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« Mon peuple a besoin de l’Eucharistie », Père Ragheed un apôtre pour l’Irak

Depuis plus d’un mois l’Irak est entré dans une nouvelle phase de révolution. Est-ce parce que l’intervention en Irak a laissé l’Occident honteux que cette mobilisation est si peu médiatisée ? Ce sont pourtant depuis le 1er octobre des milliers d’Irakiens qui sont dans la rue pour protester contre la corruption qui empêche le pays de sortir de la crise, de fournir à ses habitants les services publics de base (eau, électricité). Le Gouvernement réprime violemment ces manifestations, on compte plus de 320 morts et 12 000 blessés.

 

Le Père Ragheed Ganni

 

C’est tout juste avant le début de ces évènements, en septembre, que s’est ouvert à Rome le procès en béatification du Père Ragheed Ganni, Irakien, assassiné par des islamistes en 2007 à Mossoul à l’âge de 35 ans. Une figure qui intercède aujourd’hui pour l’Irak, il disait quelques jours avant sa mort : « Je peux me tromper, mais pour une chose, une seule chose, j’ai la certitude qu’elle est vraie, pour toujours : l’Esprit Saint continuera à illuminer des personnes afin qu’elles œuvrent pour le bien de l’humanité, dans ce monde si plein de mal ».

Il y a quelques mois nous rencontrions celui qui a été son Père spirituel durant tout le temps de ses études à Rome, avant son retour en Irak. Parlant du père Ragheed il nous rappelait le secret de sa vie, le cœur de l’existence sacerdotale, l’Eucharistie, pour laquelle il est rentré en Irak sachant qu’il y donnerait probablement sa vie : « Le Christ – disait Ragheed – avec son amour sans limites défie le mal, nous garde unis, et nous donne, à travers l’Eucharistie, la vie que les terroristes essaient de nous ôter. J’ai eu la grâce de connaitre le père Ragheed Ganni, prêtre du diocèse de Mossoul en Irak. Je l’ai en effet rencontré au Collège Pontifical irlandais à l’automne 2003 alors que je commençais une année sabbatique après plusieurs années à Maynooth à l’Université Pontificale, enseignant la théologie systématique. Padre Ganni terminait lui ses études à l’Angelicum et s’apprêtait à rentrer en Irak. Je fais souvent mémoire de lui. Je me souviens de sa présence vive, qui marquait tout le monde au Collège irlandais. Il savait vivre tout intensément, prière, étude, vie du Collège, vie communautaire. On peut le décrire comme un homme qui savait vivre car il vivait de la foi et pour la foi, comme prêtre qui aimait aussi beaucoup sa patrie. Je me rappelle encore le jour de son départ pour l’Irak. Presque tous les étudiants du Collège étaient rassemblés pour lui souhaiter un bon voyage et une bonne mission. Il y avait une atmosphère très particulière : tous savaient le danger du voyage et du ministère que Ragheed allait commencer.

Une brève conversation que j’ai eue avec lui m’est toujours restée en mémoire ; je lui demandais, quel itinéraire as-tu choisi pour arriver a Mossoul ? Il me répondit qu’il atterrissait à Beyrouth, pour traverser ensuite la Jordanie en bus et ainsi arriver au pays. Il m’expliquait que cela aurait été plus simple de prendre un vol pour l’Irak mais que cela était impossible dans la situation actuelle.

Don Ragheed connaissait bien l’Irlande. Il allait en Irlande tous les ans pour les vacances universitaires durant ses années d’étude à Rome. Il exerçait son ministère dans différents lieux de pèlerinage comme « Lough Derg », appelé en Irlande depuis des siècles : « le purgatoire de Saint Patrick ». Un autre lieu était Knock ou la Vierge Marie est apparue en 1878 à un groupe de paroissiens. Il connaissait un grand nombre de prêtres et de laïcs irlandais par ses études à Rome et ses visites en Irlande.

Il y a une expérience qui m’a toujours touché. Je crois que cela peut être une clé d’interprétation de toute sa vie. Un jour Don Ragheed parlait avec une dame irlandaise lors de l’un de ses séjours. Il lui expliquait la situation dans son pays, et pourquoi la situation était dangereuse pour les chrétiens. Elle lui demande alors, « mais pourquoi Père Ragheed vous retourneriez là-bas si la situation est aussi désastreuse et dangereuse ? ». Don Ragheed répondit immédiatement : « parce que mon peuple a besoin de l’Eucharistie ». Son amour pour Jésus Eucharistie était je crois le centre de sa vie, de sa spiritualité et sa raison d’être prêtre de Jésus Christ. » [1]Père Thomas Joseph Norris, le 15 mai 2019

 

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References

References
1 Père Thomas Joseph Norris, le 15 mai 2019
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