Les récents évènements au Haut-Karabakh, ont mis de nouveau en lumière le destin tragique de l’Arménie et de son peuple, première nation à adopter le christianisme comme religion d’état en 301.
Deux vidéos nous ont particulièrement bouleversées. La première est celle d’un groupe de très jeunes soldats bivouaquant sur le front. Un des leurs chante à la guitare le récit du soldat écrivant à sa mère, faisant mémoire de sa maison paternelle, et des étapes infinies nécessaires pour défendre l’existence des Arméniens.
La seconde vidéo est celle d’une jeune chanteuse arménienne qui interprète un chant de Komitas [1]compositeur, ethnomusicologue et prêtre arménien , Les déracinés.
La gravité des visages, la pudeur des sentiments, rendent la douleur plus présente encore et les mélodies majestueuses et immortelles nous font communier à ces terres arméniennes, à cette nostalgie due à la perte et l’éloignement de la maison natale, celle aussi plus globale d’une plénitude d’existence.
Paroles de la chanson des jeunes soldats:
« Le coucher du soleil approche. La vallée connaît un silence innocent. Et seules les blessures du sol remué font écho à un endroit où la guerre est en cours. Dans une tranchée, un jeune soldat, écrit avec nostalgie une lettre, faisant mémoire de sa maison paternelle, dans les terres fertiles de l’Arménie. Ne pleure pas, chère mère, attends-moi, je reviendrai. Je t’aime, tu me manques, maman. Je me souviens de tes mots « Aime la terre d’Arménie ». Je me souviens de tes larmes lorsque tu parlais de notre génocide. Je me souviens de ma maison paternelle, de nos vieux arbres de peupliers dans la cour, je me souviens du bruit du ruisseau, des jeux de mon enfance.
Puis des ordres inhérents sont donnés par un grondement de tonnerre, et par les gémissements du sol. Le fusil à la main, la lettre ouverte serrée contre sa poitrine, le jeune soldat s’avance en serrant les dents. Il n’a qu’une courte distance à parcourir pour atteindre la ligne de contact où l’ennemi fait son entrée dans les terres montagneuses arméniennes. Mais combien ces étapes pacifiques sont courtes comparées aux étapes infinies nécessaires pour défendre l’existence des Arméniens.
Au moment où il pense que l’avance de l’ennemi a été stoppée, il est abattu par des tirs de feu, serrant dans ses mains une lettre ouverte trouée, tombant en fixant le ciel bleu. Il regarde le ciel bleu, se livrant aux souvenirs de sa maison paternelle. Et le vieux peuplier, sous lequel sa mère attend la lettre. Le coucher de soleil approche. La vallée connaît un silence innocent. Une génération gravement blessée des régions montagneuses arméniennes attend la mort, chantant la chanson des terres arméniennes. Seulement si je pouvais m’envoler vers la maison, où ma mère est éveillée ».
Paroles du chant Les déracinés :
« Mon cœur est comme une maison en ruine, et des piliers brisés jetés comme en dessous. Les oiseaux sauvages nicheront dans nos ruines. Laissez-moi me jeter à l’eau et être la nourriture des petits poissons. Les vagues blanches déferlent sur la mer noire autour de nous et ne se mélangent pas. Dans cet état mélancolique et désorienté, que peut faire mon cœur obscurci ? »
References
↑1 | compositeur, ethnomusicologue et prêtre arménien |
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