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Béatification de sept évêques martyrs gréco-catholique en Roumanie

La dernière visite du Pape en Roumanie a été un moment très spécial pour le pays et en particulier pour les gréco-catholiques. C’était la première fois que le Saint-Père se rendait dans cette partie du pays, il y a célébré la béatification de ces sept évêques martyrs; un moment émouvant car la principale raison pour laquelle les évêques ont été tués est due à la relation avec Rome. Maintenant, Rome est venue dans leur pays pour offrir cette béatification à la Roumanie et à toute l’Église, offrant la consolation à un peuple et à une Église qui ont terriblement souffert.

Seigneur notre Roi et Créateur de tout, Père de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, qui as enjoint ton serviteur Moïse de représenter l’image des chérubins dans ton saint tabernacle, et nous aussi, nous avons ainsi reçu cette sainte image en mémoire d’eux. Nous te prions, ô notre Roi, d’envoyer la grâce de ton Saint-Esprit et ton ange sur cette sainte image afin que (si quelqu’un prie devant elle) sa prière soit accomplie par la grâce et la miséricorde et l’amour de ton Fils unique et ami de l’homme, notre Seigneur Dieu et Sauveur, Jésus Christ.

« En réalité, la liberté est quelque chose de très relatif. Ses conceptions diffèrent, sa définition et son utilisation varient. Du point de vue spirituel, nous étions plus libres derrière nos serrures que ceux de l’extérieur. Nous n’avons jamais porté le portrait de celui que nous ne voulions pas et nous n’avons jamais crié des slogans qui n’avaient pas notre soutien. » Telles sont les paroles de Mgr Ploscaru, qui a souffert avec de nombreux autres gréco-catholiques qui ont choisi la persécution plutôt que de renoncer à leur foi dans l’ère communiste oppressive de la Roumanie.

L’Église gréco-catholique (ou l’Église roumaine unie à Rome) a été fondée en 1700, elle a été séparée de l’Église orthodoxe pour revenir à l’unité avec l’Église catholique romaine. Elle a prospéré jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, lorsque la Roumanie est passée sous le régime communiste. Puis, en 1948, l’église gréco-catholique fut interdite jusqu’en 1989… A cette époque, toutes les messes, mariages, baptêmes et enterrements célébrés par un prêtre gréco-catholique devaient se faire en secret. Pendant 40 ans la foi fut transmise en secret, dans « l’Eglise du silence ». Tous les prêtres et les croyants qui ont été identifiés, ont été emprisonnés. Ces croyants avaient deux options : abandonner leur foi, ou risquer d’être pris et persécutés. Alors qu’avant cette période, l’église comptait environ 1.500.000 membres (1.700 prêtres), il lui restait ensuite environ 120.000 membres (seulement environ 200 prêtres). Bien que beaucoup de fidèles aient abandonné l’Église sous les pressions, certains ont choisi la persecution et la souffrance plutôt que de renoncer à leur foi. Parmi eux, les sept évêques gréco-catholiques roumains qui ont été béatifiés dimanche dernier, le 2 juin, par le Pape François à Blaj.

Alexander Russu (1884-1963), Vasile Aftenie (1899-1950), Valeriu Traian Frentiu (1875-1952), Ioan Suciu (1907-1953), Tit Liviu Chinezu (1904-1955), Ioan Balan (1880-1959) et Iuliu Hossu (1885-1970) ont tous été évêques et sont décédés en prison entre 1950-1970 des mauvais traitements reçus du régime . Vivant avec courage leur fidélité, ils ont laissé un don à travers leur vie et leur martyr pour toute l’Eglise et d’une manière spéciale pour le peuple roumain. Les bienheureux évêques sont devenus une partie précieuse et importante de l’histoire, des racines, du peuple roumain, et donc de son identité aujourd’hui, individuellement et pour tout le pays. Ils nous offrent aussi à tous le cadeau de leur amitié. A la fin de la liturgie à Blaj, l’icône représentant les sept évêques a été soulevée et j’ai éprouvé une proximité, une familiarité avec les évêques nouvellement béatifiés. J’ai appris à les connaître, un peu de leur vie et de leur souffrance, et ils m’ont fait connaître un peu les souffrances et les joies de leur pays.

Les évêques ont aussi envoyé un message profond de liberté car, comme l’apôtre Paul, ces évêques avaient brillé de la lumière de l’évangile en vivant leur foi « sans entrave et en toute transparence ». Bien qu’ils aient été physiquement enchaînés et torturés, leur foi et leur prière persistante ont invité Dieu à libérer leur âme. Mgr Ploscaru a parlé de cette libération dans la prière : « la seule arme de défense contre l’anéantissement de l’homme était la prière. Ceux qui ne croyaient pas en Dieu, après tant d’heures passées en prison, sont devenus croyants avant la résignation, le calme et la confiance, voire la joie de ceux qui priaient. Par la prière, l’âme fortifie le corps, l’illumine et lui donne le pouvoir de résister, d’attendre, d’affronter la souffrance, la solitude, la faim, l’isolement. Bénie soit la prière qui nous rapproche du Créateur, Source suprême de vie et de bonheur. » A Blaj, le Pape a prononcé une homélie interpellante, parlant du modèle de miséricorde et de liberté que les évêques nous ont donné et nous exhortant tous à résister « aux nouvelles idéologies qui tentent tranquillement de s’affirmer et d’arracher nos peuples à leurs plus riches traditions culturelles et religieuses. Des formes de colonisation idéologique qui dévalorisent la personne, la vie, le mariage et la famille ». Il a parlé de ces voix « semant la peur et la division », de cette panique et de cette peur de la persécution qui si souvent étouffe les jeunes et devient notre propre prison. Son encouragement est de « résister à ces nouvelles idéologies qui surgissent. C’est à nous de décider maintenant, tout comme ils ont résisté à leur époque. Puissiez-vous être témoins de liberté et de miséricorde, permettant à la fraternité et au dialogue de l’emporter sur les divisions.« 

Le Saint-Père, qui a été accueilli avec tant de joie et de fierté par chacun des 100.000 personnes présentes, a apporté d’humbles paroles de consolation au peuple roumain, un peuple qui a eu en partie une mentalité de ressentiment à l’égard de son pays, de tristesse pour son passé. Il est arrivé avec un cœur de compassion pour ces personnes et pour l’Église gréco-catholique, a vécu d’humbles moments de joie et de consolation, et est parti comme nous tous, emportant avec lui les souffrances et les joies de la Roumanie : le cœur de son peuple.

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