de l’hépatite C infecte le foie (d’où le terme « hépatite », littéralement « inflammation du foie »). Cette infection peut rester longtemps silencieuse, c’est-à-dire sans déclencher de symptômes. Toutefois, les personnes infectées se plaignent souvent de symptômes peu spécifiques comme de la fatigue, des douleurs articulaires, des démangeaisons … Dans environ 25% des cas, l’infection guérit spontanément 6 à 12 mois après la contamination, mais dans 75% des cas, la maladie évolue à bas bruit, pouvant conduire à une cirrhose du foie (le foie devient dur et ne fonctionne plus correctement), voire, dans certains cas, à un cancer du foie.

Le diagnostic

Le diagnostic s’effectue par une  simple prise de sang : la détection d’anticorps contre le virus de l’hépatite C permet de dire que la personne a déjà été contaminée par le virus. Un dosage de la virémie (taux de virus détectable dans le sang) permet alors de savoir si l’infection est déjà guérie (soit spontanément soit suite à un traitement ; virémie négative) ou si la personne présente une hépatite C chronique (virémie positive).

Le traitement

Depuis quelques années, de nouveaux traitements contre cette infection sont disponibles et particulièrement efficaces (guérison dans plus de 95% des cas). Le traitement (comprimés) ne dure que deux à trois mois et les effets secondaires sont la plupart du temps peu intenses (un peu de fatigue, de maux de tête, de nausées…). Le seul point négatif est son prix puisque un traitement coûte actuellement entre 20'000 et 30’000 euros, en tout cas en Europe !  Cependant, au vu de la gravité potentielle de cette infection et de la possibilité actuelle de la traiter efficacement, l’OMS a demandé à la communauté internationale de tout mettre en œuvre pour diminuer de plus de 90% la prévalence de cette infection d’ici 2030.

La mise en œuvre

C’est un grand défi que celui proposé par l’OMS, spécialement pour les pays aux ressources plus limitées et/ou dont la superficie ou le relief rendent l’accès aux soins particulièrement difficiles pour certaines populations. De plus, la population des usagers de drogue, particulièrement concernée par l’hépatite C, n’est pas des plus faciles à traiter étant donné leur situation sociale souvent précaire et le fait qu’ils n’ont pas toujours comme priorité de s’occuper de leur santé. Néanmoins, au cours du congrès de Lisbonne, plusieurs équipes ont pu démontrer que le fait d’aller vers les consommateurs de drogue (par exemple, à l’aide d’un minibus équipé) pour leur faciliter l’accès au diagnostic et au traitement plutôt que d’attendre qu’eux-mêmes se rendent dans les structures de soins officielles permettait d’améliorer de manière notoire la prise de ces traitements et donc le taux de guérison dans cette population, permettant ainsi de diminuer également de manière importante la transmission de l’hépatite C. L’information reste également un champ d’action majeur de ce projet de soin, l’OMS estimant que moins de 5% des personnes contaminées par le virus de l’hépatite C dans le monde étant au courant de ce diagnostic. C’est pour cela qu’en France par exemple, les autorités sanitaires recommandent à toute la population, depuis quelques années, un dépistage systématique, au moins une fois dans la vie, des virus HIV, de l’hépatite B et de l’hépatite C, ces infections pouvant passer longtemps inaperçues et continuer ainsi à être transmises à l’insu des personnes infectées.

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