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Avec les rues illuminées, les décorations sur les places publiques et les arbres de Noël tout au long du mois de décembre, le Salvador ne fait pas exception. Comme dans la plupart des régions du monde, l’atmosphère est différente à cette époque de l’année et la population accueille cette période à bras ouverts. Pour la grande majorité, c’est la période des vacances, les écoles et les universités ont terminé leur année scolaire et pour beaucoup, c’est le signe d’un repos bien mérité.

 

© Terre de Compassion

 

Aujourd’hui, l’influence des milliers de Salvadoriens vivant aux États-Unis est évidente et on peut dire qu’au fil des années, la population à l’étranger augmente et que la saison adopte de plus en plus d’éléments de la célébration américaine. C’est la période la plus propice aux voyages et elle devient un moment de retrouvailles pour de nombreuses familles. Il faut cependant souligner que cette empreinte que laissent les frères et sœurs éloignés sur la manière de vivre Noël s’enracine dans la tradition de la réunion familiale. De nombreux Salvadoriens se rendent dans leur pays natal au cours du dernier mois de l’année pour retrouver temporairement leur famille et apporter avec eux des cadeaux en guise de marques d’affection. En effet, pour un Salvadorien, même vivant à l’étranger, fêter Noël convenablement implique des traditions qui vont au-delà du consumérisme qu’ils ont pu adopter. La période de Noël est une saison de joie qui a vu le jour et qui, sans aucun doute, tourne encore autour de sa signification liturgique. La dévotion à l’Enfant-Dieu reste forte dans le pays et diverses coutumes populaires découlent de ce sens religieux.

Avant le 25 décembre, les préparatifs commencent, les courses sont faites pour préparer le dîner principal, les pains au poulet ou à la « chumpe » (dinde) sont les plus courants. Une tenue spéciale est également préparée pour cette nuit, des vêtements neufs appelés « el estreno », achetés en fonction de leurs possibilités est un signe de l’importance de la fête. Pour les plus courageux, de la poudre à canon sera brûlée à l’approche de minuit le 24. Tout cela dans l’attente du point culminant de cette importante soirée.

D’autres traditions comme les posadas et les pastorelas sont encore plus représentatives du sens de l’Avent et du sens de la fête, avec les chants et les costumes, il est difficile de ne pas être contaminé par la joie de cette attente. Cependant, il semble que la tradition la plus caractéristique du Salvador, qui représente le mieux la façon dont Noël est vécu dans ce petit pays, soit la scène de Noël préparée avec de petits personnages en argile dans les maisons, plus connue sous le nom de « nacimiento ».

 

 

La vue de ces ornements traditionnels et l’évident dévouement avec lequel ils sont disposés, laisse une certaine certitude que la simplicité avec laquelle cette fête doit être reçue, prévaut même en ces temps où l’on veut la réduire à la commémoration d’un événement historique. Les crèches salvadoriennes ont la particularité de représenter avec des figures rustiques ce que l’on appelle « le mystère », c’est-à-dire les principaux protagonistes de cette scène – Jésus, Marie et Joseph dans une crèche – mais elles sont également complétées par d’autres personnages représentatifs de la bible, des personnages de la vie quotidienne et des contes ou légendes.

 

 

On peut y voir des figures de maisons typiques, d’églises, de marchands, de paysans, de travailleurs de toutes professions, de mariachis et de bergers, le tout accompagné de toutes sortes d’animaux. Les artisans qui fabriquent ces figurines, originaires d’une ville appelée Ilobasco, sont libres de produire et de vendre des figurines allant de saint Monseigneur Romero et de la Vierge de Guadalupe à Leonel Messi ou encore au Cipitio (personnage d’une légende salvadorienne). Et dans cette peinture traditionnelle, le mystère embrasse tous les aspects de la réalité !

 

 

Cette nativité, qui semble être un enchevêtrement de représentations différentes, totalement inconcevable d’un point de vue historique et rationnel, montre bien que la foi dans ces maisons ne dépend pas d’explications, elle n’a aucun problème à accepter que l’histoire qu’elle célèbre n’est pas terminée et que notre réalité en fait partie. Ainsi, cet événement unique qui s’étend dans le temps et l’espace redevient présent.

 

 

La dernière figure mise en scène est le petit enfant, avec la simplicité des bergers de Bethléem qui ont su percevoir et croire que, de manière mystique et inexplicable, à ce moment-là, quelque chose allait changer. Quelqu’un qui transcende notre existence vient, et par sa présence est capable de changer notre réalité. À minuit, au milieu du bruit des feux d’artifice, l’enfant Jésus est placé dans la crèche, des accolades sont partagées avec toutes les personnes présentes et la joie de la présence d’un « Dieu avec nous » est discrètement renouvelée.

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