Parmi les 4 millions d’hommes séparés en Italie, plus de 800.000 se retrouvent en situation de pauvreté. Beaucoup vivent dans leur voiture et doivent se rendre à la soupe populaire pour pouvoir manger un repas chaud par jour. Une situation tragique qui manifeste la fragilité de la paternité de nos jours.
Une pauvreté actuelle
D. est professeur dans une école de Milan. Depuis la séparation il y a plus d’un an et demi, en plus de la somme fixée par le juge pour le maintien de sa femme et de son fils, il doit aussi assumer le remboursement du prêt pour la maison et pour la voiture. Avec ces dépenses, il ne peut pas payer un loyer supplémentaire. Il dort et vit dans sa voiture et chaque matin, il se rend aux toilettes de la gare pour se laver et s’habiller avant de se rendre à l’école. Parfois, il dort dans la maison d’un ami ou dans le dortoir de Caritas : « Le plus difficile n’est pas de dormir dans la voiture ou avec des inconnus. Le plus difficile pour moi est de ne pas avoir la possibilité d’être avec mon fils dans un lieu où je puisse passer du temps avec lui et faire qu’il se sente chez lui ».
Beaucoup d’entre eux, dont la majorité ont entre 45 et 48 ans, ne rencontrent pas seulement des difficultés économiques mais sont aussi confrontés à la solitude. En effet, ils doivent souvent quitter leur lieu d’origine pour venir mendier dans les grandes villes. C’est le cas de G. qui a perdu sa famille et son travail au même moment. Après quelques mois pendant lesquels il vivait sur les économies des années heureuses, n’ayant pas pu trouver de travail, il vit aujourd’hui dans les rues de Rome. Cela fait plus de 8 ans qu’il n’a plus vu ses deux filles âgées de 14 et 16 ans.
Le manque d’une famille, de parents ou de frères rend tout plus difficile pour eux. Par exemple, le montant fixé en Italie par le juge lors d’un divorce pour un père ayant au moins un enfant mineur est aujourd’hui de 69 % de son salaire (en 2005 il était de 57,4 %).
La distance grandissante avec les enfants
Beaucoup de pères séparés parviennent à vivre avec cette somme grâce à l’aide de la famille, mais ceux qui ont perdu leur travail suite à la crise de ces dernières années rencontrent rapidement une situation de pauvreté extrême.
Mais le plus difficile à supporter est l’impossibilité de passer du temps avec les enfants. La distance entre les pères séparés qui vivent en condition de pauvreté et les enfants se fait toujours plus grande, jusqu’à ce que tout lien soit coupé entre eux.
Lorsque les pères n’ont pas de maison où les enfants peuvent dormir, le tribunal pour mineur supprime le droit à la garde durant le week-end. Beaucoup commencent par réduire le temps accordé à une sortie dans les centres commerciaux ou dans un lieu de divertissement. Mais rapidement, il ne peuvent plus assumer ces coûts et la distance entre les pères et les enfants s’accroît.
L’adolescence est le pire moment, car dans bien des cas, elle deviendra le temps de l’éloignement définitif avec les enfants ou avec le contexte familial, surtout pour les 10% de ces pères qui finissent par partir pour une autre ville.
Milan, Rome et Bologne sont les villes où se rencontrent le plus grand nombre de cas de pères séparés pauvres. La marginalisation et la dépression sont les symptômes les plus communs de ce groupe de personnes qui sont appelés aujourd’hui : « les nouveaux pauvres ».
Une maison pour les « nouveaux pauvres »
C’est à Matera, dans le sud de l’Italie, qu’on rencontre la première réponse à cette difficulté.
La maison « Adamo » (Adam) est née du désir, non seulement de solutionner le problème de logement des pères séparés, mais plus encore, d’offrir « un lieu où restaurer et vivre la paternité ».
Soutenue par le diocèse de Bari, cette maison fonctionne grâce à l’effort de personnes qui ont déjà vécu cette situation et veulent soutenir les nouveaux pères séparés : « parce que dans la majorité des cas, les hommes ont honte de la situation par laquelle ils passent et cachent cette réalité à tous ».
Cette maison offre un lieu de vie où les pères peuvent accueillir leurs enfants et bénéficier d’une ambiance propice à les aider à affronter la solitude dans leur vie quotidienne. C’est un lieu pour un nouveau départ.
Cette maison permet que beaucoup de pères qui furent pour un temps « pères sans fils », puissent recommencer à tisser une relation et que ces « orphelins de pères vivants » retrouvent la paternité qu’ils avaient perdue.
Plus d’informations sur la situation des pères séparés en Italie : Il Sole 24 Ore ou Ambiente e Lavoro.
Site de l’association Adamo qui voit l'initiative se propager à d'autres villes.
Votre article ne me laisse pas indifférente,surtout dans le contexte actuel où les femmes "dénoncent" leur situation avec justesse ou pas d' ailleurs! mais que voulez-vous démontrer? Que les hommes sont les grands perdants "d'un mariage raté"? Que dire alors de ces femmes séparées vivant avec leurs enfants dans une grande précarité, car la "pension alimentaire "est soit insuffisante ou n'arrive plus, car le père est insolvable ou s'est volatilisé.Non, les plus malheureux que ce soit au plan affectif et financier, sont les enfants , qui paient l'inconsistance de leurs parents!
L’objectif de cet article n’est pas de prendre position pour les uns ou pour les autres. Lorsqu’un mariage échoue, la douleur est vécue par tous. L’objectif est plutôt de montrer la situation de ces pères qui luttent au milieu de nombreuses difficultés et de leur situation précaire pour que les enfants demeurent au centre de leur vie.
Ce sont les enfants qui sont sont au centre pour les parents (et je ne parle pas ici que des pères) comme pour ceux qui soutiennent le projet Adam : ils luttent pour que ces « orphelins de pères vivants » ne le soient plus