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Le paradoxe de l’esprit humain

« Paradoxe de l’esprit humain : créé fini, il n’est pas seulement doublé d’une nature ; il est lui-même nature. Avant d’être esprit pensant, il est nature spirituelle. Dualité irrésoluble, autant qu’union indissoluble. Image de Dieu, mais tiré du néant. Avant donc d’aimer Dieu, et pour pouvoir l’aimer, il désire. Fait pour Dieu, l’esprit est attiré par lui. (…) L’esprit est donc désir de Dieu. Tout le problème de la vie spirituelle sera de libérer ce désir, puis de le transformer : conversion radicale, metanoia sans laquelle il n’est point d’entrée dans le Royaume…

 

 

Le désir naturel est déjà tout autre chose que ce « désir biologique » sous les traits duquel il arrive qu’on le représente. L’esprit, en effet, ne désire pas Dieu comme l’animal désire sa proie. Il le désire comme un don. Il ne cherche point à posséder un objet infini : il veut la communication libre et gratuite d’un Etre personnel. Si donc, par impossible, il pouvait prendre son bien suprême, du coup, ce ne serait plus là son bien. Veut-on parler encore d’exigence ? En ce cas, l’on devra dire que l’unique exigence de l’esprit, c’est ici de ne rien exiger. Il exige que Dieu soit libre dans son offre, comme il exige d’être libre lui-même (en un tout autre sens) dans l’acceptation de cette offre. Il ne veut pas plus d’un bonheur qu’il prendrait, que d’un bonheur qu’il n’aurait qu’à recevoir. Ainsi la gratuité absolue du don divin apparaît aussi bien comme une requête de la créature pour elle-même que pour la grandeur de son Dieu ».

 

 

Citation: Cardinal Henri de Lubac, Le Surnaturel, pp. 483-484

Photos: © Analia Pasquali, Oración.

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