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Maximilien Kolbe, un grand signe venant du Ciel

Au début des années soixante-dix, on commença les préparatifs en vue de la canonisation du Père Maximilien Kolbe. Un an auparavant, le cardinal Wojtyła avait dit : « Ce serait un grand signe venant du ciel, comme si Dieu le Père montrait du doigt ce Golgotha contemporain de la famille humaine… et nous disait que le salut vient de cette croix ».

Au cours de la messe d’action de grâce à Oświęcim, il prononça ces paroles :
« Nous allons remercier le Seigneur Jésus-Christ de nous avoir donné ce […] saint qui a porté les fardeaux les plus terribles de notre époque, toute l’humiliation de l’humanité contemporaine, tout l’écrasement de son peuple. Cette expérience n’a pu l’abattre, car la force de l’Esprit, la vigueur de la foi, la puissance de l’amour lui permirent de remporter une victoire pas seulement pour lui, mais aussi pour nous. Afin de ne pas nous sentir vaincus, nous Polonais, nous prêtres, pas seulement pour nous, mais pour toute l’humanité. Qu’elle ne se sente pas vaincue par sa propre cruauté, par cet horrible camp de la mort ».

Ce signe est une lumière : le 20 octobre 1971 deux jours après la canonisation, le cardinal Wojtyła déclara à Radio Vatican :
« La béatification du Père Maximilien Kolbe a dirigé de façon nouvelle le regard de l’Eglise et du monde sur Auschwitz. Dans la prise de conscience de tous les hommes de notre époque, elle devint d’abord un symbole du mal affligé à l’homme par l’homme, puis le symbole de l’amour qui est plus fort que la haine. Même la souffrance infligée aux humains devient, à travers elle, une force créatrice qui nous aide à découvrir plus profondément ce que c’est que d’être homme. C’est justement ce sens que Maximilien Kolbe a conféré au concept Auschwitz ».

Celui qui devint plus tard le Pape Jean-Paul II maintint cette perspective fondamentale pour Auschwitz. En 1979, lors de son premier pèlerinage dans son pays natal et sa visite à Oświęcim, il dit :
« En ce lieu de torture effroyable qui anéantit quatre millions d’hommes de différentes nations, le Père Maximilien a remporté une victoire spirituelle, semblable à celle du Christ, dans la mesure où il prit sur lui, à la place d’un frère, la mort dans le bunker de la faim. […] Cependant il fut-lui, Maximilien Kolbe,- le seul qui remporta une victoire que ses compagnons de captivité éprouvèrent tout de suite et que, jusqu’à maintenant l’Eglise et le monde perçoivent. […] Je voudrais me tourner vers chacune de ces victoires avec le sentiment de la plus profonde vénération, me tourner vers chaque manifestation d’humanité qui se présente comme une contradiction au système, qui lui-même contredisait systématiquement la qualité d’humanité. En ce lieu où la dignité de l’homme fut piétinée de manière si horrible, place à la victoire de l’homme, grâce à sa foi et à son amour ».

A l’occasion de la canonisation, en 1982, voici ce que dit le Pape Jean-Paul II :
« Au fondement de cette canonisation se trouve une cause humaine profondément douloureuse. Cette époque lourde et tragique, empreinte d’une profanation effroyable de la dignité humaine créa à Auschwitz son signe de salut. L’amour se révéla plus fort que la mort, plus fort que le système inhumain. L’amour de l’homme remporta là-bas une victoire, où haine et mépris de l’homme semblèrent triompher ».

Cérémonie de profession religieuse.

 

Chaque fois qu’il était question de Maximilien Kolbe, il ne s’agissait pas seulement de l’espérance en la vie éternelle, espérance issue de sa foi, mais aussi de l’image de l’homme qui était renvoyée. Il me semble que l’on peut reconnaître ici une source des conceptions anthropologiques du Pape. Face à Auschwitz, saint Maximilien montre au monde la signification des paroles-clés de l’encyclique « Redemptor hominis » :
« L’homme ne peut pas vivre sans amour. Il reste pour lui-même un être insaisissable. Sa vie n’a pas de sens, si l’amour ne lui est pas révélé, s’il n’a pas rencontré l’amour, s’il n’en fait pas l’expérience et ne se l’approprie pas, s’il ne prend pas une part vivante à l’amour et c’est justement en vue de cela que le Christ, le Sauveur, selon la tradition, annonce à l’homme, l’homme lui-même ».

Cette lumière qui brille à Oświęcim pour le monde entier nous engage très profondément. Déjà en 1972 le cardinal Wojtyła disait dans un discours à la jeunesse étudiante :
« L’homme, c’est la conscience morale. Oui, sa conscience. Et le développement de l’homme ne peut pas être mené à bien, oui, on ne peut même pas parler de développement de l’homme si on n’atteint pas son centre : sa conscience morale. […] Cela dépend d’elle, de la conscience, de ce que je suis à la fin des fins, comme être unique. Prenons cet exemple : d’un côté, le Père Maximilien Kolbe à Auschwitz et, de l’autre côté, ceux qui le martyrisent jusqu’à la mort. Ici, un être humain, là-bas d’autres humains. Et maintenant quel type de personnage finalement se révèle ? D’une part, celui qui doit affirmer louer et accepter la conscience, la pensée de toute l’humanité et qui une fois pour toutes l’intègre dans son trésor. D’autre part, un autre type d’être humain qui doit être rejeté et écarté par toute l’humanité, désolidarisé, qu’il soit croyant ou incroyant, chrétien ou athée bien que cette désolidarisation ne puisse aller que jusqu’à la limite de l’humain, car ici il y a un homme et là-bas il y a aussi des hommes. La grandeur de l’homme […] est très profondément liée à sa conscience ».

Vivre en harmonie avec sa conscience, cela signifie mener un combat incessant avec soi-même et choisir toujours entre le bien et le mal. Lors de son second pèlerinage en Pologne, en 1993, après la levée des hostilités, le Pape dit ceci à ses concitoyens :
« Que disons nous quand nous disons que l’amour est plus fort que la mort ? ‘Ne te laisse pas vaincre par le mal mais vainc le mal par le bien’ [1]Rom 12,21 . Ces paroles éclairent la vérité concernant les différents aspects de l’action de Maximilien Kolbe à Auschwitz : ceux de la vie quotidienne, mais aussi ceux de l’époque, cette période historique si difficile, ce 20eme siècle. Nous voulons enrichir l’héritage chrétien de la Pologne avec le débat saisissant de son action à Auschwitz : ‘ Ne te laisse pas vaincre par le mal mais vainc le mal par le bien ! ‘ Un programme difficile mais possible, un programme indispensable ».

François Gajowniczek, le père de famille sauvé par le P. Kolbe, en visite à la cellule de la mort.

 

Extrait tiré de Manfred Deselaers, Jean Paul II et Auschwitz

Photos: Source

References

References
1 Rom 12,21
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