Parce que Zizou est une légende du football… Et que nous avons besoin de légendes !
Photo : Zinedine Zidane, manager du Real Madrid manager au cours d’une conférence de presse avant le match contre Al-Jazira au FIFA Club World Cup, Hadi Abyar, Creative Commons Attribution 4.0 International license.
Dans son cas, dans le monde du football, c’est assez clair ; il fait partie des quelques joueurs qui ont tout gagné : championnats, coupe d’Europe, coupe du monde, ballon d’or… Outre ses qualités techniques hors nomes (rappelez-vous ses roulettes, ses passements de jambe, ses contrôles orientés, sa panenka en finale de coupe du monde…), Zizou était un meneur de jeu exceptionnel qui aura marqué toute une génération. Certains pensaient même que lorsqu’il avait le ballon, c’était impossible de le lui prendre !
Au-delà de tout ce qu’il a gagné, on est content de revoir celui qui nous a tant fait rêver et qui, on l’espère, nous fera rêver encore : une légende qui prend le risque, pour la beauté du geste, de revenir et de remettre en jeu ce qu’il a accompli, c’est toujours quitte ou double.
Parce que c’est un entraîneur d’exception
En deux ans et demi passés au Réal, Zizou a gagné pas moins de 9 titres, dont 3 League des champions consécutives (une première dans l’histoire du football !). L’une des raisons principales de ce succès tient sûrement au fait que Zidane est un réaliste : son génie est d’adapter le jeu de son équipe en fonction des faiblesses de l’équipe adverse mais surtout en fonction de ses joueurs, de leur forme du moment, de la période de l’année : « Je m’adapte à eux, je ne leur demande pas de s’adapter à moi » disait il en mai 2016.
Il recherche le poste où chaque joueur peut donner le meilleur de lui-même et sait le faire évoluer si nécessaire. Ronaldo, qui traditionnellement jouait milieu offensif, est devenu sous l’ère Zidane attaquant : « Ronaldo a changé son jeu. Il se concentre moins sur les dribbles et plus sur la finition. C’est plus difficile de défendre contre lui car il a un incroyable timing », analysait Jérôme Boateng, l’un des meilleurs défenseurs de la dernière décennie. La preuve du génie de Zidane est qu’il occupe actuellement encore à la Juventus ce poste et est toujours aussi décisif. L’intéressé lui en est reconnaissant : : « Ma position sera toujours la même : ce que j’aime le plus c’est de jouer librement sur le front de l’attaque et c’est l’opportunité que m’accorde Zidane. Je joue librement ». Zidane ne cherche pas le schéma tactique magique qui le ferait gagner à chaque match. Mais il adapte le jeu de son équipe pour gagner le prochain match. En bon entraineur, Zidane a su améliorer le jeu de son équipe en tirant parti du potentiel de chacun de ses joueurs : faire descendre Casemiro en milieu défensif pour permettre aux milieux offensifs, Modric et Ischio, d’exploiter toute leur créativité en attaque et aux défenseurs latéraux, Marcelo et Carvajal, d’être plus offensif sans découvrir trop la défense. Zidane c’est en fin de compte un observateur, un réaliste, qui prend en compte un grand nombre de paramètres pour faire de son équipe une véritable machine à gagner.
Parce que simplement, Zizou, on l’aime bien
En 2006, en finale de coupe du monde, Zizou termine sa carrière de footballeur sur un coup de boule, geste dont il n’est pas fier, pour lequel il s’excusera auprès de tous les jeunes et qu’il accepte de porter : « Cela fait partie de ma vie. Cela fait partie des événements qu’il faut assumer et digérer ». Pour cette honnêteté et cette simplicité, on l’aime bien.
Image : Zinedine Zidane, July 9 2006 David Ruddell Creative Commons
Zizou on l’aime bien aussi, parce qu’à l’heure du mondialisme du marché du football, il est un peu comme nous, attaché à une terre, un lieu : le Real Madrid dont il vient de reprendre les rennes. Il n’hésite pas à dire que c’est le plus grand club du monde. On peut contester cette affirmation, là n’est pas l’essentiel. Il s’est toujours dit au service de ce club, il appartient à ce club, il l’a jusque dans les veines au point d’affirmer sans détour qu’il est « fait pour le Real ». Il le sert avec toute sa personne, avec tous ses talents, il l’a servi en tant que joueur, il l’a servi une première fois en tant qu’entraîneur et voici qu’il y revient une seconde fois comme entraîneur.
On aime Zizou quand il affirme même qu’il y a plus de joie à gagner en tant qu’entraîneur qu’en tant que joueur parce qu’il se sait désormais sportivement responsable de 25 personnes : « Quand j’étais joueur, je m’occupais surtout de moi. Maintenant, en tant qu’entraîneur, je m’occupe de 25 gars qui ont chacun leur histoire et leur égo. C’est beaucoup plus difficile. Il y a plein d’autres choses qui rentrent en compte ».
On aime Zizou parce qu’il nous rappelle la valeur travail ; son succès n’est pas le fruit du hasard ou d’une bonne étoile, ni d’une fulgurance, mais du travail patient et quotidien : étonnamment, plus que de mettre en avant son succès en ligue des champions, il souligne à quel point la victoire du championnat de 2017 a été belle parce qu’elle a été le fruit d’un effort constant tout au long de l’année. « C’est beau d’aller chercher la victoire à la dernière journée du championnat. Ça a été dur mais nous sommes allés au bout ».
On aime Zizou, un peu timide dans ses déclaration, humble dans le succès et vivant dans l’action de grâces ; loin de se présenter comme un self made man, il reconnaît qu’il a beaucoup reçu tout au long de sa vie, à commencer par sa famille : « Mes parents ont toujours été nos exemples et nos guides. Quand je regarde ma vie et que je vois que je suis devenu papa et que tout se passe bien dans ma vie professionnelle, je me dis qu’ils ont bien fait leur travail. Ils nous ont bien éduqués. Et cela n’a n’a pas de prix ». C’est d’ailleurs parce qu’il a beaucoup reçu qu’à son tour il peut transmettre à ses enfants : « Non ce n’est pas important de leur apprendre à faire des roulettes… Ce qui est important est de leur faire comprendre que la vie n’est pas facile, qu’il faut aller se chercher les choses, qu’il faut travailler. J’essaie d’inculquer à mes enfants ce que mes parents m’ont transmis ».
On aime Zizou parce qu’il semble dans sa simplicité savoir ce qui est essentiel ; marié depuis ses 25 ans, père de 4 enfants, Zizou reconnaît qu’il « doit tout à sa femme ». Dans la première interview qu’il accorde en tant que joueur, Zizou à qui on demande par quel sujet il veut commencer, au lieu de se lancer dans le récit de son début de carrière ou son dernier match, commence par parler de sa femme ! Interrogé vingt ans plus tard sur cette réponse « surprenante » selon le journaliste, Zizou confirme son propos : « On a fait notre vie ensemble. Nos chemins sont complémentaires. C’est magnifique. Quand vous essayez de vivre cela, et quand ça marche, c’est beau. Oui je lui dois tout ».
Zizou est enfin plein de gratitude parce qu’il reconnaît que c’est une opportunité unique d’être entraîneur d’un tel club. Malgré le rythme effréné des saisons, la pression, les médias, Zizou se confie simplement : « Je suis heureux de tout qui m’arrive et je le vis pleinement. Le contexte est unique : le club, les joueurs, les installations… Je sais que ça va s’arrêter un jour. J’en profite donc à fond. Et je me régale ». Et nous aussi.