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Le Nonce apostolique en Allemagne rappelle le critère de la liberté authentique

Le 23 septembre dernier, le Nonce Apostolique Nikola Eterovic approfondissait pour les Évêques allemands la vocation de l’homme et de la femme. Sa parole s’élevait sans polémique, ni reproche dans un contexte houleux marqué par les prétentions du Synode allemand d’imposer des réformes significatives concernant la morale et la doctrine de l’Église [1]Le Synode allemand s’était conclu par un consensus sur divers points : rééxamination du célibat des prêtres, autorisation donnée aux laïcs de proclamer l’Evangile et prêcher durant les … Continue reading

 

Le Nonce Apostolique Nikola Eterovic

Les tenants d’un certain progrès entendent en effet réagir contre une institution ecclésiale perçue en de nombreux points comme obsolète. Les éléments de morale soulignés par ceux qui voudraient défendre la tradition de l’Eglise, sont alors reçus comme un légalisme réducteur, autant d’entraves à la liberté des individus et à leur désir d’être valorisés et reconnus.

Mais le désir de s’aligner sur le monde actuel ne témoigne-t-il pas lui-aussi d’un manque de liberté ? Ne reflète-t-il pas plutôt les analyses superficielles des médias qui ne valorisent le Pape François que parce qu’il s’opposerait à la tradition de l’Eglise ?

C’est justement en s’appuyant sur les paroles du Pape argentin que le Nonce établi son argumentation à contre-courant. Il manifeste ainsi que la liberté post-moderne s’assimile aux colonialismes d’autrefois et se révèle être un nouveau légalisme totalitaire.

Pour lui, l’enjeu décisif de notre époque est de réapprendre à se recevoir du Créateur, à reprendre à vivre à la lumière de son amour. Or, c’est justement parce qu’elle rappelle combien la véritable liberté ne peut être que le fruit de l’amour, que la tradition de l’Eglise éclaire les questions de notre temps.

Par son intervention courageuse, Monseigneur Eterovic souhaite donner aux croyants et particulièrement aux éducateurs des critères de discernement pour faire face aux défis de notre époque tout en se gardant des idéologies destructrices.

La synthèse de cette intervention exposée dans les lignes suivantes est suivie d’une traduction du texte complet.

« Navez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme » [2]Mt 19,4  En rappelant les paroles du Christ, le Nonce entend montrer combien la vison catholique concernant la masculinité et de la féminité s’enracine dans la Révélation de telle manière que « le mystère de lhomme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » [3]Concile Vatican II, GS, 22 .

Monseigneur Eterovic déplore cependant les déviances actuelles : « Malheureusement, cette vision est entre-temps tombée dans l’oubli, y compris dans certains cercles de l’Église, tandis que s’impose de plus en plus une image de l’homme et de sa nature différente de celle exposée ci-dessus, voire en partie opposée. Il reste à espérer que l’anthropologie profondément chrétienne, qui est également mise en lumière dans les déclarations du Saint-Père François, puisse être prise en compte lors de la XVIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques en octobre 2023 sur le thème “Pour une Église synodale : Communion, participation et mission”, prendra un nouvel élan. »

  1. La colonisation idéologique

Le Nonce apostolique cite ensuite le pape François dans sa célèbre homélie de Manille : « Il y a des colonisations idéologiques qui cherchent à détruire la famille. Elles ne naissent pas du rêve, de la prière, de la rencontre avec Dieu, ni de la mission que Dieu nous donne. Elles viennent du dehors, cest pour cela que je dis que ce sont des colonisations. (…) Nous devons comme famille être très très clairvoyants, très habiles et très forts pour dire “non” à toute tentative de colonisation idéologique de la famille. » [4]Manille, 16 janvier 2016 .

Il développe ensuite la pensée du Saint-Père, qui lui-même se référait au concept d’écologie humaine proposé par Benoît XVI. Ainsi peut-on lire dans Laudato sí : « Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine. La valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent. De cette manière, il est possible daccepter joyeusement le don spécifique de lautre, homme ou femme, œuvre du Dieu créateur, et de senrichir réciproquement. Par conséquent, lattitude qui prétend “effacer la différence sexuelle parce quelle ne sait plus sy confronter”, nest pas saine. » [5]LS, 155 .

Enfin, il rappelle qu’Amoris Laetitia dénonçait ce qu’on a coutume d’appeler l’idéologie du genre, qui « induit des projets éducatifs et des orientations législatives qui encouragent une identité personnelle et une intimité affective radicalement coupées de la diversité biologique entre masculin et féminin » et qui par conséquent réduit l’identité humaine à « une option individualiste, qui peut même évoluer dans le temps ». Ce contexte s’accompagne d’une révolution biotechnoliogique qui « introduit la possibilité de manipuler l’acte d’engendrer, le rendant indépendant de la relation sexuelle entre un homme et une femme ». Face à cette situation, le pape insiste : « Une chose est de comprendre la fragilité humaine ou la complexité de la vie, autre chose est daccepter des idéologies qui prétendent diviser ces deux aspects inséparables de la réalité. Ne tombons pas dans le péché de prétendre nous substituer au Créateur. Nous sommes des créatures, nous ne sommes pas tout-puissants. La création nous précède et doit être reçue comme un don. En même temps, nous sommes appelés à sauvegarder notre humanité, et cela signifie avant tout laccepter et la respecter comme elle a été créée » [6]AL, 56 .

Tout en rappelant le respect dû à chaque personne « indépendamment de sa tendance sexuelle », le pape dénonçait un projet « supranationaliste abstrait, oublieux de la vie des peuples. Cest la voie néfaste des colonisations idéologiques” qui éliminent les différences, comme dans le cas de ladite culture du genre, ou qui font passer des conceptions réductrices de liberté avant la réalité de la vie, par exemple en vantant un droit insensé à l’avortement”, qui est toujours un échec tragique. » [7]Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique, Budapest, 28 avril 2023 .

  1. La responsabilité des parents dans l’éducation des enfants

Dénonçant sans ambiguïté « le chemin dictatorial de la pensée unique” », le pape François, toujours cité par le Nonce, affirmait « le droit des enfants à grandir dans une famille, avec un père et une mère capables de créer un environnement adapté à leur développement et à leur maturation affective. En continuant à mûrir dans la relation, dans la confrontation avec ce quest le caractère masculin et le caractère féminin dun père et dune mère, et en préparant ainsi la maturité affective ».

Il demandait aux éducateurs de se garder des « colonisations idéologiques : « Je vous en prie : veillez à former les enseignants de manière à ce qu’ils puissent discerner une nouveauté qui les aide à grandir et une idéologie, une colonisation idéologique. Aujourd’hui, les colonisations idéologiques détruisent la personnalité humaine et peuvent être désastreuse lorsqu’elles sont appliquées à l’éducation » [8]Vatican, 12 novembre 2022 .

Face aux tentatives de restreindre toujours plus le champ de la liberté religieuse, Le Nonce rappelle combien le Pape avait insisté sur les droits et devoirs des parents en rappelant notamment la Convention européenne des droits de l’homme selon laquelle « L’État, dans lexercice des fonctions quil assumera dans le domaine de l’éducation et de lenseignement, respectera le droit des parents dassurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques » [9]article 2 .

 

Texte complet :

Mot de bienvenue
de Son Excellence le Nonce apostolique
Nikola Eterovic,
à l’occasion de l’assemblée plénière de la Conférence des évêques d’Allemagne

 

« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les crée homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et multipliez, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre » (Gn 1,27-28) [10]Toutes les citations bibliques sont reprises dans la traduction liturgique AELF.

Éminences, Excellences, chers frères dans l’épiscopat,

les paroles du livre de la Genèse décrivent la volonté de Dieu de vouloir créer l’être humain à son image, comme un homme et une femme dont il bénit l’amour par la fécondité et auxquels il confie le soin de la création. C’est l’un des passages de l’Écriture sainte qui a marqué l’histoire du judaïsme et du christianisme dès le début et qui conserve encore toute sa valeur. C’est ce que montre également le Concile Vatican II, qui se réfère aux versets bibliques mentionnés dans différents documents. Par exemple, dans la constitution pastorale Gaudium et spes – Sur l’Église dans le monde de ce temps, on peut lire : « Dieu n’a pas créé l’homme solitaire : dès l’origine, “il les créa homme et femme” [11]Gn 1,27 ; cette société de l’homme et de la femme est l’expression première de la communion des personnes » [12]GS, 12 . Nous confessons que la révélation concernant le projet divin de salut a été pleinement connue dans le Seigneur Jésus-Christ. Lui-même, dans son débat avec les pharisiens sur la nature du mariage, se réfère aux paroles du livre de la Genèse : « N’avez-vous pas lu ceci ? Dès le commencement, le Créateur les fit homme et femme » [13]Mt 19,4 . En Lui, « s’accomplit vraiment le dessein du Créateur formant l’homme à son image et à sa ressemblance, quand tous ceux qui participent à la nature humaine, une fois qu’ils auront été régénérés dans le Christ par le Saint-Esprit, refléteront ensemble la gloire de Dieu [14]cf. 2 Co 3, 18 et pourront dire : “Notre Père” » [15]Ad gentes, 7 . Gaudium et spes, qui se penche également sur les versets bibliques mentionnés aux paragraphes 41 et 50, enseigne : « Sous la lumière du Christ, image du Dieu invisible, premier-né de toute créature, le Concile se propose de s’adresser à tous, pour éclairer le mystère de l’homme et pour aider le genre humain à découvrir la solution des problèmes majeurs de notre temps. » [16]GS, 10 . Par la suite, les pères conciliaires affirment : « En réalité, le mystère de l’homme ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné » [17]GS, 22 .

Cette approche anthropologique qui se fonde sur la Bible et la tradition vivante de l’Église, est également confirmée de bien des manières dans les documents du magistère. Il suffit de se référer à l’exhortation apostolique post-synodale de Jean-Paul II Familiaris consortio et à ses paragraphes 11, 23, 24, 32 et 64, ainsi qu’à l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia du Saint-Père François, en particulier ses paragraphes 10, 71 et 118.

Malheureusement, cette vision est entre-temps tombée dans l’oubli, y compris dans certains cercles de l’Église, tandis que s’impose de plus en plus une image de l’homme et de sa nature différente de celle exposée ci-dessus, voire en partie opposée. Il reste à espérer que l’anthropologie profondément chrétienne, qui est également mise en lumière dans les déclarations du Saint-Père François, puisse être prise en compte lors de la XVIe assemblée générale ordinaire du synode des évêques en octobre 2023 sur le thème « Pour une Église synodale : Communion, participation et mission, prendra un nouvel élan.

Dans ce contexte, je voudrais rappeler quelques mots du pape François sur ce que l’on appelle la colonisation idéologique (1), ainsi que sur le droit des parents à éduquer leurs enfants (II).

  1. La colonisation idéologique

Depuis le début de son pontificat, le pape François s’est exprimé de manière critique sur les colonisations idéologiques. Dans son discours lors de la rencontre avec les familles à Manille, le Saint-Père a mis en garde : « Soyons attentifs aux nouvelles colonisations idéologiques. Il y a des colonisations idéologiques qui cherchent à détruire la famille. Elles ne naissent pas du rêve, de la prière, de la rencontre avec Dieu, ni de la mission que Dieu nous donne. Elles viennent du dehors, c’est pour cela que je dis que ce sont des colonisations. Ne perdons pas la liberté de la mission que Dieu nous donne, la mission de la famille ! Et de même que nos peuples, à un moment de leur histoire sont parvenus à maturité pour dire “non” à toute colonisation politique, nous devons comme famille être très très clairvoyants, très habiles et très forts pour dire “non” à toute tentative de colonisation idéologique de la famille ; et demander à saint Joseph, qui est l’ami de l’ange, de nous envoyer l’inspiration pour savoir quand on peut dire “oui” et quand il faut dire “non”. » [18]Manille, 16 janvier 2016 .

Pour mieux comprendre la pensée du Saint-Père François, il est toutefois nécessaire de se référer à deux de ses documents qui ont un poids doctrinal particulier.

Dans son encyclique Laudato sí du 24 mai 2015, le pape a souligné l’existence d’une écologie de l’homme. Elle recèle « quelque chose de très profond : la relation de la vie de l’être humain avec la loi morale inscrite dans sa propre nature, relation nécessaire pour pouvoir créer un environnement plus digne. Benoît XVI affirmait qu’il existe une “écologie de l’homme” parce que « l’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté ». Dans ce sens, il faut reconnaître que notre propre corps nous met en relation directe avec l’environnement et avec les autres êtres vivants. L’acceptation de son propre corps comme don de Dieu est nécessaire pour accueillir et pour accepter le monde tout entier comme don du Père et maison commune ; tandis qu’une logique de domination sur son propre corps devient une logique, parfois subtile, de domination sur la création. Apprendre à recevoir son propre corps, à en prendre soin et à en respecter les significations, est essentiel pour une vraie écologie humaine. La valorisation de son propre corps dans sa féminité ou dans sa masculinité est aussi nécessaire pour pouvoir se reconnaître soi-même dans la rencontre avec celui qui est différent. De cette manière, il est possible d’accepter joyeusement le don spécifique de l’autre, homme ou femme, œuvre du Dieu créateur, et de s’enrichir réciproquement. Par conséquent, l’attitude qui prétend “effacer la différence sexuelle parce qu’elle ne sait plus s’y confronter”, n’est pas saine. » [19]LS, 155 .

Dans l’exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia du 19 mars 2016, le pape écrit : « Un autre défi apparaît sous diverses formes d’une idéologie, généralement appelée ‘‘gender’’, qui “nie la différence et la réciprocité naturelle entre un homme et une femme. Elle laisse envisager une société sans différence de sexe et sape la base anthropologique de la famille. Cette idéologie induit des projets éducatifs et des orientations législatives qui encouragent une identité personnelle et une intimité affective radicalement coupées de la diversité biologique entre masculin et féminin. L’identité humaine est laissée à une option individualiste, qui peut même évoluer dans le temps”. Il est inquiétant que certaines idéologies de ce type, qui prétendent répondre à des aspirations parfois compréhensibles, veulent s’imposer comme une pensée unique qui détermine même l’éducation des enfants. Il ne faut pas ignorer que “le sexe biologique (sex) et le rôle socioculturel du sexe (gender), peuvent être distingués, mais non séparés”. D’autre part, “la révolution biotechnologique dans le domaine de la procréation humaine a introduit la possibilité de manipuler l’acte d’engendrer, en le rendant indépendant de la relation sexuelle entre un homme et une femme. De la sorte, la vie humaine et la parentalité sont devenues des réalités qu’il est possible de faire ou de défaire, principalement sujettes aux désirs des individus ou des couples, qui ne sont pas nécessairement hétérosexuels ou mariés”. Une chose est de comprendre la fragilité humaine ou la complexité de la vie, autre chose est d’accepter des idéologies qui prétendent diviser les deux aspects inséparables de la réalité. Ne tombons pas dans le péché de prétendre nous substituer au Créateur. Nous sommes des créatures, nous ne sommes pas tout-puissants. La création nous précède et doit être reçue comme un don. En même temps, nous sommes appelés à sauvegarder notre humanité, et cela signifie avant tout l’accepter et la respecter comme elle a été créée » [20]AL, 56 .

Au printemps de cette année, lors de son voyage apostolique en Hongrie, le pape François a parlé de la colonisation idéologique sur le continent européen : « Je pense donc à une Europe qui ne soit pas l’otage des partis, en proie aux populismes autoréférentiels, mais qui ne se transforme pas non plus en une réalité fluide, voire gazeuse, en une sorte de supranationalisme abstrait, oublieux de la vie des peuples. C’est la voie néfaste des “colonisations idéologiques” qui éliminent les différences, comme dans le cas de ladite culture du genre, ou qui font passer des conceptions réductrices de liberté avant la réalité de la vie, par exemple en vantant un “droit insensé à l’avortement”, qui est toujours un échec tragique. Qu’il est beau, au contraire, de construire une Europe centrée sur la personne et sur les peuples, où existent des politiques efficaces pour la natalité et la famille ! » [21]Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique, Budapest, 28 avril 2023 .

Il faut souligner que, selon le pape François, s’il est nécessaire de rejeter la colonisation idéologique —idéologie du genre incluse—, il ne fait aucun doute que « chaque personne, indépendamment de sa tendance sexuelle, doit être respectée dans sa dignité et accueillie avec respect » [22]AL, 250 . Au retour de son voyage apostolique au Portugal à l’occasion des 37e Journées mondiales de la Jeunesse, le pape a notamment assuré que « l’Église est ouverte à tous, puis il y a des règles qui régissent la vie à l’intérieur de l’Église. Et celui qui se trouve à l’intérieur de l’Eglise est soumis à ces règles… Cela ne signifie pas qu’elle est fermée. Chacun rencontre Dieu sur son propre chemin, à l’intérieur de l’Eglise, et l’Eglise est une mère qui guide chacun sur son chemin » [23]Conférence de presse, 06 août 2023 .

  1. La responsabilité des parents dans l’éducation des enfants

Dans son discours à la délégation du Bureau International Catholique de l’Enfance (BICE), le pape François a déclaré le 11 avril 2014 : « De nos jours, il est important de mener à bien les projets contre le travail d’esclaves, contre le recrutement d’enfants-soldats et contre tout type de violence sur les mineurs. Il faut par contre réaffirmer le droit des enfants à grandir dans une famille, avec un père et une mère capables de créer un environnement adapté à leur développement et à leur maturation affective. En continuant à mûrir dans la relation, dans la confrontation avec ce qu’est le caractère masculin et le caractère féminin d’un père et d’une mère, et en préparant ainsi la maturité affective ». Le pape souligne le droit des parents à éduquer leurs enfants et poursuit : « Cela comporte dans le même temps de soutenir le droit des parents à l’éducation morale et religieuse de leurs enfants. Et à ce propos, je voudrais manifester mon refus de tout type d’expérimentation éducative avec les enfants. Avec les enfants et les jeunes on ne peut pas faire des expériences. Ce ne sont pas des cobayes de laboratoire ! Les horreurs de la manipulation éducative que nous avons vécues pendant les grandes dictatures génocides du XXe siècle n’ont pas disparu ; elles conservent leur actualité sous des apparences différentes et des propositions qui, sous prétexte de modernité, poussent les enfants et les jeunes à marcher sur le chemin dictatorial de la “pensée unique”. » [24]ibid .

Bien entendu, les parents ont besoin d’enseignants et de projets éducatifs appropriés pour cette tâche importante. Dans son discours aux participants de l’assemblée générale de l’Union Mondiale des Enseignants Catholiques (UMEC-WUCT), le Saint-Père a souligné qu’il était de leur devoir d’aider les enseignants « à garder vivant le désir de grandir avec leurs élèves et à trouver des moyens efficaces de transmettre la joie de la connaissance et le désir de vérité, en utilisant des langues et des formes culturelles adaptées aux jeunes d’aujourd’hui ». Il a toutefois immédiatement précisé : « gardez-vous des colonisations idéologiques. une chose est de suivre la culture du moment, de parler la langue du moment, autre chose est de se laisser coloniser idéologiquement. Je vous en prie : veillez à former les enseignants de manière à ce qu’ils puissent discerner une nouveauté qui les aide à grandir et une idéologie, une colonisation idéologique. Aujourd’hui, les colonisations idéologiques détruisent la personnalité humaine et peuvent être désastreuse lorsqu’elles sont appliquées à l’éducation » [25]Vatican, 12 novembre 2022 .

Avec ces déclarations magistérielles, le pape François se réfère aux expériences éprouvées de l’Éducation catholique. Dans la déclaration du Concile Vatican II sur l’éducation catholique Gravissimum educationis, on peut lire : « Les droit et devoir, premiers et inaliénables, d’éduquer leurs enfants reviennent aux parents. Ils doivent donc jouir d’une liberté véritable dans le choix de l’école. » (GE, 6). La Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948 par l’Assemblée générale des Nations unies, stipule que « Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants. » [26]article 26, paragraphe 3 .

Dans le protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l’homme, les membres du Conseil de l’Europe ont statué le 20 mars 1952 à Paris : « Nul ne peut se voir refuser le droit à l’instruction. L’État, dans l’exercice des fonctions qu’il assumera dans le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques » [27]article 2 .

Résumé

Eminences, Excellences, chers confrères, nous célébrons cette année le 75e anniversaire de l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, déjà mentionnée, qui garantit la liberté de pratiquer sa religion « seule ou en commun, tant en public qu’en privé » [28]article 18 . Malheureusement, son libre exercice est menacé, par exemple par la colonisation idéologique. Face aux tentatives de restreindre toujours plus le champ de la liberté religieuse, le secrétaire d’État de Sa Sainteté le cardinal Pietro Parolin a rappelé que, selon le pape Jean-Paul II, la liberté religieuse est le critère de tous les autres droits. « Nous voyons, d’une part, les attaques incessantes contre les lieux de culte et les gestes continus qui sapent la liberté religieuse, les persécutions qui existent dans le monde. Et d’autre part, la tentative d’empêcher la foi et la morale d’avoir une voix publique. Nous demandons à pouvoir exprimer publiquement notre vision de l’homme et de la femme. Et je suis convaincu que cette vision est celle qui naît de l’Évangile et qui s’enracine dans la tradition de l’Église. Une vision qui peut vraiment sauvegarder, défendre et promouvoir l’homme et l’humanité dans son ensemble et chaque homme et chaque femme en particulier. La proposition de l’Église en découle, elle n’est pas l’imposition d’une vision particulière. Nous croyons que nous pouvons vraiment aider l’homme et la femme à être tels et à être heureux en adhérant à ces valeurs inspirées par l’Évangile » [29]entretien avec Vatican News, 6 juillet 2023 .

References

References
1 Le Synode allemand s’était conclu par un consensus sur divers points : rééxamination du célibat des prêtres, autorisation donnée aux laïcs de proclamer l’Evangile et prêcher durant les sacrements, mise en œuvre de nouveaux codes de discipline concernant les abus, bénédiction des couples homosexuels, inclusion du genre « divers » sur les registres de baptême, diaconat féminin, etc
2, 13 Mt 19,4
3 Concile Vatican II, GS, 22
4, 18 Manille, 16 janvier 2016
5, 19 LS, 155
6, 20 AL, 56
7, 21 Rencontre avec les autorités, la société civile et le corps diplomatique, Budapest, 28 avril 2023
8, 25 Vatican, 12 novembre 2022
9, 27 article 2
10 Toutes les citations bibliques sont reprises dans la traduction liturgique AELF.
11 Gn 1,27
12 GS, 12
14 cf. 2 Co 3, 18
15 Ad gentes, 7
16 GS, 10
17 GS, 22
22 AL, 250
23 Conférence de presse, 06 août 2023
24 ibid
26 article 26, paragraphe 3
28 article 18
29 entretien avec Vatican News, 6 juillet 2023
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