Dès son plus jeune âge, Charlie Kirk était le genre de personne prête à tenter des choses qui semblaient impossibles. Hier soir, en se remémorant sa première rencontre avec Charlie, mon collègue de Fox, Guy Benson, s’est rendu compte qu’il était probablement l’un des premiers orateurs conservateurs que Kirk avait invités à partager ses idées avec des étudiants de l’Illinois, à l’âge de seize ans environ. Au lieu de suivre le parcours habituel d’une personne avec des ambitions politiques, Kirk a pris un chemin différent, convaincu que grâce à l’engagement, au débat et à l’organisation, il pouvait accomplir une mission que beaucoup de pros de la politique considéraient comme une chimère : convaincre les jeunes d’adhérer aux idées conservatrices.

Charlie Kirk
Au cœur du mouvement Tea Party, alors que la droite américaine était synonyme d’électeurs baby-boomers (et plus âgés) et que Barack Obama était la figure la plus cool sur les campus, très populaire auprès des électeurs de la génération Y, ce concept semblait absurde. Mais Kirk croyait que c’était possible. Il a mis toute son énergie à y arriver, il a monté une équipe dans tout le pays pour y arriver et, le plus incroyable, c’est qu’il a réussi. Il a été le principal acteur d’un mouvement qui a vu un afflux de jeunes électeurs militants changer le cours du pays. Et pour ça, il a été assassiné.
La vérité sur Charlie Kirk, c’est qu’il croyait au pouvoir de l’engagement. Il faisait systématiquement ce que la gauche américaine refuse de faire : se rendre dans des lieux dominés par les opinions de l’autre camp, affronter tous ceux qui se présentaient, accueillir leurs désaccords et argumenter non pas dans le but de diaboliser, mais dans le but d’évangéliser. Malgré la campagne active de la gauche pour le décrire comme un suprémaciste blanc, un radical, un réactionnaire, le comparant aux nazis et au Ku Klux Klan, Kirk était l’une des voix les plus franches et les plus emphatiques contre cette extrême droite. Son assassinat est d’autant plus choquant qu’il était une figure très populaire. Il était aimé par des millions de jeunes conservateurs à travers les États-Unis, non pas parce qu’il était un provocateur enragé, mais parce qu’il était une source d’inspiration patriotique sincère et intègre, quelqu’un qui leur montrait comment défendre leurs convictions sur les campus où le nombre d’universitaires partageant leurs opinions républicaines traditionnelles est pratiquement nul. Et ce faisant, Kirk leur a montré qu’il n’était pas nécessaire de perdre son âme dans le processus : il affichait ouvertement sa foi et l’importance de la famille comme les choses les plus importantes dans la vie, appelant ses jeunes partisans à penser au-delà du domaine politique.
Kirk incarnait la croyance dans les valeurs américaines du débat civil. Son combat pour la liberté d’expression s’inscrivait véritablement dans une guerre heureuse, qui consiste à rechercher activement ceux qui ne sont pas d’accord, non pas pour les détruire, mais pour prouver un point de vue. La grande majorité des gens qui bossent dans les chaînes de télé ou qui animent des émissions de fin de soirée n’auraient jamais le courage de faire ce que Kirk faisait régulièrement : se mettre dans une position où ils sont encerclés et essayer de convaincre leur interlocuteur, ou plus souvent le public, de se rallier à leur cause. Et dans leur lâcheté, ils ont préféré mentir régulièrement à son sujet, même après sa mort, comme ces gauchistes macabres qui espèrent régulièrement la mort de Donald Trump et qui ont applaudis Luigi Mangione se sont réjouis publiquement sur les réseaux sociaux, comme pour dire que s’ils ne peuvent pas avoir Donald ou Elon, ils se contenteront de Charlie.
Après la tentative d’assassinat de Donald Trump, il y a eu un bref moment où les gens des deux partis semblaient espérer que ça marquerait un changement de cap pour le pays, la fin de la diabolisation de l’autre camp, un apaisement du ton de notre débat politique virulent. Ça a été aussi éphémère qu’un cycle électoral. Mais maintenant, avec le meurtre sanglant de Kirk alors qu’il faisait exactement ce qu’il encourageait tant de jeunes à faire – utiliser la liberté d’expression pour défendre leurs convictions, publiquement et sans crainte du débat avec l’autre camp –, la leçon que beaucoup de gens de droite pourraient en tirer est qu’il n’y a pas d’avenir pour un tel engagement.
Les conséquences d’une telle décision rompraient avec la mission de Kirk et serviraient à accepter le message que la gauche américaine, de ses élites les plus puissantes à son électorat de base, envoie haut et fort depuis 2016: il n’y a pas de place pour les opinions républicaines dans la société, ce sont des nazis et des fascistes, des menaces existentielles, des gens qui doivent être pourchassés et frappés, et dont la douleur la plus profonde est votre chemin vers la joie. Et pourquoi ne devraient-ils pas tirer cette leçon ? Il n’y a aucun intérêt à débattre quand, au final, l’autre camp ne souhaite que votre mort. Pouvons-nous même partager un pays avec ces gens qui nous détestent autant ?
La raison pour laquelle il ne faut pas suivre cette voie, c’est parce que c’est le contraire de ce que Kirk lui-même croyait et incarnait, comme il nous l’a répété à maintes reprises. Dans un portrait publié dans Deseret à la veille de sa tournée des campus la semaine dernière, il a exprimé son objectif d’appeler ses fans et ses jeunes collègues conservateurs à quelque chose de plus élevé que la simple haine de l’autre camp :
« Mon boulot, chaque jour, c’est d’essayer activement d’empêcher une révolution », a dit Kirk. « C’est là qu’il faut essayer de les orienter vers des objectifs ultimes et vers un retour à l’église, un retour à la foi, le mariage, les enfants. C’est le type de conservatisme que je représente, et j’essaie de brosser un tableau de la vertu, de l’élévation des gens, et pas seulement de la colère. »
La pire chose que la jeune droite américaine pourrait faire maintenant serait de transformer le martyre de Charlie Kirk en une leçon fondamentalement contraire à sa mission. Après tout ça, peut-on vraiment leur en vouloir ? La gauche américaine détestait Charlie Kirk. Elle se moquait de son approche du débat. Elle le dénigrait pour ses convictions conservatrices. Mais elle et le pays sont peut-être sur le point d’apprendre la suite, et de l’apprendre à leurs dépens.
Article publié par Ben Domenech le 11 septembre 2025 sur The Spectator World