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Interview de Christian Auboyneau, créateur des rencontres capitales.
Vendredi et samedi prochains à Marseille, au Palais du Pharo, plus de 100 intervenants rencontreront un public composé de 10 000 personnes dans le cadre de 24 débats d'actualité.
Largement médiatisée grâce à des partenaires tels que France Télévisions, le Figaro, la Provence ou LCM, cette manifestation se veut résolument axée sur la place de l'homme et sur le sens du progrès.

Christian Auboyneau, créateur de l'événement, a accepté de répondre à nos questions, nous accordant de précieux instants à deux jours du jour J. Nous le remercions très sincèrement !

Claire Fortin : Pourquoi avoir créé les Rencontres Capitales ?

Christian Auboyneau : Lors de la crise de 2008, j'ai été tellement écœuré par ces histoires de subprimes, ces crédits toxiques, ce capitalisme qui fiche en l'air la planète, que je ne pouvais rester inactif. Je ne suis pas un politique. Je me suis demandé quelle pouvait être ma contribution pour que cette économie devienne plus juste.

J'ai alors créé une série d'émissions, « La France en faillite », qui m'a amené à deux conclusions : d'une part, les Français avaient le moral au plus bas et d'autre part, ce n'est pas à la télévision que l'on résoudra ce genre de problème puisqu'on ne laisse pas parler ceux qui ont des choses à dire, tant la minute d'antenne coûte cher.

Ce constat doublé de mon expérience professionnelle[1] m'a amené à créer les Rencontres Capitales : une série de débats sur la base de la rencontre, plutôt que sur la base du système télévisuel actuel.

La grande différence avec ce que j'ai pu faire avant, c'est justement que je combine le débat d'idées type « Cité de la Réussite » et l'émission télé type « France en faillite ». Les Rencontres Capitales seront en effet captées pour des directs et des rediffusions sur Internet et à la télévision, ce qui donne à l'audience une ampleur formidable.

C. F. : D'une part, une centaine d'intervenants que vous avez nommés « ceux qui changent le monde ». D'autre part, un public de 10 000 personnes, majoritairement des jeunes, qui cherchent des réponses et un sens. Comment faire pour que cette Rencontre soit Capitale ?

C. A. : Le faire avec sincérité. J'ai invité des gens que j'estimais, qui ont un message à apporter. J'aurais pu inviter quantité d'autres gens en vue mais dont le discours n'a aucune profondeur. J'ai préféré inviter des personnes parfois moins connues mais qui, quand on les écoute, apportent du sens à la vie. Mon but, c'est que les gens qui ressortent des Rencontres Capitales aient vécu quelque chose d'exceptionnel.

Et pour cela, il faut réussir à faire une mise en scène de contenu. Là encore, c'est un choix très différent de ce que j'avais fait auparavant : j'ai embauché une rédactrice en chef qui travaille à plein temps depuis le mois de février sur le contenu de ces Rencontres. C'est un choix stratégique dont les conséquences sont très importantes : chaque débat est enrichi d'extraits de reportages, a son questionnaire propre qui angle le thème sur la question de l'homme et du progrès, se prolonge avec des émissions sur France 5…

La seule chose que je ne sais pas, c'est si tout cela va prendre… C'est la magie du débat !

C. F. : Je me permets d'avancer une conviction personnelle : il me semble qu'on ne change pas le monde sans se changer soi-même… Est-ce qu'à l'heure où nous parlons, les Rencontres Capitales vous ont déjà changé, d'une manière ou d'une autre ?

C. A. : Ma vie professionnelle a été marquée par une séparation douloureuse : les conditions ont été réunies pour que je ne puisse faire autrement que de partir et cela a été un traumatisme.

Les Rencontres Capitales sont pour le moment un repère pour moi, ou une confirmation que je suis capable de le faire. À titre personnel, c'est pour cela que j'y mets tant d'énergie. J'ai longtemps pensé que je n'étais pas capable : j'étais plein d'idées, de désirs, d'envies, mais j'ai longtemps été incapable de les réaliser, même très tard. La première étape a été la Cité de la Réussite : d'une certaine façon je suis allé jusqu'au bout, je me suis réalisé.

Les Rencontres Capitales constituent l'étape suivante et c'est là que j'ai l'impression qu'elles me changent : si j'y arrive, si c'est réussi, je ne dirai pas « je suis le meilleur », mais « j'ai beaucoup de chance », parce que ça ne vient pas de moi, j'ai été fait comme ça.

C'est assez extraordinaire de me dire que je peux faire cela, de savoir quelles sont mes capacités et quelles sont mes limites… quelle est ma place, en fait. C'est une chose très difficile à découvrir.

Je pense que si j'étais marié, si j'avais des enfants, j'éprouverais sans doute moins le besoin de tant me donner dans mon métier, même si cela ne compense pas du tout le vide. Lorsque j'ai commencé la Cité de la Réussite à 21 ans, je ne me disais pas bien sûr que cela serait à ce point le lieu où je donne ma vie, mais cela a pris du sens au fur et à mesure. Avec les Rencontres Capitales, je franchis encore une étape de sens dans ma vie.

C. F. : Un débat s'est rempli bien plus vite que tous les autres, bien avant les débats sur la politique, la finance ou l'éducation… C'est celui qui s'intitule : « Quête du bonheur : comment donner un sens à sa vie et au monde ? ». À votre avis, de quoi les Français ont-ils besoin aujourd'hui, et l'homme en général ?

C. A. : Je ne sais pas.

Je peux seulement avancer des hypothèses sur le succès de ce débat. Je pense que les intervenants et le thème sont bien choisis. C'est une manière positive d'aborder le problème, le thème réunit tout ce qu'il faut : une promesse (celle du bonheur) et un problème identifié par défaut (l'absence de sens). Si on aborde ce thème sous l'angle de la souffrance, le débat sera vide. Si on parle de « quête du bonheur », il y a une ouverture et les gens viennent.

C'est flagrant dans le milieu des documentaires sur la planète par exemple : Jacques Perrin réalise des documentaires qui font des dizaines de milliers d'entrées dans les salles. « Le Peuple migrateur », « Océans », c'est magnifique… En revanche, le documentaire de Nicolas Hulot sur la crise écologique était tellement sinistre qu'après quelques jours dans les salles, il n'a plus fait aucune entrée !

Il faut aborder les vrais problèmes en dégageant une promesse de bonheur et de sens.

Si vous voulez en savoir plus sur les Rencontres Capitales, sur les intervenants, les thèmes, les liens associés, rendez-vous sur le site www.rencontrescapitales.com.

Vous trouverez sur curiosphere.tv, le site Éducation de France 5, la bande-annonce des Rencontres Capitales :

http://www.curiosphere.tv/rencontres-capitales/


[1]   Christian Auboyneau a co-créé « la Cité de la Réussite » à la Sorbonne en 1989, manifestation qui a toujours lieu a l'heure actuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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