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Le Pape François: « donnons à la foi un visage et une chair thaïlandais »

Du 20 au 23 Novembre 2019, la Thaïlande recevait la visite du pape François. La dernière visite apostolique d’un Pape datait de 1984, en la personne de Saint Jean-Paul II. Un événement pour la minorité de catholiques thailandais (0,5% de la population), ainsi que pour le peuple thaï, bienveillant envers ce « chef d’état » en visite. Dans un pays largement bouddhiste, où identité thaïlandaise et religion bouddhiste ne font qu’un, la visite apostolique est venue encourager la minorité catholique. 

 

 

Le 22 Novembre, le Pape s’adressait aux prêtres, religieux et consacrés à Samphran, près de Bangkok, en l’église du bienheureux Nicolas Bunkerd Kitbamrung (un prêtre thaï décédé en 1944 des suites de ses 3 ans d’emprisonnement par les autorités thaïlandaises, béatifié en 2000). Son message essentiel était de « ne pas avoir peur de continuer à inculturer l’évangile ». Il a dit être attristé de savoir qu’en Thaïlande, la religion catholique est considérée par la majorité des thaïs comme la foi et la religion des étrangers« Cela doit nous amener à trouver des moyens de confesser la foi en dialecte, comme une mère qui chante des berceuses à son enfant. Avec la même intimité, donnons à la foi un visage et une chair thaïlandais ». Au fond, il s’agit beaucoup plus que de simplement traduire, « c’est de laisser l’évangile être dépouillé d’un vêtement certes précieux mais étranger ; de le laisser chanter avec la musique native de ce pays et d’inspirer les cœurs des nos frères et sœurs avec la même beauté qui ont mis nos cœurs en feu ».

 

 

Les volontaires du Point-Coeur de Bangkok ont suivi la visite du Pape de près, ses mots ont fait écho à leur expérience de terrain, dans leur quartier de 70 raj. Elles nous partagent à l’occasion de cette visite ces petites fiorettis de leur mission:

  • Yay Somechit rentre d’une visite à l’hôpital où je l’ai accompagnée. Le chauffeur de taxi lui demande qui est « l’étrangère». Elle s’énerve et elle lui répond « ce n’est pas une étrangère, c’est ma petite fille ! ».
  • Phii Jack nous confie « je suis heureux de vous connaître dans cette vie, j’espère que nous nous reverrons dans la prochaine vie. Mais il se peut que vous ne renaissiez pas car vous êtes des êtres de compassion. »
  • J’entends un échange entre nos voisines. L’une demande « que font-elles dans ce quartier ces filles ? » ; et la voisine de répondre « elles prient et elles aiment nos enfants ».
  • Nous visitons un ami très faible, lung Piak, qui souffre de dépression depuis des années. Pendant les visites, il est toujours au centre. Un jour, son frère qui va et vient nous demande « pourquoi c’est toujours à lui que vous parlez, il n’a rien d’intéressant ! ».

 

 

Le Saint Père a demandé également de combattre vaillamment pour les choses que le Seigneur aime et pour lesquelles Il a donné Sa vie : « Les prêtres et religieux qui rencontrent les plus abandonnés ou souffrants sont invités à voir en eux le visage du Christ ». Une vraie inculturation de l’Evangile doit s’appuyer sur la fidélité à une prière profonde, comme celle des personnes âgées qui prient le chapelet en tout temps. « Combien d’entre nous ont reçu la foi de nos grands-parents, en les voyant faire leurs tâches ménagères, le chapelet à la main, sanctifiant leur journée entière ». « Cela est la contemplation en action, faisant que Dieu fait partie des petites choses de chaque jour». Enfin, il a rappelé l’importance de la gratitude envers ceux qui nous ont introduit à la foi. « Je crois que l’histoire de chacune de nos vocations est marquée par ces personnes qui nous ont aidé à découvrir et discerner le feu de l’Esprit ».

 

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