« Le premier jour de la semaine, à la pointe de l’aurore… »
C’est ainsi que débute le récit de la résurrection du Christ chez Saint Luc.
Lors d’une matinée d’automne, une lumière a commencé à poindre et a envahi de toute sa blancheur la nature qui s’offrait à elle.
« Et il advint, (…) que deux hommes se tinrent devant elles, en habit éblouissant »
Les anges de Natalia Satsyk sont recouverts de cette même blancheur et la coupe et l’eucharistie que chacun nous présente sont revêtues maintenant de l’or éternel du soleil des soleils. « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici ; mais il est ressuscité ».
Alors vient à nous ce Christ en gloire, le Pantocrator de la victoire sur la mort, lui-même or et lumière, proclamant de sa voix infatigable et souveraine :
« Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ».
Et je ne savais pas que vous fussiez si beau.
Et je ne savais pas que vous étiez si près.
Film : La lumière jaillira
Et depuis quatorze siècles tant de cloches et tant
d’églises, tant de regards et tant de voix.
Tant de prières de cloches et d’églises, tant de prières
de regards et de voix.
Quatorze siècles de cloches parlent, chantent, sonnent.
Prient.
Quatorze siècles d’églises montent.
Prient.
Quatorze siècles de voix sonnent, chantent, parlent.
Crient.
Prient.
Quatorze siècles de regards montent.
Crient.
Prient.
Un silence, très long
Mais je ne savais pas cette voix éternelle
Et calme et large et plane et blanche et délectable,
Emouvante en mon âme et revivante en elle :
Non je ne savais pas cette voix admirable ;
O je ne savais pas la voix noble des anges,
La voix infatigable et qui n’est pas humaine,
Voix de l’accoutumance en la demeure étrange :
Non je ne savais pas cette voix souveraine,
La voix de l’éternelle habitude,
Voix de la demeurance en la demeure étrange.
Et je ne savais pas le regard souverain,
Le regard de là-haut, qui descend droit en l’âme
Et pénétrait en moi comme une étrange flamme,
Le regard immortel et qui n’est pas humain.
Le regard éternel qui me réchauffait l’âme
Et me l’éclairait toute au soleil éternel.
Rayon d’or éternel d’un soleil éternel,
Regard d’or éternel d’un printemps éternel,
D’un été éternel,
D’un automne éternel,
D’une année éternelle,
Regard d’or éternel du soleil des soleils.
Mon Dieu, j’étais comme au-delà de ma mort, au-delà de
ma propre mort.
Mais à présent je sais la voix des immortels,
Et j’ai vu le regard des yeux inoubliables.
Et je sais désormais la voix des éternels,
Et j’ai vu le regard des yeux qui vous ont vu.
Un long silence
Et je ne savais pas que vous fussiez si beau.
Et je ne savais pas que vous étiez si près.
Charles Péguy, Le mystère de la vocation de Jeanne d’Arc