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Zaz ou la naissance d’une personnalité musicale

de Jacques Bagnoud   31 mai 2013
Temps de lecture 2 mn

Recto verso, le 2e album de Zaz, confirme le succès du premier et laisse entrevoir une personnalité qui assume ses choix à contre courant : « Être heureux, c’est déjà un vrai acte politique ».


CC BY-NC teliko82

Le premier album d’Isabelle Geoffroy, alias Zaz, a connu un succès énorme auprès du public (1,8 millions de disques vendus) mais de nombreuses moqueries cyniques dans la presse et les réseaux sociaux : naïveté, utopisme, idéalisme… Il est vrai que l’hymne de Kerredine Soltani « Je veux de l’amour, d’la joie, de la bonne humeur » est aux antipodes de l’individualisme névrosé et sartrien ambiant.

Recto verso est une belle réussite musicale par l’originalité et la variété des styles, la qualité de la voix qui gagne encore en personnalité. Face aux critiques et surtout au succès, Zaz aurait pu prendre le « pli » du show business. Elle affirme au contraire sa liberté (Comme çi comme ça) et son idéalisme, avec, par exemple, la chanson de Jean-Jacques Goldman « Si ».

Comparée souvent à Edith Piaf, il y a dans la voix de Zaz, et dans ses paroles, une affirmation claire de la beauté et de la positivité de la vie, une vraie espérance. Le tube « On ira » est une bouffée de bonne humeur pour colorer sa journée comme l’écran du clip. « Les rencontres font les plus beaux voyages », cette strophe pourrait être le titre ou le sous-titre de cette chanson, car « si les poètes n’ont pas de drapeaux » et que les « enfants sont les gardiens de l’âme » c’est que tout en nous est désir de communion. Le bonheur chanté par Zaz est un « on ira », un futur qui n’est pas une utopie car cette espérance se fonde sur le présent : « Oh quelle est belle notre chance, aux milles couleurs de l’être humain, mélangées de nos différences, à la croisée des destins ». L’expérience d’aujourd’hui donne envie d’aller plus loin : « On verra qu’on ne mérite que ce qui se partage / On entendra chanter des musiques d’ailleurs / Et l’on saura donner ce que l’on a de meilleur. » Le reste du texte prolonge cette poésie de la communion entre le je éphémère et le nous totalisant, entre l’infiniment unique et l’infiniment grand : « Vous êtes les étoiles, nous sommes l’univers, vous êtes un grain de sable, nous sommes le désert ». Et le clip, loin des images habituelles des « stars bling-bling » ramène notre regard sur une contemplation des visages du quotidien, visages de la grand-mère, de l’enfant, du voisin.
 

On ira

Frédéric Volovitch signe le texte de La lessive, dont la musique est une litanie inachevée comme l’ascension de la vie. Le bonheur est là, mais dans l’ascension il est « cet amour infini, mélange de douleur ». La beauté de l’ascension n’est pas un plaisir individualiste, la joie vient de la beauté des amis qui nous permettent de sortir de nos peurs : « Tous ces regards croisés, si je les ai compris / J’ai pourtant vu 1000 fois et suis encore surprise / De la beauté des êtres qui m’ont fait lâcher prise ».

La voix et le style de Zaz détonnent aussi dans le panorama stéréotypé du showbiz. Elle respire un naturel et une humanité emprunte de simplicité et d’humour. Si la voix est le reflet de l’âme, on entrevoit une personnalité musicale qui a de l’avenir et beaucoup d’espérance à apporter.

La lessive

 

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3 Commentaires

  1. Paul W

    "De ces moments de grâce qui fût vous, qui fût moi"  

    Nous pourrions reprendre aussi les paroles de la chanson "T'attends quoi?" au sujet des veilleurs : "l'espérance pour tous". Puisqu'elle nous le dis simplement : « Être heureux, c’est déjà un vrai acte politique ».

    Je suis de Bassora, aux ports du désert,
    Mais je ne m'arrête pas aux postes des frontières,
    Nomade pour toujours depuis Shéhérazade,
    Quand arrivera ce jour qui nous sauvera de la noyade.

    Je suis du pays Kham, la tête dans le ciel,
    Les montagnes ont une âme, sous les neiges éternelles,
    Sherpa depuis toujours, des sommets, des façades,
    Quand arrivera ce jour qui nous sauvera de la noyade
    Quand arrivera ce jour qui nous sauvera de la noyade.

    T'attends quoi?
    Que la terre nous gronde?
    Que le soleil ne fonde?
    Et qu'on enfouisse le monde?
    Dis-moi, dis-moi, on attend quoi?
    Que la terre nous gronde?
    Que le soleil ne fonde?
    Et qu'on enfouisse le monde?
    Dis-moi, dis-moi, on attend quoi?

    Merci Zaz!

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