Home > Arts plastiques > Stanislaw Niemczyk est mort

Après une longue lutte, l’architecte polonais s’est éteint à l’âge de 76 ans, laissant derrière lui un héritage d’une ampleur telle que beaucoup en sont venus à l’appeler le Gaudi polonais. Les obsèques furent organisées le 25 mai dans sa paroisse natale Jésus Rédempteur de Czechowice-Dziedzice, une des ses plus grandes réussites architecturales.

Intérieur de l’église du St Esprit (Tychy), icônes murales de Jerzy Nowosielski

Né le 19 septembre 1943, il est diplômé en architecture en 1968 à l’université de Cracovie. Employé à Tychy par un organisme gouvernemental, il témoignait de son sentiment d’alors par ces mots : « Partout du béton. Estampillé par le parti bien sûr ! Mon seul espace de liberté était cet espace d’1,5 mètre sur ma planche à dessin. Je n’arrivais pas à comprendre qu’en tant que jeune architecte talentueux, je ne serai promu qu’à condition de faire un pas dans le sens du parti. Mon devoir cependant était de subvenir aux besoins de la famille. Je plaisantais en disant que si je ne supportais plus le béton, je descendrai à la mine. »

Il pu néanmoins réaliser ses propres projets et imprimer une marque originale et résolument moderne. Outre les églises qui l’ont rendu célèbre, Niemczyk a également créé des complexes de logements (notamment ces maisons en forme de fleurs tournées vers la lumière) et des pavillons commerciaux. L’église de Czechowice constitue une attraction pour les architectes du monde entier, comme icône de l’architecture contemporaine polonaise. Elle est d’autant plus impressionnante qu’il a fallu l’édifier sur l’unique zone disponible, au bord de la voie ferrée. En forme de triangle, elle est couronnée de 3 tours représentant les 3 millénaires, la 3ème dédiée au pontificat de saint Jean Paul II ayant introduit l’Eglise dans notre millénaire.

Détail de la Portioncula – couvent Sainte Claire (Tychy)

Toutes ses grandes réalisations ont en commun d’avoir été conçues dans l’amitié. Le maître des travaux du couvent dominicain de Służew où Niemczyk a fait un immense travail de réaménagement (le couvent fut confisqué des décennies durant aux dominicains par le parti), parlait toujours de lui comme d’un ami et d’un maître. Il faut dire que la chapelle de la confession conçue par ce dernier, est un véritable cours de théologie tant pour les nombreux pénitents que pour les confesseurs assis dans les quatre confessionnaux.

A plusieurs reprises, j’ai eu l’occasion de rencontrer le professeur Niemczyk, sur le chantier de son dernier projet le couvent Ste Claire des franciscains à Tychy, ou chez lui à quelques mètres du même chantier dans lequel il investit tant d’énergie et de prière. Toujours heureux de rendre témoignage de cette passion qui l’animait, il était d’une disponibilité déconcertante pour un homme par ailleurs si occupé et sollicité dans de nombreux projets autour de la Pologne. A plusieurs reprises, il accepta de servir de guide à des groupes que je lui amenais. Nous rêvions même de construire un jour un chapelle qui exprime le charisme de Points-Cœur.

Mr Niemczyk en pleine explication, plans à l’appui, du couvent Ste Claire

Lorsqu’il recevait dans son petit bureau, une grande statue du « Christ de pitié » (Chrystus Frasobliwy est une représentation classique en Pologne et Lithuanie, sorte d’Ecce Homo assis) trônait toujours sur la table qui le séparait de son interlocuteur. En invitant à s’asseoir, il indiquait du doigt le Christ, dont la posture ressemble au penseur de Rodin en disant : « il est préoccupé pour le monde, mais surtout Il écoute ».

Ce court film réalisé par sa fille sur le chantier du couvent Sainte Claire, permet de percevoir la Figure qu’il était : un contemplatif libre !

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